Sujet : Re: Contrairement à une idée fausse très répandue par les milieux scientifiques...
De : paul.aubrin (at) *nospam* invalid.org (Paul Aubrin)
Groupes : fr.rec.photoDate : 24. Sep 2024, 11:25:11
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Le 24/09/2024 à 11:45, efji a écrit :
Le 24/09/2024 à 10:57, Paul Aubrin a écrit :
On ne saurait trop recommander le musée de la torture de Santillana del Mar à Efji pour y approfondir ses sources d'inspiration. On peut aussi visiter la maison d'un grand inquisiteur.
Ces gens là ont deux caractéristiques marquantes :
* Ils se croient supérieurs et méprisent tout le monde en les traitant de "moutons".
* Ils se voient persécutés en permanence par les dits moutons, alors qu'en fait tout le monde se fout de leurs "opinions".
Une intéressante réflexion du statisticien William Briggs sur l'argument d'autorité :
La forme "Nous savons maintenant..." de l'argument d'autorité est parfois valide et solide. Un journaliste peut écrire "Nous savons maintenant que le neutrino a une masse..." et citer un communiqué de presse publié par une université. Le journaliste aura raison, car dans ce cas (vous pouvez me croire) l'affirmation est vraie. Mais le "nous" est risible. Le problème n'est pas seulement que le journaliste lui-même se vante indirectement d'une expertise qu'il n'a pas et qu'il n'a pas gagnée, mais qu'il encourage le même comportement désinvolte chez son public. Et le public, dûment flatté, s'intègre au "nous". "Nous savons maintenant" est alors sur toutes les lèvres.
Pour de nombreuses propositions issues des sciences exactes, comme nous l'avons dit, c'est généralement inoffensif, car le "Nous savons maintenant..." ne sera pas fallacieux. Le problème est que la connaissance est bon marché et qu'elle est donc sujette à une interprétation erronée et à une extrapolation incorrecte. En effet, les propositions scientifiques complexes sont généralement très conditionnelles, remplies de prémisses techniques et d'autres présupposés, et celles-ci parviennent rarement au niveau populaire. Les gens partent à moitié armés, pour ainsi dire.
Les vrais scientifiques, dans leur domaine de compétence, tombent rarement dans le piège, ne croyant personne sur ce qu'ils peuvent prouver par eux-mêmes. C'est ainsi que les connaissances dans les domaines gérés par des techniciens rigoureux augmentent. Mais comme toutes les affirmations ne peuvent pas être vérifiées personnellement, il arrive que des erreurs se glissent dans les esprits.
Non, le vrai problème, comme d'habitude, vient des domaines qui exigent moins de leurs praticiens et encore moins de leur public. Il faudra un homme ayant une certaine formation mentale pour se donner la peine de chercher et de lire quoi que ce soit sur les neutrinos. Mais les affirmations sociologiques et autres sont à la portée de tous. En effet, il est difficile d'y échapper, comme à la (mauvaise) musique dans les restaurants.
Le problème commence au "sommet". Voici un exemple typique : l'article intitulé "Taking a Long View on What We Now Know about Social and Environmental Accountability and Reporting", publié dans l'Electronic Journal of Radical Organisation Theory. Cet article est rempli de propositions du type "Nous savons maintenant..." qui ne sont, au mieux, que sommairement étayées, et d'autres qui ne sont que des hypothèses farfelues. Les résultats de ce type d'articles sont présentés aux étudiants et au public, et ceux qui se réjouissent de la notion la plus vague de "durabilité" ajouteront sans esprit critique les propositions à la liste des choses "que nous savons maintenant..."
On ne peut pas vraiment blâmer les étudiants, du moins pas complètement. La faute en revient aux experts inexpérimentés, une classe nombreuse et croissante, une croissance stimulée par le gonflement de l'enseignement supérieur. Plus de personnes obtenant un "diplôme" signifie plus de professeurs, et comme les dons de l'intelligence sont variés, cela signifie une expansion nécessaire des "diplômes" qui requièrent moins d'efforts (de la part des deux parties). C'est dans ces domaines que l'on trouve principalement les "Nous savons maintenant...". Ce qui aggrave le problème, c'est que les étudiants qui portent ces "Nous savons maintenant..." ont l'impression que leurs convictions ont été certifiées par leurs diplômes.