les raisons d’une météo d’été paradoxale

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Sujet : les raisons d’une météo d’été paradoxale
De : serpan06 (at) *nospam* free.fr (Canta Galet)
Groupes : fr.soc.environnement
Date : 03. Aug 2023, 13:06:55
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Canicule autour de la Méditerranée, Paris sous la pluie : les raisons d’une météo d’été paradoxale
Une partie de la France connaît depuis trois semaines un temps maussade, qui s’explique par le déplacement du jet-stream, sans remettre en question la réalité du dérèglement climatique.

« La France se situe à l’interface de la Méditerranée, frappée par un dôme de chaleur d’une ampleur exceptionnelle, et le nord de l’Europe, soumis à des conditions dépressionnaires, resitue François Gourand. La chaleur a probablement accentué le contraste, qui alimente le fameux jet-stream. »
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La planète brûle, mais la plupart des Français sont en petite laine. Tel est le paradoxe d’un été 2023 de tous les contrastes. Le mois de juillet est marqué, d’un côté, par des températures caniculaires sur le pourtour méditerranéen – ainsi que par des incendies spectaculaires en Sicile et en Grèce, amenant l’ONU à déclarer le début de « l’ère de l’ébullition mondiale » ; de l’autre, par un temps maussade, pluvieux, sur la moitié nord du pays.

Désarçonnant ? Oui, à entendre de nombreuses conversations dans la vie de tous les jours. Sur les réseaux sociaux, des sceptiques du changement climatique se sont même emparés du paradoxe pour ironiser sur ce que certains appellent une « canicule asymptomatique ». Pourtant, ce contraste ne contredit pas les connaissances scientifiques ni ne minimise la gravité de la situation.

Pourquoi les températures sont-elles si fraîches sur une partie de la France ?
En raison du courant-jet (jet-stream en anglais). Ce « tube de vent », comme le qualifie Météo-France, traverse le globe d’ouest en est dans les hautes atmosphères et apporte vents et précipitations. Il évolue habituellement en été au niveau de la Scandinavie, mais pas cette année. « Il est actuellement situé sur le nord de la France, ce qui explique cette fraîcheur », explique François Gourand, prévisionniste à Météo-France.

Résultat : le mercure a dégringolé au courant de la deuxième quinzaine de juillet, l’Hexagone se trouvant en large partie protégé par ce voile dépressionnaire. La situation française est toutefois singulière : au niveau mondial, il est au contraire attendu que le mois de juillet 2023 devienne le plus chaud jamais enregistré.

Pourquoi cette fraîcheur n’avait-elle pas été anticipée ?

Au mois de juin, les scientifiques s’inquiétaient d’un été caniculaire, en particulier en raison du phénomène El Niño. Ce puissant anticyclone, à l’origine de quelques-unes des années les plus chaudes, devait s’ajouter à l’accroissement continu des températures estivales. Cependant, les dynamiques de fond du climat, qui s’établissent sur le temps long, peuvent être brouillées par de nombreux phénomènes météorologiques de court terme, liés aux flux atmosphériques d’air et de vent – c’est ce qui distingue le climat et la météo.

Le déplacement du courant-jet n’était « pas vraiment anticipé », admet M. Gourand, et « fait partie de la variabilité de la météo ». Il est attendu qu’il remonte vers le nord de l’Europe à partir de la deuxième semaine d’août, entraînant un retour aux normales saisonnières sur l’ensemble de la France.


Le déplacement du courant-jet cet été est-il lié au dérèglement climatique ?

Il est trop tôt pour l’affirmer : pour cela, il faudrait de complexes études d’attribution, ainsi qu’une répétition du phénomène sur plusieurs étés. C’est tout le problème qui se pose actuellement pour l’étude du climat : faute de recul, il est difficile de faire le tri entre les phénomènes météorologiques conjoncturels et les phénomènes climatiques nouveaux.

L’idée que le courant-jet soit influencé par le dérèglement climatique n’est en tout cas pas à écarter, puisqu’il se déplace en fonction de l’évolution des contrastes de pression et de température. Une étude de l’université de Pennsylvanie a montré en 2022 que le bouleversement climatique provoquait une modification de ses comportements en accentuant sa propension à changer de latitude – ce que nous observons cet été.

« La France se situe à l’interface de la Méditerranée, frappée par un dôme de chaleur d’une ampleur exceptionnelle, et le nord de l’Europe, soumis à des conditions dépressionnaires, resitue François Gourand. La chaleur a probablement accentué le contraste, qui alimente le fameux jet-stream. »

Peut-on déjà parler d’été frais ?

Non. En premier lieu, si l’on s’écarte du nord de la France, les températures ont été (très) élevées dans le Sud. La Corse a connu en juillet sa seconde plus longue vague de chaleur depuis 1947, relève Météo-France. Par ailleurs, plusieurs niveaux inédits de températures élevées ont été enregistrés en Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans les Pyrénées-Atlantiques – ont été relevés 39,2 °C à Cannes le 19 juillet, et 40,4 °C à Serralongue. « Ce mois de juillet est tout de même le quinzième plus chaud depuis 1900 à l’échelle de la France », rappelle la climatologue Christine Berne dans Libération.

Juin s’était déjà classé deuxième mois le plus chaud sur la période 1900-2023, selon les relevés de Météo-France. Et si la France ne devrait pas connaître de vague de chaleur d’ici au 15 août, il est attendu que les températures remontent ensuite.

Les averses de juillet contredisent-elles les prévisions sur le réchauffement climatique ?

Non, bien au contraire. Dans tous les modèles prévisionnels, la pluie ne disparaît pas, mais tombe différemment, de manière plus espacée et plus intense. « Dans les régions comme la France, le montant total de précipitations va peu fluctuer, confirme la chercheuse du CNRS Julie Deshayes, mais c’est la concentration des précipitations dans une fenêtre de temps plus limitée qui change : ce qu’on avait sur un mois, on l’aura sur deux jours. Ça aussi, c’est une signature du changement climatique. »

C’est ainsi que la moitié nord de la France a subi de violents orages et des pluies diluviennes, par exemple dans le Doubs. « On s’imagine que dès qu’il n’y a plus de canicule il n’y a pas de réchauffement climatique, mais c’est une mauvaise association », déplore Mme Deshayes. Ce dernier s’accompagne en réalité d’un dérèglement plus général, qui prend la forme d’épisodes extrêmes, dans un sens (canicule, sécheresse) comme dans l’autre (vague de froid, tempêtes, pluies diluviennes). A Pékin, des pluies diluviennes se sont abattues en trois jours depuis la fin de juillet, provoquant des dizaines de morts et de disparitions.

Pourquoi les canicules dans le pourtour méditerranéen sont-elles remarquables ?

A l’inverse, l’Italie, la Grèce, la Turquie, la Tunisie et l’Algérie ont été confrontées, dans la deuxième partie du mois de juillet, à des températures extrêmes, avec des pointes à 48,2 °C à Jerzu (Sardaigne), 47,8 °C à Syracuse (Sicile), 48,7 °C à Alger, 49 °C à Tunis, et des incendies se sont déclarés en Croatie, au Portugal et en Bulgarie.

Certes, il est attendu qu’il fasse chaud en été dans cette région du monde, et isolément, des températures très élevées y ont déjà été enregistrées. Toutefois, « le fait qu’ils se produisent de plus en plus fréquemment, avec de plus en plus d’amplitude, est caractéristique du changement climatique », estime l’océanographe et climatologue Julie Deshayes, qui y voit « un aperçu du climat du futur », avec des vagues de chaleur de plus en plus intenses et fréquentes.

Lire le décryptage : L’inquiétant triple record climatique du 23 mai 2023 : températures de l’air et des océans au plus haut, surface de la banquise au plus bas

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Le dôme de chaleur qui a marqué le mois de juillet dans le pourtour méditerranéen a d’ailleurs pris les prévisionnistes de court. « Si l’on regarde la vague de chaleur en Europe du Sud, dont la durée et l’intensité s’annoncent comme exceptionnelles, on est devant un événement que l’on attendait plutôt autour de 2050 », expliquait récemment le climatologue Davide Faranda au Monde.

A quoi se fier pour se rendre compte du réchauffement climatique ?
Pas à la météo locale, car celle-ci est par définition changeante, et de nombreux phénomènes de court terme masquent les bouleversements de long terme. Un paramètre témoigne toutefois de manière incontestable du réchauffement climatique : les températures océaniques. En effet, les océans captent une grande partie de la chaleur atmosphérique ; et puisque, contrairement à l’air, ils sont moins exposés aux dynamiques atmosphériques contradictoires, ils conservent cette chaleur plus longtemps. « C’est un meilleur indicateur du réchauffement climatique », atteste Julie Deshayes. Or, à la fin de juillet, les températures de la mer Méditerranée et de l’Atlantique Nord ont atteint des niveaux record.

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/08/02/mediterranee-en-feu-paris-sous-la-pluie-les-raisons-d-une-meteo-d-ete-paradoxale_6184245_4355770.html

Date Sujet#  Auteur
3 Aug 23 o les raisons d’une météo d’été paradoxale1Canta Galet

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