Sujet : Re: Cinquantenaire
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Le samedi 9 juillet 2022 à 18:28:07 UTC+2, Francois LE COAT a écrit :
Ceci dit Nolan Bushnell ne connait pas vraiment cette théorie, mais son
nom "destruction créatrice", puisqu'il prononce Schopenhauer par erreur.
Oui, c'est souvent le cas de gens qui n'ont lu que le titre d'un article/bouquin/etc. sans comprendre ce dont ils parlaient.
Il faut comprendre qu'il parle du rôle de la firme Microsoft, dans la
disparition de ATARI.
Pas du tout. Nolan explique avec des symboles. Or le symbole du "géant" c'est Microsoft. Pas parce que c'est la plus grosse société de jeu vidéo (ce qu'elle n'est pas), mais parce que symboliquement Microsoft est partout.
Et c'est assez malin d'utiliser ce symbole parce qu'Atari est AUSSI un symbole. Celui du jeu vidéo.
Donc non Nolan ne parle pas un seul instant du rôle de la firme Microsoft dans la disparition d'Atari, mais évoque le possible retour d'Atari dans la cour des grands, grâce à la "destruction créatrice".
C'est le fond de son intervention, plutôt que la
discussion sur la validité d'une théorie économique très répandue ...
Ca n'est même pas une vraie théorie. C'est exactement le même gag que "la main invisible du marché". Ca exploite un constat (à l'époque) : Quand une petite société débarque avec une nouvelle technologie, elle pousse automatiquement à la benne les vieilles et grosse sociétés qui occupaient le terrain jusqu'alors.
D'où la destruction créatrice : Ce que créent les nouvelles sociétés finissent immanquablement par détruire les anciennes.
Cette théorie est non seulement stupide, et a donc été démontée par des économistes dans les années 70, mais elle impliquerait que le progrès n'est possible qu'en "tuant le père". Ce qui est la pire notion économique qui soit puisqu'elle induit que le progrès est naturellement nocif et ne peut s'envisager que compétitivement. Ce qui serait un gâchis en ressources (humaine et matérielle) démentiel.
Et quand on a commencé à comprendre qu'on vivait sur une planète aux ressources finies, on a envisagé que cette théorie ne tenait pas debout. Et si quelques charlatans s'en inspirent encore aujourd'hui c'est soit parce qu'ils ont mal compris la théorie (Nolan fait partie du lot : il imagine que les développements d'Atari sont potentiellement disruptifs et vont conduire le grand public à abandonner l'existant au profit de la VCS), soit parce qu'ils veulent faire croire à leurs potentiels acheteurs que leurs développements sont là pour remplacer l'existant.
Ca explique le succès phénoménal des amateurs d'énergie libre, de moteurs à eau, et autres conneries du même tonneau puisque le grand public ADORE ce genre d'histoire et a largement été façonné par la "destruction créatrice" si pratique dans un monde sans limite.
La réalité est bien plus triviale : La destruction c'est la destruction, rien de créatif là dedans. Certains progrès invalident les précédents, mais la plupart des progrès s'appuient au contraire sur l'existant. Sinon c'est pas du progrès (on PROGRESSE !), c'est de la pensée magique.