Sujet : Re: Neutre ?
De : vpaereru-unmonitored (at) *nospam* yahoo.com.invalid (Hibou)
Groupes : fr.lettres.langue.francaiseDate : 09. Nov 2023, 08:53:01
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Le 08/11/2023 à 13:48, Anansi a écrit :
Le 04/11/2023 à 09:10, Hibou a écrit :
>
S'il y a eu des études, voyons les articles des scientifiques.
>
À première vue, l'idée qu'ajouter quelques 'e' sur les noms des métiers
peut change le sort des femmes semble assez ridicule. Est-ce vraiment
leur absence qui les a opprimées ?
C'est pourtant le cas.
Un article scientifique récent (29/09/23) à ce sujet :
<https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2023.1256779/full>
(c'est en anglais)
Merci.
"This article examines the efficiency of gender-fair forms, specifically gender-unmarked forms (neutralization strategy, e.g., 'l'enfant') and contracted double forms (re-feminization strategy, e.g., 'un·e enfant'), in reducing gender biases in language. Extensive empirical research has shown that gender-fair forms have the potential to promote more gender-balanced representations. However, the relative efficiency of these strategies remains a subject of debate in the scientific literature.
"In order to explore these questions, two experiments were conducted in French. We analyzed the response times and percent correct scores using a sentence evaluation paradigm, where the participants had to decide whether a second sentence starting with a gendered personal pronoun ('il' or 'elle') was a sensible continuation of the first sentence written in a gender-fair form. Experiment 1 confirmed that gender-unmarked forms are not fully effective in neutralizing the masculine bias. In Experiment 2, a comparison was made between gender-unmarked forms and contracted double forms, to assess their respective abilities to generate more balanced representations. The findings indicated that contracted double forms are more effective in promoting gender balance compared to gender-unmarked forms."
Ils ont donc trouvé que, sur ces mesures étroites, il y a bien une différence dans le cerveau quand on emploie la 'dotty writing', l'écriture à point médian, aussi - mais moindre - quand on emploie des termes épicènes.
Or, ce qu'ils étudient indirectement, me semble-t-il, est le biais préexistant qui se trouve dans l'esprit francophone, qui vient sans doute de plusieurs causes, et pas forcément de l'orthographe traditionnelle (même si elle manifeste ce biais).
Je fais remarquer que l'épreuve :
« Un père et son fils ont un grave accident de voiture. Le père meurt. Le fils est entre la vie et la mort. On l'amène aux urgences et le chirurgien qui le voit dit : "Je ne peux pas l'opérer car c'est mon fils." Comment cela se fait-il ? »
... est efficace comme piège aussi bien en anglais qu'en français, *malgré le fait que 'surgeon' est épicène en anglais*. Elle démasque un préjugé qui ne dépend pas de l'orthographe.
On n'a donc pas répondu à mes questions :
- Les femmes, sont-elles toujours désavantagées en France, en francophonie ?
- Si oui, quelles en sont les causes ?
- Quelle est la part de l'orthographe ?
- Quel effet [dans ce contexte plus large] aurait, par exemple, la féminisation des noms de métiers ?
Commentaire de cet article sur le site du CNRS (10/10/23)
<https://www.inshs.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/langage-inclusif-pour-le-cerveau-le-neutre-nest-pas-neutre>
(C'est en français)
Mon propre commentaire, de première main, se trouve ci-dessus.