Sujet : Re: De la relativité des distances
De : talon (at) *nospam* niobe.lpthe.jussieu.fr (Michel Talon)
Groupes : fr.sci.physiqueDate : 09. Jul 2023, 18:15:01
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Le 09/07/2023 à 18:37, Richard Verret a écrit :
Maintenant je ne comprends pas comment des horloges peuvent être à la fois réellement synchronisées et désynchronisées. C’est le même problème que pour le temps dans un même référentiel. Il ne peut y avoir deux réalités. Je comprendrais qu’une option soit la réalité et que l’autre soit due à l’observation, qu’une soit réelle et l’autre fictive, mais que les deux soient réelles n’est pas possible. À mon humble avis.
Combien de fois faut il répéter que les mesures de temps et d'espace doivent se faire *dans un repère* . Dans un repère tout est parfaitement cohérent et on peut donner les coordonnées (x,y,z,t) de tout événement.
En particulier les horloges du repère sont toutes parfaitement synchronisées. Si on change de repère, il faut refaire toute les procédures de synchronisation et dans le nouveau repère, le même événement a les coordonnées (x',y',z',t'). Les deux systèmes de coordonnées sont reliés par les transformations de Lorentz, de façon que la vitesse de la lumière est la même, c, dans les deux repères. En particulier, comme t'= (t-vx/c^2)/beta les horloges synchronisées dans R ne le sont pas dans R' et réciproquement, puisque t' dépend de x.
On peut dire que tout ça est entièrement fonction de l'observation, mais il n'y a pas de réalité plus profonde, car il n'y a pas de repère absolument immobile qui permettrait de définir des coordonnées d'espace et de temps réelles. Il n'y a que des repères en translation uniforme les uns par rapport aux autres où la physique est exactement la même quel que soit le repère, et donc une impossibilité radicale de distinguer le repère fixe (ou l'ether des anciens). D'après ce que j'ai lu, et je n'ai pas vérifié, c'est le point sur lequel Poincaré a achoppé, il semble ne s'être jamais défait de l'idée de l'existence d'un repère fixe, même s'il était conscient que l'électromagnétisme était invariant par transformation de Lorentz. C'est d'autant plus étrange que dans son livre pour grand public, et contrairement à ses articles scientifiques, il franchit le pas. D'ailleurs il est loin d'être le seul a avoir rencontré cette difficulté car nombre de grands physiciens allemands et français ont immédiatement rejeté la théorie de Einstein, y
compris en la qualifiant de "science juive", elle n'a été complètement acceptée que progressivement. Curieusement les théories de Einstein apparues simultanément sur le mouvement brownien et sur l'effet photoélectrique ont été immédiatement acceptées et lui ont valu le prix Nobel. Incidemment sa théorie de l'effet photoélectrique et la théorie
du corps noir de Planck sont ce qui justifie la notion de *photon* qui déplaît tant à Lavau.
-- Michel Talon