Une succession d'années de sécheresse fait craindre une évolution inquiétante.

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Sujet : Une succession d'années de sécheresse fait craindre une évolution inquiétante.
De : paul.aubrin (at) *nospam* invalid.org (PaulAubrin)
Groupes : fr.soc.environnement
Date : 19. Aug 2022, 14:25:43
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La sécheresse des années 1942-49 en France
  Depuis quelques dizaines d'années, jusqu'à 1941, la crainte des sécheresses, peut-on dire, n'a point obsédé les populations de l'Europe occidentale. Certes, on a bien constaté en certaines années ou en certaines saisons des indigences pluviales remarquables, par exemple en 1906, 1911, 1923, 1925, 1929, 1933, 1938 et surtout en 1921. Cette année a même été considérée comme ayant établi pour beaucoup de régions européennes jusqu'en, Russie г inclusivement un record difficile à battre en matière de parcimonie pluvieuse. Mais il s'agissait de phénomènes peu prolongés, et qui cessaient au bout d'un an ou tout au plus de deux ans *. Il semble encore que ces événements n'aient en général point eu pour conséquence de catastrophes agricoles, si l'on excepte la famine meurtrière qui affligea l'U.R.S.S. , en 1921. En outre, les besoins d'électricité en Europe étaient bien moindres que depuis le début de la seconde guerre mondiale, en partie à cause de la crise économique 4ont notre continent' a souffert à partir de 1930 ou de 1931 et qui ne s'est atténuée franchement qu'après 1935.
Aussi la faible hydraulicité 3 des années oir des saisons indiquées plus haut n'a-t-elle point produit, sauf sur le moment, d'alarmes sérieuses.
01 L'extension de cette pénurie à la majeure partie de notre continent a été peut-être plus frappante que la gravité cependant désastreuse de l'indigence pluviale. Notons par contraste qu'en 1910, la surabondance pluvieuse observée en France n'a eu aucun pendant en Europe orientale. 2 Dans la France méditerranéenne et surtout en Italie, la sécheresse de 1921 s'est prolongée en 1922, tandis que cette dernière année procurait des chutes d'eau surabondantes dans toute la partie septentrionale de notre pays. s Nous appellerons, comme le fait A. Coutagne, « hydraulicité » le rapport des débits d'un temps donné avec les débits dits normaux (chiffres moyens d'une longue période pour le même temps) ; et nous emploierons le terme с pluviosité t avec une signification analogue.
  Il n'en a plus été de même depuis la fin de 1941 et surtout depuis le printemps de 1942. Car, d'une part l'occupation de la France par les Allemands et la réduction ou la suppression des achats à l'extérieur nous rendaient plus sensibles au manque d'aliments et d'électricité. Et d'autre part, on a vu se succéder, sans trêve durable et avec une inquiétude croissante, des années dont la sécheresse a été, ou semblait exceptionnelle. Et à vrai dire cette impression n'était pas fausse, car des pénuries graves aux saisons critiques ont eu lieu, ainsi qu'on le verra, même lors des années pour lesquelles les chiffres totaux ont avoi- siné,. égalé, ou dépassé la normale.
En conséquence, l'ensemble de la période 1942-49 a apporté à l'Europe Occidentale un gros déficit en productions vivrières, même si l'on ne considère l'écart négatif que par rapport aux quantités dont l'on aurait pu disposer malgré l'arrêt des importations, si les pluies avaient été normales. En particulier, dans des régions étendues, la récolte de foin, si indispensable à l'approvisionnement en viande et en lait, a été coup sur coup déficitaire de 1942 à 1945, continuité dont en général on ne se rappelle pas d'exemple. Et cette récolte a encore été bien faible en d'autres occasions.
Souvent aussi, les productions de légumes ont été lamentables. Et si pour les céréales on a plusieurs fois bénéficié de pluies presque inespérées, alors que tout semblait perdu, ce fut en 1945 et en 1947 le désastre, aggravé pour la dernière année par des gelées d'hiver d'une nocivité sans précédent4. Il n'est pas impossible que ces deux années aient été, au point de vue agricole, les plus désastreuses de notre histoire contemporaine depuis le début du xixe siècle 5. Il ne nous semble pas exagéré de dire que ces phénomènes climatiques répétés avec une insis- tancie inattendue ont au moins, autant contribué à nos malheurs alimentaires, durant cette époque terrible, que ne l'ont fait les prélèvements opérés par l'ennemi ou le blocus.

Date Sujet#  Auteur
10 May 24 o 

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