Re: perluète esperluète perluette esperluette

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Sujet : Re: perluète esperluète perluette esperluette
De : vincent.belaiche (at) *nospam* gmail.com (Vincent Belaïche)
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Date : 05. Nov 2021, 14:02:59
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Jacques L'helgoualc'h <lhh+news-no_spam@free.fr.isnt.invalid> writes:

Le 02-11-2021, Vincent Belaïche a écrit :
Les 4 orthographes sont admises, mais y en a-t-il une qui est
préférable ?
>
J'aurais tendance à préférer esperluette par analogie à la luette qu'on
a en haut du gosier.
>
... donc une espère-luette est une tentative de baiser profond.
>
Hette serait un prénom, éventuellement masculin, d'origine néerlandaise :
un biscuit qu'il espère LU, Hette.     OK, je sors.

Parfaitement, mais pour rebondir, ou plutôt approfondir, il nous faut
rappeler qu'en premier lieu l'origine est liée à la chasse de l'alouette
à l'épervier. Voici un lien https://books.openedition.org/pup/4286
l'on peut lire :

   Dans le Roman de la violette, la chasse à l’épervier est
   indissociable de la prise de l’alouette

Et donc on a l'équation :

    Espervier + alouette = esperlouette, cqfd.

Comment est-on passé de la chasse à l'alouette à l'esperluette, et bien
tout simplement par une autre technique de chasse, la chasse à
l'alouette au lacet, du fait de la ressemblance du glyphe & avec le
piège à volatile. Ça serait évident à tout un chacun si nous n'avions
pas dégénéré au point de ne voir les volailles que sous forme
d'escalopes ou de cuisses.

Oh, me direz-vous, que tout ceci est fumeux, et bien cruel, mais la
langue française s'est formée à une époque où ces espèces n'étaient pas
en danger, et sans être chasseurs la pression que nous exerçons sur
l'environnement par le seul usage d'un ordinateur connecté à internet,
système derrière lequel se cachent une activité extractive et une
consommation d'énergie tout à fait considérables, est d'un tout autre
ordre de grandeur que celle que les chasseurs du Moyen-âge faisaient
peser sur leur biotope :

    Ô lecteur, débranche tout, et va te coucher !

D'autre part la nature, les oiseaux, le ciel, etc… sont des sources
d'inspiration littéraire, c'est bien connu, Michel Delpech en son temps
en a fait un succès. Ils nous rappellent la fugacité de notre condition
et la petitesse de notre logis. « Ne vend-on pas deux passereaux pour un
sou ?  Cependant, il n'en tombe pas un à terre sans la volonté de votre
Père. (Mt 10.29) ». Et Hector Bianciotti écrivait — il me semblait que
c'était justement dans _Comme la trace de l'oiseau dans l'air_, mais une
petite recherche sur la Toile m'indiqua impitoyablement la défaillance
de ma mémoire, car c'est dans _Le pas si lent de l'amour_ — il écrivait,
donc, se remémorant son passage de la langue espagnole à la française
que le mot « pájaro » (oiseau en espagnol) avec l'accent tonique sur la
première syllabe, évoque le passage comme un trait dans l'air d'un
passereau, alors que le mot « oiseau », par la symétrie du s prononcé ze
entouré de deux voyelles, évoque le petit animal haletant blotti entre
ses deux ailes (je cite tout ça de mémoire, achetez le bouquin, c'est de
la bonne came).

Il me vint alors à l'esprit que la pensée de Bianciotti pouvait se
généraliser, птица (ptitsa) en russe, évoque un piaillement d'oiseau, 鳥
(tori) en japonais aussi une sorte de stridulation : et donc trrii trrii
font les oiseaux japonais. Je ne sais pas comment on dit oiseau en
volapük, mais je suis sûr que cela confirmerait cette théorie,
théorriie, trrii, tori、 鳥 …

Mais le mot « oiseau » du français a certes cette part charmante de
juvénilité et même de féminité qui évoque les sirènes antiques qu'Ulysse
jadis ouït ligoté au mât de son navire bien phalliquement tendu vers les
cieux. Ne le retrouve-t-on pas justement dans « demoiselle », et en
anglais ne dit-on pas « bird » en parlant d'une conquête féminine :
c'est là que j'en viens, la goujaterie qui consiste à considérer la cour
faite à une dame comme une chasse faite à un oiseau qu'il s'agit
d'attraper au lacet d'une esperluette et de mettre en cage. Alouette,
gentille alouette, je te plumerai… etc, il y a dans tout cela un sens
caché, une femme qu'on dépouille de ses atours et dont on prend
possession.

C'est de là, comme Jacques l'a si bien évoqué qu'esperluette en est
venu, de la chasse à l'alouette, à évoquer un baiser profond,
l'espère-luette donc, ou se faire faire une petite esperluette par une
experte poulette, etc…  dégénérescence ultime du terme sur laquelle nous
passerons bien vite sans un regard en arrière, ni pour se changer en
statue de sel, mais ne garder que le sens présent : &.

  V.

--

Date Sujet#  Auteur
2 Nov 21 * perluète esperluète perluette esperluette7Vincent Belaïche
2 Nov 21 +* Re: perluète esperluète perluette esperluette2Jacques L'helgoualc'h
5 Nov 21 i`- Re: perluète esperluète perluette esperluette1Vincent Belaïche
3 Nov 21 +- Re: perluète esperluète perluette esperluette1Jean-Côme Charpentier
4 Nov 21 +- Re: perluète esperluète perluette esperluette1Alain Delmotte
4 Nov 21 `* Re: perluète esperluète perluette esperluette2Jean-Yves Baudais
4 Nov 21  `- Re: perluète esperluète perluette esperluette1Jean-Yves Baudais

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