Sujet : Si je ne peux pas danser, ce n’est pas ma révolution
De : bl (at) *nospam* bl.co (Buk)
Groupes : fr.soc.politiqueDate : 26. Aug 2024, 05:33:05
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Voilà, dit-on, ce que disait la grande rebelle Emma Goldman (1869-1940). On dit même qu’elle l’a dit à Lénine en personne, c’est dire.
Danser ! Voilà un programme de rentrée.
Oui la révolution, mais danser !
Et même chanter !
Rentrer pour replonger dans les intestins des luttes intestines, ça vous tente ? Revoir tourner les mêmes bobines, le pompeux filousophe, le camelot de plateau, le caniche faux-cul, la marchande de haine, tous les rabâcheurs du pas possible, ça vous va ?
Renfiler le vieux paletot de l’impuissance et de la déprime, encore un coup ?
Nous déprimer est l’idée fixe des pouvoirs établis, économique, politique comme médiatique. Nous angoisser, nous persuader de notre impuissance, nous déposséder de notre histoire, nous voler nos victoires, c’est leur guerre la plus obstinée, leur propagande la plus insidieuse et la plus puissante, c’est notre dressage le plus réussi.
Ils n’ont pas besoin de nous réprimer, il leur suffit de nous déprimer. C’est la grande idée du philosophe Gilles Deleuze.
« Les pouvoirs établis ont besoin de nos tristesses pour faire de nous des esclaves. Le tyran, le prêtre, les preneurs d’âmes ont besoin de nous persuader que la vie est dure et lourde. » (Gilles Deleuze et Claire Parnet, Dialogues, Flammarion, 1977, Paris)
Et même, il leur suffit « d’administrer et d’organiser nos petites terreurs intimes », ajoutait Paul Virilio.
Et Deleuze continue : « nous vivons dans un monde plutôt désagréable, où non seulement les gens, mais les pouvoirs établis ont intérêt à nous communiquer des affects tristes. La tristesse, les affects tristes sont tous ceux qui diminuent notre puissance d’agir. (…) Les malades, de l’âme autant que du corps, ne nous lâcheront pas, vampires, tant qu’ils ne nous auront pas communiqué leur névrose et leur angoisse, leur castration bien-aimée, le ressentiment contre la vie, l’immonde contagion. »
Oui, bien joli, mais est-ce que tout ça ne fait pas de vous un ravi de la crèche mou du genou, un « indignez-vous » qui tend l’autre joue ?
Pas du tout, au contraire, dit Tonton Deleuze : « tout est affaire de sang. Ce n’est pas facile d’être un homme libre : fuir la peste, organiser les rencontres, augmenter la puissance d’agir, s’affecter de joie, multiplier les affects qui expriment un maximum d’affirmation. Faire du corps une puissance qui ne se réduit pas à l’organisme, faire de la pensée une puissance qui ne se réduit pas à la conscience. »
Et Deleuze dit aussi : « on a beau dire "dansons", on est pas bien gai. On a beau dire "quel malheur la mort ", il aurait fallu vivre pour avoir quelque chose à perdre. »
Voilà le programme de rentrée : augmenter la puissance d’agir et s’affecter de joie !
Daniel Mermet (et Tonton Deleuze)
https://la-bas.org/newsletter/si-je-ne-peux-pas-danser-ce-n-est-pas-ma-revolution-- Asselineau émouvant face à Léa salamé https://youtube.com/shorts/-0w-x_bdW8s?si=Mm2q9EfF2im3bMjl