Sujet : Re: Quelles leçons peut-on tirer de la gestion de la pandémie de COVID-19 ?
De : paul.aubrin (at) *nospam* invalid.org (Paul Aubrin)
Groupes : fr.bio.medecineDate : 04. Jun 2025, 07:49:16
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Le 02/06/2025 à 18:47, Paul Aubrin a écrit :
4. Le rejet involontaire de perspectives scientifiques valables comme étant de la "désinformation".
Extrait traduit :
Problème 4 : Le rejet involontaire de perspectives scientifiques valables en tant que "fausses informations".
"Je préfère avoir des questions auxquelles on ne peut pas répondre, plutôt que des réponses qu'on ne peut pas remettre en question. - Anonyme (parfois attribué à Richard Feynman, 1918-1988).
L'un des thèmes récurrents du discours public sur le COVID-19 a été l'importance de "suivre la science" [11, 48, 164-166]. Cependant, tout au long de la pandémie, les chercheurs pouvaient avoir (et ont eu) des opinions scientifiques différentes sur de nombreux aspects de la science liée au COVID-19 et/ou à la gestion de la pandémie. En outre, ces opinions scientifiques particulières ont parfois changé à la lumière d'informations supplémentaires [25-27, 33, 41, 42, 48, 166, 232, 344-347].
Simultanément, le public a été inondé de récits souvent changeants sur ce que "la science dit" [11, 48, 102, 164, 166, 346]. Les personnes en désaccord avec l'un ou l'autre aspect de ces récits ont souvent été mises à l'écart, accusées de "promouvoir une désinformation dangereuse" ou d'être "anti-science", même s'il s'agissait de scientifiques ou de professionnels de la santé hautement qualifiés [24, 26, 96, 347].
Nous soutenons qu'en ne prenant en compte qu'un seul ensemble de récits scientifiques, les communautés médicales et scientifiques, ainsi que les décideurs politiques, ont été sérieusement entravés dans leur capacité à évaluer de manière critique la science tout au long de la pandémie.
Nous suggérons que ce rétrécissement de l'éventail des questions scientifiques pertinentes tolérées par (a) le public (b) les médias (c) les plateformes de médias sociaux (d) les "organisations de vérification des faits" (e) les responsables gouvernementaux (f) l'industrie pharmaceutique et (g) la communauté scientifique elle-même, a involontairement entravé la capacité des chercheurs à s'engager dans une enquête scientifique ouverte sur ces problèmes scientifiques complexes.
Rôle du public
Il est connu que lorsque les gens perçoivent certains comportements comme étant associés au risque de maladie ou de décès, leur évaluation de ce comportement devient (inconsciemment) moralisée [348, 349], peut-être même en contradiction avec une valeur sacrée [348, 350, 351]. Lorsque nous évaluons une question d'un point de vue moral ou même sacré, il peut être difficile de l'évaluer de manière impartiale, en se basant sur des éléments purement probants ou logiques. En outre, nos opinions morales sont souvent alignées sur notre idéologie politique [348, 349], ce qui signifie que des divisions politiques préexistantes peuvent aggraver les divisions sociétales sur ces questions [351, 352].
Dès le début de la pandémie, la couverture médiatique, les médias sociaux et les efforts du gouvernement ont effectivement propagé un sentiment croissant de peur et de panique parmi de nombreuses personnes concernant la gravité et les dangers du COVID-19 (161, 344, 353, 354). Par conséquent, de nombreuses personnes ont eu du mal à écouter les différents points de vue scientifiques sur les politiques relatives au COVID-19 de manière neutre et impartiale. Des enquêtes menées au milieu de l'année 2020 ont montré que les personnes craignant personnellement de contracter le COVID-19 étaient plus susceptibles d'évaluer les politiques relatives au COVID-19 d'un point de vue moral, voire de "valeurs sacrées" [351], et que cet effet était plus prononcé chez les participants de gauche [351].
Avant la pandémie, des inquiétudes avaient déjà été exprimées quant à la tendance des gens à s'auto-sélectionner dans des "chambres d'écho" où les gens recherchent des informations qui vont dans le sens de leurs opinions et évitent les points de vue divergents [355]. L'utilisation de termes chargés de valeurs tels que "théorie du complot" et "science" pour rejeter ou promouvoir sans esprit critique des points de vue particuliers semble avoir renforcé cette polarisation pendant la pandémie [356], et semble avoir encouragé certaines personnes à désigner d'autres "boucs émissaires" [352]. Dans le même temps, ceux qui avaient le sentiment que le fait d'exprimer leur opinion pouvait les exposer à la diffamation, à la moquerie ou au harcèlement ont pu s'autocensurer de plus en plus, ce qui a conduit à une "spirale du silence" [357].