Inquiétudes autour de la fonte record de la banquise antarctique

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Sujet : Inquiétudes autour de la fonte record de la banquise antarctique
De : serpan06 (at) *nospam* free.fr (Canta Galet)
Groupes : fr.soc.environnement
Date : 12. Oct 2023, 21:42:14
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La surface de la banquise relevée autour du pôle Sud à l’issue de l’hiver austral est la plus faible de l’histoire des relevés.

Ce sont des données venues des confins du monde. Peut-être aussi des signes précurseurs d’un changement d’ère. Le 10 septembre, à la fin de l’hiver austral, la banquise antarctique a atteint son maximum annuel. Ce jour-là, les satellites n’ont recensé que 16,96 millions de kilomètres carrés. Il s’agit de la surface la plus faible de l’histoire des relevés, quasiment deux millions en dessous de la moyenne 2011-2020. La suite d’une tendance.



En février, à la fin de l’été dans l’hémisphère Sud, la banquise autour du pôle Sud avait beaucoup fondu, atteignant son minimum historique, avec 1,792 million de kilomètres carrés. « Il est de plus en plus évident que le système de glace de mer de l’Antarctique est entré dans un nouveau régime, caractérisé par une influence beaucoup plus forte des eaux océaniques chaudes », a analysé l’institut américain National Snow and Ice Data Center dans une note datée du 4 octobre.

Une étude publiée jeudi 12 octobre dans la revue Science Advances est aussi alarmante. Grâce aux satellites, des chercheurs de l’université de Leeds ont scruté 162 plates-formes de glace qui entourent l’Antarctique. Continuité de la calotte glaciaire du continent, ces banquises sont des lieux névralgiques, agissant comme un bouchon entre les glaciers et la mer. Selon eux, 71 d’entre elles, notamment celles situées à l’ouest du continent (barrière de Getz, glacier de l’île du Pin), ont vu leur volume diminuer entre 1997 et 2021. La stabilité ou la croissance de celles situées à l’est n’a pas compensé cette perte, aboutissant à un rejet net de 7 500 milliards de tonnes d’eau de fonte dans les océans sur cette période. « Cette perte de masse est due à la fois à l’amincissement de la base et au retrait de l’extrémité de ces plateformes », peut-on lire dans l’étude.

L’énigme de l’Antarctique
Ces nouveaux indices sont-ils des signes de l’influence du réchauffement climatique d’origine humaine, ou le début d’un changement de cycle dans la variabilité naturelle ? Pendant de nombreuses années, l’Antarctique a été une énigme. Alors que l’Arctique se réchauffe deux à trois fois plus vite que le reste du monde et que la banquise du pôle Nord inquiète tous les scientifiques, la zone du pôle Sud semblait réagir différemment. La glace qui l’entoure n’a cessé de s’étendre jusqu’à un niveau très haut, en 2016. Comme si le train de grandes dépressions et de courants océaniques – le Southern Annular Mode – qui ceinture le continent blanc contribuait à isoler un peu plus ces terres extrêmes.

« Pendant longtemps, on n’observait pas concrètement les effets du réchauffement climatique, résume Mathieu Casado, paléoclimatologue au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, auteur d’une étude publiée le 7 septembre dans Nature Climate Change, qui confirme que le réchauffement du continent austral est 20 % à 50 % plus important que les prédictions. Mais l’on savait aussi, selon des données paléoclimatologiques, que la déglaciation des deux pôles ne se fait pas forcément en même temps, avec des grandes interrogations sur la distribution de l’énergie en provenance de l’équateur vers le nord et vers le sud du globe. »


L’année 2016 restera-t-elle dans l’histoire comme un moment charnière ? Les années suivantes, l’étendue de la glace de mer a été plutôt conforme ou un peu inférieure à la moyenne, jusqu’à de premiers records minimaux, en 2022. Mais les scientifiques préfèrent encore temporiser pour attribuer cette baisse, très brutale depuis quelques mois, au changement climatique. « Personne n’avait prévu un minimum aussi bas, c’est une situation extraordinaire au premier sens du terme, c’est-à-dire que l’on sort de la gamme habituelle, estime Hugues Goosse, climatologue à l’Université catholique de Louvain (Belgique), spécialiste dans le développement de modèles climatiques et dans l’influence entre l’eau de mer et la glace. Il faut continuer à rester très modestes sur l’attribution. Tous les modèles disent que l’on aura moins de glace, mais impossible de savoir à quel moment et dans quelle quantité. » « Est-ce que cela est dû à la variabilité naturelle multidécennale, ou est-on face à un changement de régime provoqué par l’homme ? C’est une question essentielle et la réponse n’est pas encore très claire », confirme Gaël Durand, glaciologue au CNRS et à l’Institut des géosciences de l’environnement (IGE).

Ce travail sur la causalité des événements est très complexe en Antarctique. D’abord à cause de la faiblesse des observations : seulement vingt-trois stations météorologiques sont installées sur le continent, la plupart à proximité des bases importantes construites à partir des années 1950. Et les premières données satellites fiables ne datent que de 1979. Ce manque de recul rend les modélisations plus imprécises. « Avec l’Antarctique, nous avons une profondeur temporelle très courte d’à peine quarante ans, précise M. Durand. Même si elles s’améliorent chaque année, les modélisations ne peuvent pas être précises, c’est un peu comme anticiper une tempête sur les côtes bretonnes alors qu’on aurait observé qu’une légère averse. »

Ce travail informatique doit en outre intégrer de nombreux facteurs : les températures atmosphériques, mais aussi celles de la mer, l’évolution des vents qui balayent les eaux de surface plus froides que certains courants de profondeur… « C’est un système infiniment complexe où il y a de multiples interactions et cela se joue sur une grande échelle de temps, insiste M. Goosse. Plus le temps s’écoule, plus les choses s’affinent. On a pu avoir une variabilité naturelle qui a gommé certains effets du réchauffement jusqu’en 2016, mais seulement sept ans se sont écoulés depuis cette date… »

https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/10/12/inquietudes-autour-de-la-fonte-record-de-la-banquise-antarctique_6194029_3244.html


Date Sujet#  Auteur
12 Oct 23 * Inquiétudes autour de la fonte record de la banquise antarctique3Canta Galet
13 Oct 23 `* Re: Inquiétudes autour de la fonte record de la banquise antarctique2Richard Hachel
13 Oct 23  `- Re: Inquiétudes autour de la fonte record de la banquise antarctique1PaulAubrin

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