Sujet : Mots de patois
De : paul.aubrin (at) *nospam* invalid.org (Paul Aubrin)
Groupes : fr.lettres.langue.francaiseDate : 11. Apr 2025, 10:32:33
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https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1967_num_74_4_2430Extrait :
J'ai noté par exemple, à Saint-Martin, pour la dénomination du « tour du champ qu'on ne laboure pas », de la « chaintre », de la « cruère » : « keriëre /këryër/ » se dit « kervëre à la mode de Carentouaï /kàrâtwài/ ». — Pour ce mot je joindrai dès maintenant cette illustration phra- séologique : « C'est un avaricioux /àvàrisyu/, il ne laisse point de keriëre (car il laboure jusqu'au bord de la haie). »
Soit maintenant l'adjectif « teniërge » ou « tegnërge », que j'ai transcrit /tënërj/, au sens de « sombre, noir », en parlant du temps : « i fait-i teniërge ! = qu'il fait sombre ! » — Voici la glose : « mot bien connu à Saint-Martin, mais comme étant de Peillac ou de Saint-Grave ». Ce sont des communes limitrophes au sud ; — Carentoir est au nord.
La glose d'une appellation de tel « râteau (en bois) à longues dents », transcrite /pihern/ ou /pi-èrn/, est ceci : « mot connu à Saint-Martin, mais " non naturalisé " au sens technique », — car il se dit par métaphore d'une femme bavarde, méchante, sans ordre... : « vieille pihergne ! » ; de même d'ailleurs, on dira d'un « oisel /wézè/ qui s'épiouinse /s épiwês/ : oiseau qui crie », de « garçailles qui s'ébrésent /gàrsâi ki sébréz/ = enfants qui crient » :