Immigration, précarité, criminalité, finances publiques: la France est-elle vraiment en déclin?

La France est en décadence. Cette vision relayée par la classe politique et le Rassemblement national en particulier, trouve un large écho auprès de la population. Sur les quatre facteurs les plus cités pour illustrer ce naufrage national, la réalité apparaît cependant bien éloignée des clichés
Le nombre d’immigrés en France a augmenté en vingt ans. Mais cette hausse est plus faible que dans d’autres pays européens.
Les inégalités ne se sont pas creusées. Et la pauvreté est restée stable, loin des niveaux élevés du siècle dernier.
Le pays n’est pas à la merci des criminels. La hausse de certaines infractions répond à une meilleure prise en compte des victimes.
Le déficit budgétaire est chronique depuis des décennies. Mais l’Etat finance de nombreux services à la population.
La France, c’était mieux avant. C’est le sentiment partagé par une majorité de Français et cela ne date pas d’hier. Depuis 2005, deux tiers d’entre eux souscrivent à l’idée d’une France en déclin (66%), selon un sondage de l’IFOP paru en 2021. Parmi les maux souvent associés à cette soi-disant décadence, on trouve: une immigration incontrôlée, une grande insécurité ou encore un niveau d’endettement préoccupant. Dans une étude du même acabit publiée l’an dernier, Ipsos montrait une tendance à la hausse de ce déclinisme avec une forte progression du nombre de personnes considérant ce déclin comme «irréversible».
Ce sentiment d’un pays à la dérive est surtout présent chez les électeurs du Rassemblement national, comme le relevait le sondage de l’IFOP mentionné précédemment. Rien de surprenant donc à voir une majorité des votants s’être laissé emporter par une vague bleu marine – le RN a réalisé un score historique aux dernières élections législatives, récoltant 33,1% des voix. Mais cette vision d’un pays qui périclite correspond-elle à la réalité? Nous avons sélectionné quatre indicateurs souvent cités par les responsables politiques, en tête desquels les membres du RN, pour illustrer cette France supposément en déclin. Et les chiffres contredisent le discours de ces derniers.