Judith curry : la crise climatique n'est plus ce qu'elle était

La "Science" à la base des politiques préconisées ces dernières années était basée sur des scénarios irréalistes. Cela a faussé l'évaluation des risques.
Déposition devant le Sénat des USA.
https://judithcurry.com/wp-content/uploads/2023/03/Curry-Testimony-Senate-Budget-2023-.pdf
(extraits traduits)
Les marchés de l'assurance sont influencés par notre perception du risque climatique. Qualifier le changement climatique de "crise" est en contradiction avec les jugements professionnels sur le risque climatique.
La "crise climatique" n'est plus ce qu'elle était. En 2013, dans le cinquième rapport d'évaluation du GIEC, le scénario d'émissions extrêmes RCP8.5 était considéré comme un scénario de maintien du statu quo. Il prévoyait un réchauffement de 4 à 5 degrés centigrades d'ici à 2100. Aujourd'hui, il est généralement admis que ce scénario extrême n'est pas plausible. La valeur du réchauffement de référence actuellement utilisée par la conférence des parties des Nations unies a été réduite de moitié et ramenée à 2,5 degrés d'ici à 2100. Cela représente une augmentation de 1,3 degré par rapport aux températures actuelles.
Il est difficile d'exagérer l'importance de la modification des attentes en matière d'événements météorologiques extrêmes qui est associée au rejet de ce scénario extrême. Le rejet de ce scénario extrême a rendu obsolète une grande partie de la littérature et des évaluations des impacts climatiques de la dernière décennie, qui se sont concentrées sur ce scénario.
Parmi les phénomènes météorologiques extrêmes, ce sont les ouragans qui touchent terre qui entraînent les pertes les plus importantes en termes de biens et de victimes.
Les récents rapports d'évaluation internationaux n'accordent qu'une faible confiance aux changements décelables dans l'enregistrement à long terme de l'activité des ouragans, au-delà de la variabilité naturelle.
La fiabilité du système de distribution d'électricité est un élément clé des pertes d'assurance liées aux phénomènes météorologiques extrêmes. Les coupures de courant prolongées contribuent à la perte de vies humaines. En cas de froid extrême, les pannes peuvent entraîner d'importants dégâts matériels dus à l'éclatement des canalisations d'eau. C'est ce qui s'est produit à la suite du froid extrême qui a frappé le Texas l'année dernière.
Les pires problèmes hivernaux sont associés à des systèmes de haute pression à l'échelle continentale, qui produisent des températures très froides et des vents faibles sur la majeure partie des États-Unis. Le manque de stockage de combustible sur place a contribué à la panne du Texas et aux récentes pannes d'électricité de Noël dans les régions desservies par la Tennessee Valley Authority.
Les risques à court terme sont liés à la transition rapide des systèmes de distribution d'électricité vers l'éolien et le solaire.  Nous pouvons réduire le risque de transition en diminuant l'urgence de la transition pour qu'elle soit proportionnelle à la lenteur du risque progressif lié aux émissions. Cela laisserait le temps d'intégrer des technologies plus récentes qui ne réduisent pas la fiabilité de l'énergie électrique.
Le changement climatique et les menaces qu'il fait peser offrent l'occasion d'élargir la pertinence du secteur de l'assurance en matière d'atténuation des risques climatiques. L'adaptation offre de nouvelles possibilités de souscrire des risques exposés au climat. Les compagnies d'assurance peuvent aider leurs clients à éviter de subir des dommages. Elles peuvent également collaborer avec le secteur public pour améliorer les normes de construction et les politiques d'aménagement du territoire.
La variabilité et le changement climatiques, avec les phénomènes météorologiques extrêmes qu'ils impliquent, doivent être considérés comme une situation difficile permanente.  Il faudra que les communautés et les entreprises continuent de s'adapter et que des mécanismes de partage et de transfert des risques financiers soient mis en place.
Je vous remercie de votre attention.
La perception par le secteur de l'assurance d'une augmentation future substantielle des dommages causés par les ouragans aux États-Unis est renforcée par trois rapports récents du secteur de l'assurance.  Ces rapports déduisent des dommages faussement élevés d'ici 2050, en utilisant un scénario d'émissions extrêmes peu plausible. Ils supposent également une augmentation substantielle du nombre d'ouragans majeurs, ce qui va à l'encontre des rapports d'évaluation récents. En outre, ces rapports négligent les principaux modes de variabilité naturelle pluridécennale. Ceux-ci ont eu une influence dominante sur les ouragans de l'Atlantique au cours de l'histoire.
Les projections invraisemblablement élevées d'ouragans atteignant les côtes américaines d'ici 2050 donnent lieu à des notions inappropriées d'assurabilité, à une tarification inappropriée des assurances et à des niveaux de confiance erronés de la part des investisseurs.
Nous n'avons pas seulement été trompés sur l'ampleur du réchauffement à attendre et sur ses conséquences. Nous avons également mal défini la nature du risque lié au changement climatique.
Nous avons confondu le risque progressif et lent lié au réchauffement avec le risque d'urgence associé à des phénomènes météorologiques extrêmes qui n'ont pas grand-chose à voir avec le réchauffement.  Cette confusion des risques est à l'origine de l'urgence déclarée des réductions d'émissions et de la transition rapide de nos systèmes énergétiques.