Sujet : Re: Ukraine
De : pc (at) *nospam* ue.com (P Cormoran)
Groupes : fr.soc.politiqueDate : 18. May 2025, 11:46:41
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Lebref avait soumis l'idée :
P Cormoran :
>
Quant à Soljenitsyne, il n’a jamais caché ses idées, et personne ne le sacre saint laïc. Ce n’est pas son programme politique qui importe ici, mais son témoignage sur un système concentrationnaire que beaucoup ont longtemps nié ou relativisé.
>
Soljenitsyne est un menteur patenté, il n'y a aucune raison d'accorder le
moindre crédit à quelqu'un qui a fini réfugié chez l'ennemi de classe.
Ah, le bon vieux réflexe : si quelqu’un survit à l’enfer et en parle, mais n’épouse pas la bonne ligne, alors c’est un menteur. Et s’il a eu le malheur de se réfugier à l’Ouest, il perd tout droit à la parole. C’est pratique : on n’a pas à réfuter les faits, il suffit de les délégitimer par qui les raconte.
Mais les documents, les archives soviétiques ouvertes après 1991, les témoignages croisés d'autres rescapés confirment ce que raconte Soljenitsyne : déportations arbitraires, camps de travail inhumains, terreur d’État. Il n’a pas inventé le goulag, il l’a vécu — comme tant d’autres. Que ça dérange, c’est une chose ; que ça autorise à le traiter de menteur par principe, c’en est une autre.
Et soit dit en passant : si on devait disqualifier un témoignage parce que son auteur a fui un régime, on serait obligé de nier la Shoah, les boat people ou les purges maoïstes. Ce n’est pas une opinion, c’est une pente dangereuse.
Autrement dit : on peut très bien critiquer le tsarisme et reconnaître
que le Goulag soviétique fut une horreur spécifique. Ce n’est pas
incompatible — sauf quand on a besoin que l’URSS reste au-dessus de tout
soupçon.
>
Vous avez besoin de dresser un tableau apocalyptique de l'URSS, car elle
reste aux yeux du capitalisme mondialisé le seul antéchrist emblématique à
avoir su lui barrer, ne serait-ce que provisoirement, la route vers
l'enfer des peuples ; en oubliant soigneusement tout ce que les
communistes ont apporté d'émancipation aux peuples opprimés par les
aristocraties monarchistes et les différentes bourgeoisies d'Europe
orientale.
Ah, l’éternelle URSS, phare des peuples, unique rempart contre l’enfer capitaliste… sauf pour les millions de citoyens soviétiques envoyés dans les camps, affamés par les plans quinquennaux absurdes, privés de libertés fondamentales et soumis à une terreur d’État industrialisée.
Oui, l’URSS a apporté une forme d’émancipation à certains — mais à quel prix, et avec quel droit de regard pour ceux qu’elle prétendait libérer ? On peut tout à fait reconnaître que des conquêtes sociales ont existé tout en admettant que ce système reposait aussi sur l’oppression, la violence, le mensonge et la paranoïa d’un pouvoir incapable de tolérer la dissidence.
Ce n’est pas dresser un "tableau apocalyptique", c’est refuser de repeindre les murs du goulag aux couleurs de l’utopie. L’idéal communiste mérite mieux que ceux qui ont prétendu l’incarner à coups de censure et de charniers.