"L’incidence des lésions myocardiques est de 2,8 % soit 800 fois supérieure à l’incidence habituelle des myocardites. "
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Incidence non négligeable des
myocardites après 3ème dose de vaccin à
ARN messager anti-COVID 19
D'après la présentation de Christian Eugen Mueller (Basel, Switzerland) : "Myocardial
Inflammation/Myocarditis After COVID-19 mRNA Booster Vaccination"
Auteur :
Guillaume Le Pessec
Membre du Collège des Cardiologues en Formation,
Rouen
Relecteur :
Théo Pezel
Membre du Collège des Cardiologues en Formation,
Paris
Sous la supervision de :
Albert Hagège
Président du Comité Éditorial de Cardio-online
Nancy
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L'essentiel
Il n’existait avant cette étude aucune donnée prospective sur les lésions
myocardiques post vaccinales lors de la vaccination par un vaccin à ARNm.
Seules les myocardites les plus graves hospitalisées ont été rapportées,
touchant majoritairement les hommes de moins de 18 ans.
L’incidence réelle des lésions myocardiques post-vaccinales sont de 2.8 %
vs 0.0035 % de myocardites sur les études rétrospectives
Les lésions myocardiques touchent plus les femmes contrairement à ce qui
est décrit dans les études précédentes.
La possibilité de doses répétées de vaccin afin de maintenir la couverture
vaccinale efficace doit mener à une grande prudence concernant de
possibles lésions myocardiques à répétition et leurs impacts sur
d’éventuelles complications cardio-vasculaires.
Introduction
Nous savons qu’il existe des effets secondaires potentiellement graves au vaccin ARNm
contre le COVID 19 tels que des myocardites.
Dans les données rétrospectives la principale complication cardiaque est la myocardite,
qui reste rare avec une incidence de 0.0035 % et touche principalement les hommes
jeunes de moins de 18 ans.
Néanmoins il existe un biais de sélection car seuls les cas graves, nécessitant une
hospitalisation sont reportés.
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L’incidence réelle des lésions myocardiques serait donc probablement beaucoup plus
élevée dans la population générale. De plus, du fait de la nécessité de doses répétées et
du grand nombre de personnes à vacciner, même rare cette complication n’est pas
anecdotique.
Cette étude avait pour but d’évaluer l’incidence réelle des lésions myocardiques lors des
vaccinations par un vaccin ARNm dans le COVID 19 de manière prospective et d’évaluer
d’éventuelles mesures de prévention et de protection à appliquer chez les patients
présentant ces lésions myocardiques asymptomatiques.
Méthodologie et résultats
Cette étude était prospective monocentrique avec un bras contrôle. La population
étudiée était composée d’employés du CHU de Basel en Suisse, ayant reçu une dose de
vaccin ARNm Pfizer-BioNTech ou Moderna.
Le critère de jugement principal était la survenue d’une lésion myocardique, définie
par une élévation de la troponinémie au-dessus de la norme, dosée à J3 post
vaccination.
En cas d’élévation, un nouveau dosage était réalisé à J4 avec possibilité de réaliser de
plus amples explorations cardiologiques. De plus, les patients présentant des lésions
myocardiques étaient contre-indiqués à l’effort, et ce jusqu’à la décroissance de la
troponinémie. Dans tous les cas le suivi était poursuivi jusqu’à J30.
Les critères de jugement secondaires étaient la comparaison de la population totale
avec des patients ayant été admis pour douleur thoracique sans qu’aucune cause
cardiaque ne soit retrouvée. L’appareillement était réalisé sur l’âge, le sexe et les
antécédents de coronaropathie et de maladie athéromateuse périphérique.
Le second critère de jugement secondaire était la survenue de MACE à 30 jours (mort
d’origine cardiovasculaire, hospitalisation pour insuffisance cardiaque, arythmie
ventriculaire et infarctus du myocarde).
Au total, 835 patients ont été inclus, dont 777 ayant bénéficié du dosage de troponinémie
à J3, parmi ces patients 40 avait une troponinémie augmentée. Chez 18 d’entre eux il a
été identifié d’autres causes que le vaccin pouvant expliquer l’élévation de troponinémie,
et chez les 22 restants aucune autre cause que le vaccin était mis en cause. La
population étudiée était majoritairement composée de femmes (69 %), la moyenne d’âge
était de 37 ans et les patients recevaient très majoritairement leur 3ème dose 92 %. Moins
de 2 % d’entre eux avaient des antécédents cardiovasculaires.
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Les résultats de l’étude retrouvent que 2,8 % de la population vaccinée présentait
des lésions myocardiques, 3,7 % chez les femmes et 0,8 % chez les hommes
(Figure 1).
Figure 1.
Cela est une surprise à la vue de la population décrite dans les myocardites
hospitalisées. Lors de la comparaison de la population avec des lésions myocardiques
versus la population sans lésion myocardique, le seul facteur de risque retrouvé était le
sexe féminin (p=0.03).
La comparaison avec le groupe contrôle ne retrouvait pas de différence significative en
dehors des antécédents d’infarctus du myocarde et de maladie athéromateuse
périphérique.
De plus on peut noter, que la troponinémie dans la population vaccinée semble plus
élevée que dans le groupe contrôle sans que le test statistique n’ait été réalisé (Fig.2).
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Figure 2.
Conclusion
L’incidence des lésions myocardiques est de 2,8 % soit 800 fois supérieure à
l’incidence habituelle des myocardites. Elle survient majoritairement chez les femmes
contrairement aux myocardites virales habituelles.
Aucun MACE n’a été rapporté dans la population étudiée à 30 jours, néanmoins du fait
de la réalisation de doses répétées, il est intéressant de se demander si cela ne pourrait
pas entrainer des séquelles à long terme (insuffisance cardiaque, arythmie). Pour cela
un essai randomisé avec un suivi au long cours serait nécessaire.
Les limites évoquées sont la réalisation de la troponinémie à J3, avec une élévation peu
importante de la troponinémie, avec possiblement une sous-estimation de l’incidence
des lésions précoces à J1 potentiellement déjà normalisées à J3. De plus, devant la
faible atteinte myocardique celle-ci ne parait pas possible à détecter en IRM cardiaque.
Une autre limite serait l’absence d’inclusion de patient de moins de 18 ans dans la
population étudiée.