Re: ENFIN !...

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Sujet : Re: ENFIN !...
De : b.suisseVotreculotte (at) *nospam* gmail.com (Paul & Mick Victor)
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Date : 04. Sep 2023, 22:44:55
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Le 04/09/2023, Ad Musicam a supposé :
>
Envoyé depuis mon mobile
Voilà un mobile très généreux, puisqu'il n'hésite pas à nous offrir trois fois cette brillante contribution. C'est pour rire.
Blagapart, en préambule, il me semble qu'après sa brillante démonstration, oncle Jean aurait dû faire sentir au bambin que toute les vibrations de l'air audibles par l'oreille ne sont pas de la même nature. Je lis sur Wiktionnaire, à l'article "son" : "Quelque chose que l’on peut écouter ou entendre". Exemple : "J’éduquais mon oreille à traduire des multitudes de sons infimes, petits trots de souris et grincements de bois, […]." Et plus loin : "synonyme : bruit". C'est là matière à confusion. Il faut mettre des noms précis sur les choses afin que les personnes avec qui l'on communique, lorsqu'on leur parle de "chaise", évoquent un plateau destiné à recevoir des popotins, muni de quatre pieds et d'un dossier, et qu'ils gomment mentalement le dossier si on leur parle de "tabouret". On ne devrait pas appeler du même nom le "la" du piano et le sac de noix qui dégringole dans l'escalier, parce qu'ils ne sont pas de même nature. On devrait dire du premier, par exemple, qu'il est un "son", et du second qu'il est un "bruit". Le bambin ne comprendra évidemment pas l'explication physique de cette distinction, à moins peut-être qu'on lui montre sur un oscilloscope que le premier est une fréquence "périodique", qui se répète un certain nombre de fois à l'identique, le second est une fréquence "non périodique", qui évolue de façon hasardeuse et anarchique. On pourra même lui montrer la différence entre le son du diapason à branches, qui ne produit quasiment pas d'harmoniques, fréquence périodique sinusoïdale, et le son de la cloche, qui en produit énormément, fréquence périodique non sinusoïdale. Au-delà de l'explication physique, il y a un moyen très simple de faire sentir cette différence essentielle au bambin : c'est en posant la question : Peux-tu le chanter ? Peux-tu chanter le "la" du piano ? Oui, tu peux. C'est un son. Cela "sonne". Peux-tu chanter le sac de noix tombant dans l'escalier ? Non, tu ne peux pas. C'est un bruit. Tu peux simplement essayer de l'imiter. Peux-tu chanter les premières mesures de la Symphonie pastorale ? Oui, tu peux. Ce sont des sons. Peux-tu chanter les voitures qui passent dans la rue ? Non, tu ne peux pas. Ce sont des bruits. Le son est la matière même de la musique. Et on en restera là. Le gamin aura tout le temps d'apprendre par la suite que certains compositeurs ont essayé d'organiser des bruits pour en faire de la musique. Mais au moins, s'il entend le Voile d'Orphée de Pierre Henry, sera-t-il en mesure d'identifier ce qui relève du bruit et ce qui relève du son.
Mais ceci n'était qu'une observation, qui ne répondait pas à la problématique énoncée par Ad Musicam, laquelle, si j'ai bien compris, pourrait ainsi se résumer : "Votre expérience nous montre bien que dans "la réalité" aucun son "n'existe". Le son de violon que j'entends au concert, dans la salle, dans la réalité objective n'existe pas, ni le son de voiture qui vient de passer dans la rue, ni même le son de votre voix ou le mien. Déjà l'oncle Jean m'avait fait déduire que la seule chose qui existe concrètement dans le monde qui nous entoure ce sont des courants d'air. Juste des modifications de rapidité de mouvements de l'air. Appeler les mouvements de l'air le "son", n'est-ce pas un abus de langage ?"
On pourrait, pour rire, se demander pourquoi des gens payent parfois fort cher des places de concert pour écouter des sons qui n'existent pas dans la réalité objective. Boutade qui me rappellent celle que nous faisions, potaches, lorsque notre professeur nous expliquait le paradoxe de Zénon d'Élée, raisonnement par lequel le palamède prouvait par A + B que le mouvement n'existait pas et qu'une flèche tirée vers un but n'atteindrait jamais ce but, et même resterait immobile. Y'a qu'à lui mettre un coup de poing dans la gueule, disions-nous, - sots que nous étions -, il verra bien si ça n'arrivera jamais au but ! Ah, jeunesse ! Je ne m'en tirerai évidemment pas comme ça, et la réflexion d'Ad Musicam est effectivement à prendre en considération. Tautologie irréfutable, une vibration est une vibration, et rien de plus. On peut la mettre en évidence, on ne peut nier sa réalité, mais ce n'est pas un son. C'est une vibration. Point. Dans en endroit désert, un fruit mûr qui tombe sur le sol produit des vibrations. Si aucune oreille humaine n'est là pour les capter, ce ne sont que des vibrations. Pour qu'on puisse appeler ces vibrations des "sons" (ou des "bruits"), il faut évidemment que des oreilles les perçoivent (c'est-à-dire qu'elles soient dans le spectre audible par l'oreille, 20 à 20.000 Hz pour les humains, ou dans d'autres spectres pour d'autres espèces animales), il faut que ces vibrations agitent le tympan, soient transmises par les osselets, traitées par la cochlée qui les transforment en influx nerveux, en impulsions électriques qui seront traitées à leur tour par le cerveau. Ce processus (assez complexe tout de même) est parfaitement connu, on en trouvera de nombreuses explications et de nombreux schémas sur le Net. Par quel processus, ensuite, le cerveau convertit-il ces influx nerveux en sensations ? Je ne sais pas si l'on a une réponse scientifique claire à ce sujet. À l'heure où l'on a exploré toute la terre, où l'on a mesuré l'univers, qui commence à nous être bien connu, les explorateurs du futur seront peut-être ceux du cerveau, qui semble receler encore de profonds mystères.
On ne peut donc parler de "son" que pour des vibrations passées par le processeur du cerveau et traduites en sensations physiques. Ceci est vrai pour tout. Un mur blanc ou bleu dans une pièce déserte n'est ni blanc, ni bleu. Tout ce qu'on pourrait dire, en nous appuyant sur l'expérimentation, c'est qu'il vibre à une certaine fréquence. Ce n'est que lorsque des yeux le verront et que le cerveau l'interprètera, qu'il deviendra blanc ou bleu. Mes meringues de l'autre jour (elles étaient très réussies, croquantes et fondantes à souhait), tant qu'elles restaient sur l'assiette, n'étaient ni sucrées, ni salées, ni acides, ni amères, ni même comestibles. Ce n'est qu'après les avoir mises dans ma bouches que je pouvais dire qu'elles étaient sucrées (un peu trop, peut-être, pour mon diabète).
Ad musicam nous pose également une de ces questions philosophiques qui donnent le vertige : "Savons-nous seulement si le son que crée notre cerveau lorsqu'il perçoit les mouvements vibratoires de l'air provoqués par une corde de piano est identique d'un être à l'autre ?"
Qu'est-ce qui me dit, en effet, que l'autre voit, entend la même chose que moi ? Qu'est-ce qui me dit que ce que j'appelle "bleu" n'est pas perçu par lui comme ce que, moi, j'appelle "rouge" ? Rien, en vérité. Mais j'ai envie de dire que c'est un faux problème. Un jour de grand beau temps, nous serons tous d'accord pour dire que le ciel est bleu. Peut-être ce que je vois et que j'appelle "bleu" est-t-il ce qu'un autre voit de la couleur que moi, j'appelle "vert", mais nous appellerons tous du même nom (sauf pathologie de la vision) les longueurs d'ondes comprises entre 410 et 480 nanomètres. Et c'est finalement la seule chose qui importe pour se comprendre et vivre en harmonie.
J'invite à lire (ou à relire) le livre du grand philosophe Ludwig Wittgenstein : "De la certitude" (Gallimard, collection Tel). J'en extrais ces deux passages :
"Comment un homme juge-t-il quelle est sa main droite et quelle est sa main gauche ? Comment sais-je que mon jugement coïncidera avec celui d'autrui ? Comment sais-je que cette couleur est du bleu? Si dans ces cas je ne me fais pas confiance, pourquoi irais-je faire confiance au jugement d'autrui ? Y a-t-il un pourquoi ? Ne dois-je pas commencer quelque part à faire confiance ? C'est-à-dire : il faut que quelque part je commence à ne pas douter ; et ce n'est pas là, pour ainsi dire, une procédure trop précipitée mais excusable ; non, cela est inhérent à l'acte de juger."
"Maître et élève. L'élève ne s’ouvre à aucune explication car il interrompt continuellement le maître en exprimant des doutes, par exemple quant à l’existence des choses, la signification des mots, etc. Le maître dit : « Ne m’interromps plus et fais ce que je te dis ; tes doutes, pour le moment, n’ont pas de sens du tout. »
Imagine encore que l’élève mette en doute l’histoire (et tout ce qui y est lié), qu’il aille même douter si la terre a existé il y a cent ans.
Un tel doute, pour moi, est comme creux. Mais la croyance en l’histoire ne l’est-elle pas non plus ? Non ; il y a tant de choses qui vont de pair avec cette croyance !
Alors c’est là ce qui nous fait croire une proposition ? C’est que la grammaire de « croire » va de pair avec celle de la proposition que l’on croit.
Imagine que l’élève ait demandé pour de bon : « Et la table, est-elle encore là lorsque je me détourne ; y est-elle encore lorsque personne n'est là pour la voir ? Attend-on alors du maître qu’il le tranquillise et qu’il lui dise : « Bien sûr elle y est encore. »
Peut-être le maître s’impatientera-t-il un peu, en se disant toutefois que l’élève se déshabituera bientôt de telles questions.
C’est-à-dire : le maître aura le sentiment que ce n’est pas vraiment une question légitime.
Et ce serait la même chose si l’élève mettait en doute que la nature obéisse à des lois, donc contestait la légitimité des raisonnements inductifs. — Le maître aurait le sentiment que le seul effet de ce doute, c’est de les bloquer, lui et l’élève, et que de la sorte ce dernier ne pourrait que s’arrêter et non aller plus loin dans son apprentissage. — Et il aurait raison. Ce serait comme pour quelqu’un qui cherche un objet dans une pièce : il ouvre un tiroir et ne l’y voit pas ; alors il le referme, attend, puis l’ouvre de nouveau pour voir si peut-être cet objet n'y est pas maintenant — et il continue de la sorte. C’est qu'il n’a pas encore appris à chercher. L'élève lui non plus n'a pas encore appris à poser des questions. Il n’a pas appris le jeu que nous voulons lui enseigner."
--
Paul & Mick Victor
Vu que les meringues étaient très réussies, je vais essayer de faire une pavlova aux mangues. Ce n'est plus tout à fait la saison ici, mais on en trouve tout de même dans les supermarchés.

Date Sujet#  Auteur
1 Sep 23 * ENFIN !...24MELMOTH
1 Sep 23 +* Re: ENFIN !...21Marcel grouillard
1 Sep 23 i+* Re: ENFIN !...17Paul & Mick Victor
2 Sep 23 ii`* Re: ENFIN !...16Ad Musicam
2 Sep 23 ii `* Re: ENFIN !...15MELMOTH
2 Sep 23 ii  +- Re: ENFIN !...1Julien Duconlajoie
2 Sep 23 ii  +- Re: ENFIN !...1Ad Musicam
3 Sep 23 ii  `* Re: ENFIN !...12Paul & Mick Victor
3 Sep 23 ii   +- Re: ENFIN !...1Olivier Miakinen
3 Sep 23 ii   +* Re: ENFIN !...3MELMOTH
3 Sep 23 ii   i+- Re: ENFIN !...1Olivier Miakinen
3 Sep 23 ii   i`- Re: ENFIN !...1Julien Duconlajoie
4 Sep 23 ii   `* Re: ENFIN !...7Ad Musicam
4 Sep 23 ii    +* Re: ENFIN !...2Julien Duconlajoie
5 Sep 23 ii    i`- Re: ENFIN !...1Ad Musicam
4 Sep 23 ii    `* Re: ENFIN !...4Paul & Mick Victor
8 Sep 23 ii     `* Re: ENFIN !...3Paul-Olivier Margail
8 Sep 23 ii      `* Re: ENFIN !...2Paul & Mick Victor
10 Sep 23 ii       `- Re: ENFIN !...1Paul-Olivier Margail
1 Sep 23 i`* Re: ENFIN !...3Julien Duconlajoie
1 Sep 23 i `* Re: ENFIN !...2Marcel grouillard
3 Sep 23 i  `- Re: ENFIN !...1Julien Duconlajoie
1 Sep 23 `* Re: ENFIN !...2Ad Musicam
1 Sep 23  `- Re: ENFIN !...1Julien Duconlajoie

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