Re: SENTIERS...

jr.newsmail@free.fr avait soumis l'idée :

Horowitz joue avec les mains presque complètement à plat.
J'ai remarqué que Martha Argerich fait de même alors
que d'autres jouent avec des mains beaucoup plus arrondies.

C'est effectivement contraire à tout ce qu'on apprend aux jeunes pianistes. La règle académique veut qu'on arrondisse les doigts (comme si tu tenais une pomme dans la main, dit-on souvent aux élèves). Les avantages de cette position sont évidents : faciliter le passage du pouce (va donc passer ton pouce sous le 3e ou le 4e en tenant les doigts plats) et former une voûte qui assure la solidité, la stabilité et la puissance de la main. On a beaucoup plus de force dans les doigts en les arrondissant qu'en les gardant allongés horizontalement, tous les constructeurs de ponts vous le diront. Ceci posé, l'œuvre a également son importance (et sans doute aussi la morphologie générale de la main, notamment sa largeur). Il serait tout à fait périlleux, voire impossible, de jouer une pièce de Mozart comportant des gammes, des arpèges brisés et des traits rapides en gardant les doigts plats, et Horowitz, qui n'était pas la moitié d'une nouille, l'avait bien compris. Qu'on regarde cette interprétation de la sonate K330 :
https://www.youtube.com/watch?v=Ds54uyHOT_I
Là, les doigts sont bien arrondis, parce qu'il serait impossible de les garder plats.
Il y a d'autres mystères chez les instrumentistes, et un qui m'a toujours étonné : la façon spectaculaire dont Dizzy Gillespie gonfle les joues pour jouer de la trompette. J'ai un peu joué de trompette, dans ma jeunesse (je vous raconterai peut-être un jour comment je me suis réveillé un matin avec une une trompette au pied de mon lit, sans me rappeler comment elle était venue là et qui l'avait apportée). J'arrivais à jouer à peu près correctement le thème de La Strada, disons, suffisamment bien pour que les gens indulgents le reconnaissent. Là s'arrêtèrent d'ailleurs mes exploits trompettistiques. Mais je l'ai expérimenté, il me paraît infiniment difficile, et pour moi, en tout cas, impossible, de jouer en gonflant les joues, parce qu'on n'a aucune force dans les lèvres.
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Paul & Mick Victor
Zampanò