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>Félicitations pour l'avoir remarqué ! C'est exact. Deux points seraient préférables, et tu touches là à un grand problème moral des moines copistes. Je viens de vérifier sur mon édition (il s'agit de l'édition 1957 Éditions du Seuil) et il y a effectivement un point et non deux points. Que doit faire le moine, dans un tel cas ? Présenter un document conforme en tous points à l'original, même s'il est fautif ? Le corriger ? S'il ne s'agit que d'un point, ce n'est pas de grande conséquence, mais s'il s'agit d'une phrase ? Comment savoir si la présumée faute provient d'une bévue de l'éditeur, ou d'une intention délibérée de l'auteur ? Pour rester dans le domaine de la musique, objet de ce forum, écoutons la 1ère ballade de Chopin. Après les 5 premières mesure de la brève introduction, où les deux mains jouent à l'octave, Chopin a posé deux accords : [mib sol do do], une note de passage [sol] et un second accord [ré sol mib sib]. C'est clairement indiqué, sans doute possible, sur le manuscrit. Mais voilà ! Qu'ont pensé les éditeurs de la première édition (1836) ? Que le deuxième accord était dissonant (ré-mib) et qu'il devait s'agir d'une erreur. Et, voulant bien faire, ils ont corrigé Chopin, les imbéciles, ils ont modifié ce deuxième accord, oh, pas grand-chose, une seule note, et pas de beaucoup, d'un petit demi-ton ; ils ont changé le mib en ré, et ont imprimé [ré sol ré sib], accord parfaitement consonant, certes … mais parfaitement plat. On retrouve cette correction intempestive pendant une cinquantaine d'années dans toutes les éditions postérieures, car toutes ont repris l'édition originale sans se poser de question. Il a fallu attendre que quelqu'un mette enfin son nez dans le manuscrit pour corriger l'erreur, ou plutôt pour corriger la correction et retrouver cette magnifique dissonance, que Chopin avait évidemment voulue. Aujourd'hui, plus personne, j'espère, ne jouerait un ré au lieu d'un mib, mais des générations de pianistes du XIXe siècle se sont fiés à une édition fautive et on trahi le compositeur. On voit les dégâts que peuvent causer des corrections, même faites dans les meilleures intentions…
Pour la forme, tu écris aussi :
"Monsieur Sarfatini partit en se confondant en remerciements. Quand mes
parents se retrouvèrent seuls avec le gros livre de Carmen, ma mère dit
tristement.
— Comme si on n'avait pas assez de travail comme ça !"
Après tristement, j'aurais ponctué de deux points. Comme quoi, tu peux
constater que quand on te lit, on le fait avec intérêts
complé(i)mentaires ;-)
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