Sujet : Re: [RR]Le voyageur de Tau Ceti
De : talon (at) *nospam* niobe.lpthe.jussieu.fr (Michel Talon)
Groupes : fr.sci.physiqueDate : 21. Mar 2024, 16:45:49
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Le 20/03/2024 à 16:41, Python a écrit :
Il vous a été montré à plusieurs reprises qu'en Relativité Restreinte
cette situation ne se produit pas puisque l'une de ces égalités
dépend de dx = 0 et l'autre de dx' = 0 chose qui n'arrive que dans
les cas triviaux où dx = dt = 0 (i.e. les "deux" événements sont les
mêmes) ou encore quand v = 0 (i.e. les référentiels sont les mêmes)
Ce point est complètement explicité dans le livre de Resnick
http://www.if.ufrgs.br/~dahmen/ResnickRelativity.pdfau Chapitre 2 qui discute en long en large et en travers tous les points de vue
sur les principes de base de la relativité. Rappel, Resnick est un des auteurs du célèbre cours de physique de Halliday & Resnick.
C'est l'occasion de préciser un point qui m'avait paru douteux dans le post que j'ai fait au sujet de la contraction des longueurs, selon lequel
si R' se déplace à la vitesse v par rapport à R, alors R se déplace à la vitesse -v par
rapport à R'. A partir du moment où on se met à critiquer les notions d'espace et de temps on peut bien douter de ce point. Évidemment il s'agit de le prouver sans appliquer les transformations de Lorentz.
Après avoir séché quelque temps, je me suis documenté, et il apparaît que c'est un principe important appelé principe de réciprocité, et que l'on prend de façon explicite ou implicite (le plus souvent) comme principe fondateur pour la relativité. Ce n'est que relativement récemment que Berzi et Gorini l'ont démontré à partir de principes plus généraux de la relativité, et ce n'est pas du tout trivial.
V.Berzi V.Gorini Journal Math. Phys 10,8 (1969) pp1518-1524
Cet article peut être trouvé ici:
https://physics.stackexchange.com/questions/219390/why-is-the-relative-speed-between-two-inertial-frames-the-same-for-observers-incliquer sur le lien Berzi & Gorini
La preuve repose uniquement sur les 3 principes suivants:
- principe de relativité
- homogénéité de l'espace temps
- isotropie de l'espace
plus des propriétés de continuité, et passe par la démonstration des formules de Lorentz, sans utiliser la réciprocité.
Donc, il y a plein de questions intéressantes sur ce sujet, mais il ne faut évidemment pas attendre de gens qui ne veulent pas se donner la peine de faire le moindre effort pour lire et comprendre la littérature qu'ils apportent quelque lumière que ce soit dans son étude.
Finalement je vais citer Resnick au sujet du caractère "réél" ou "apparent" de la contraction des longueurs. Traduction de ma part.
(C) La "réalité" de la contraction des longueurs. La contraction des longueurs est-elle "réelle" ou apparente. On pourrait répondre en posant une question similaire Est-ce que le déplacement de fréquence ou de longueur d'onde dans l'effet Doppler est réel ou apparent? Certainement la fréquence propre (c'est à dire la fréquence au repos) de la source est mesurée à la même valeur par tous les observateurs qui amènent la source au repos avant de prendre la mesure. De même la longueur propre est invariante. Quand la source et l'observateur sont en mouvement relatif, l'observateur mesure pour sûr un déplacement de fréquence. De même la règle en mouvement est certainement mesurée contractée. Les effets sont réels dans le même sens que les mesures sont réelles. Nous ne disons pas que la fréquence propre a changé à cause du déplacement mesuré. Les effets sont apparents (i.e. causés par le mouvement) dans ce sens que les quantités propres n'ont pas changé. Nous ne parlons pas de théories de la matière qui expliqueraient la contraction, nous invoquons le processus de mesure lui même.
.......
Donc la contraction des longueurs est due à la relativité de la simultanéité.
Puisque les mesures de longueur supposent la comparaison de deux longueurs (règle de mesure et règle en mouvement) nous voyons la contraction Lorentzienne des longueurs n'est réellement pas une propriété d'une seule règle en elle-même, mais une propriété de deux règles en mouvement relatif. La relation est à la fois observable et réciproque.
J'ajouterai à cela d'un point de vue plus général que le substrat philosophique de ces considérations est qu'il n'y a pas d'espace et de temps absolu, ni de repère galiléen privilégié, et que seul le résultat des mesures a un sens réel. C'est exactement opposé au soit disant "matérialisme dialectique" de l'illuminé sanguinaire.
-- Michel Talon