Sujet : Re: Ukraine
De : pc (at) *nospam* ue.com (P Cormoran)
Groupes : fr.soc.politiqueDate : 17. May 2025, 11:16:37
Autres entêtes
Organisation : A noiseless patient Spider
Message-ID : <1009nm8$beb5$1@dont-email.me>
References : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
User-Agent : MesNews/1.08.06.00
Après mûre réflexion, Lebref a écrit :
P Cormoran :
>
C’est un peu comme si, pour critiquer Victor Hugo, on rappelait qu’il
croyait aux tables tournantes — intéressant, mais hors sujet quand il
s’agit de juger Les Misérables.
>
Peut-être pas les tables tournantes, mais : >
"Les bourgeois apprécièrent hautement ces qualités de Hugo, si rares à
trouver réunies chez un homme de lettres : l’habileté dans la conduite de
la vie et l’économie dans la gestion de la fortune. >
Ils reconnurent dans Hugo, couronné de l’auréole du martyre et flamboyant
des rayons de la gloire, un homme de leur espèce et plus on exaltait son
dévouement au Devoir, son amour de l’idée et la profondeur de sa pensée,
et plus ils s’enorgueillissaient de constater qu’il était pétri des mêmes
qualités qu’eux. >
Ils se contemplaient et s’admiraient dans Hugo, ainsi que dans un miroir.
>
La Bourgeoisie donna une preuve significative de son identification avec «
le grand homme » qu’elle enterrait au Panthéon. Tandis qu’elle conviait à
ses funérailles du premier juin toutes les nations ; elle ne fermait pas
la Bourse et ne suspendait pas la vie commerciale et financière parce que
le premier juin était jour d’échéance des effets de commerce et des
coupons des valeurs publiques. Son cœur lui disait que Victor Hugo, il
poeta sovrano aurait désapprouvé cette mesure ; lui qui, pour rien au
monde, n’aurait retardé de vingt quatre heures l’encaissement de ses
rentes et de ses créances."
>
https://histoireetsociete.wordpress.com/2018/08/19/la-legende-de-victor-hugo-par-paul-lafargue/
Ah, Paul Lafargue. Rien de tel qu’un pamphlet écrit par le gendre de Marx pour nous rappeler que personne n’est jamais assez pur pour certains révolutionnaires. Hugo est critiqué… parce qu’il payait ses factures. Ce n’est plus de la critique littéraire, c’est de la comptabilité morale appliquée.
Mais ce passage dit surtout une chose : même quand il fustige la bourgeoisie, Lafargue ne conteste pas la grandeur de l’oeuvre. Il ironise sur l’image publique, pas sur Les Misérables, Le Dernier Jour d’un condamné ou Les Châtiments. Preuve que l’homme peut être imparfait — et même un peu trop économe — sans que cela n’annule la force de ses combats ou la portée de ses textes.
Bref, si Hugo reste au Panthéon malgré sa "bourgeoisie", peut-être peut-on aussi lire Soljenitsyne malgré son "tsarisme".