Sujet : Re: Avis linguistique sur l'espéranto
De : om+news (at) *nospam* miakinen.net (Olivier Miakinen)
Groupes : fr.sci.linguistiqueDate : 17. Oct 2021, 22:30:38
Autres entêtes
Organisation : There's no cabale
Message-ID : <ski4lu$12u6$1@cabale.usenet-fr.net>
References : 1 2 3 4 5 6 7 8
User-Agent : Mozilla/5.0 (X11; Linux x86_64; rv:52.0) Gecko/20100101 Firefox/52.0 SeaMonkey/2.49.4
Le 17/10/2021 12:00, Stéphane CARPENTIER m'a répondu :
>
Pour ceux-là, en effet il peut y avoir une grammaire différente à
apprendre, en plus de la liste de mots qu'ils ne peuvent rattacher à
aucune langue connue. Ils n'ont donc pas cette facilité supplémentaire
qu'ont les occidentaux. Il n'empêche que la langue est quand même plus
simple que d'autres, surtout dans sa forme écrite.
Pour la forme écrite, c'est pareil, tu supposes quelqu'un qui maîtrise
déjà l'alphabet latin.
Non, je n'ai pas besoin de faire cette supposition.
Pour quelqu'un qui ne connaît pas l'alphabet latin et qui doit l'apprendre,
je prétends que l'espéranto reste quand même plus facile à apprendre que
n'importe quelle autre langue utilisant aussi l'alphabet latin, voire que
n'importe quelle langue utilisant un système d'écriture que ne connaissait
pas l'apprenant.
Il doit être possible d'écrire l'espéranto dans
d'autres systèmes d'écritures
En alphabet phonétique international, par exemple ? Parce qu'une autre
caractéristique de l'espéranto, contrairement au français et à l'anglais
qui sont les pires que je connaisse dans ce domaine, c'est qu'il y a
une correspondance presque un pour un entre les lettres et les sons.
(je ne parle pas du chinois qui est différent).
Notons l'existence du pinyin qui note les sons chinois en utilisant
l'alphabet latin (avec quelques choix malheureux, comme celui d'utiliser
la lettre b pour le son [p] et la lettre p pour le son [pʰ]).
Si le système d'écriture ne permet pas d'écrire précisément
le son, c'est un indice pour voir que la prononciation ne sera pas
forcément si simple à apprendre.
Là encore le peu de sons différents (cinq voyelles contre une quinzaine en
français et plus de vingt pour l'anglais d'après Wikipédia) le place parmi
les plus faciles à prononcer.
Certes il y a par exemple une distinction entre r et l difficile pour les
Japonais, mais les autres langues non-japonaises ne sont pas plus faciles
pour eux.
Je ne connais pas l'espéranto, je suis sûr que c'est une langue simple à
apprendre pour un occidental, et que c'est probablement la plus simple.
Je dis juste que je ne suis ps sûr que ce soit si simple pour un non
occidental.
Note que je n'ai pas prétendu qu'elle était simple dans l'absolu pour
tout le monde. Je prétends juste que même pour un non occidental elle
sera plus simple que les autres langues occidentales, et probablement
aussi que toutes les langues qui ne sont pas proches de celle de
l'apprenant.
[...]
mais oui, je pense que des exceptions
pourraient être créées, ne serait-ce que pour distinguer plus facilement
les formes trop proches dont je parlais (mi estas, li estas, ni estas,
par exemple).
C'est l'évolution naturelle des langues. Par exemple, en français, il y
a des exceptions qui commencent à venir. Il y a aussi des exceptions qui
viennent de la simplification de la prononciation comme tu le dis ou du
besoin d'appuyer un point. Mais il y aussi des exceptions qui arrivent
sans explication.
J'imagine parfaitement quel genre d'exception pourrait venir assez vite en
espéranto. Dans cette langue, de nombreux contraires se forment en préfixant
un mot par « mal ». Quelques exemples :
fermer = fermi, ouvrir = malfermi
chaud = varma, froid = malvarma
droite = dekstra, gauche = maldekstra
Du coup, j'imagine parfaitement que les locuteurs veuillent inventer des
synonymes plus courts, par exemple « ofni » au lieu de « malfermi » pour
« ouvrir ».
Inversement, comme je le disais précédemment, il pourrait y avoir création
de mots plus longs pour distinguer ceux qui sont trop proches phonétiquement
(mi / li / ni).
-- Olivier Miakinen