[Guerre Russie-Ukraine] Un "tueur silencieux": La Russie renforce son avancée dans le Donbass en recourant à la guerre chimique - 30/08/2024

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Sujet : [Guerre Russie-Ukraine] Un "tueur silencieux": La Russie renforce son avancée dans le Donbass en recourant à la guerre chimique - 30/08/2024
De : G1Male (at) *nospam* Q.com (Calamity Jade)
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Date : 31. Aug 2024, 10:16:52
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Un "tueur silencieux": La Russie renforce son avancée dans le Donbass
en recourant à la guerre chimique.
Les soldats ukrainiens sont souvent mal préparés et mal équipés pour
contrer l'utilisation croissante d'agents chimiques par l'Armée russe.
https://kyivindependent.com/silent-killer-russia-boosts-grinding-donbas-advance-with-chemical-warfare/
[Article du Kyiv Independent, publié par Asami Terajima, 30/08/2024, 22:29]
Oblast de Donetsk - Dans une tranchée sur le front est de l'Ukraine,
un fantassin ukrainien s'est préparé au pire lorsqu'une fumée blanche
suffocante s'est répandue dans sa position.
Un drone russe venait de larguer une grenade à gaz lacrymogène dans
sa tranchée, une pratique de guerre internationalement interdite par
la convention sur l'emploi des armes chimiques Chemical Weapons
Convention, ou OPCW] de 1992, ratifiée par la Russie l'année suivante,
une arme chimique pourtant utilisée par l'Armée russe pour asphyxier
les soldats ukrainiens qui s'abritaient à l'intérieur des tranchées. Forcés
de se mettre à découvert, les Ukrainiens sont immédiatement devenus
des cibles vulnérables pour les drones et l'artillerie russes.
https://www.opcw.org/chemical-weapons-convention
"J'ai pensé à tout ce à quoi j'aurais dû ou n'aurais pas dû penser",
a déclaré Ihor, qui s'est souvenu de l'incident survenu en février 2024,
près de Chasiv Yar, où il a combattu les troupes russes qui avançaient
depuis les ruines de Bakhmut, occupée par les Russes. Comme d'autres
soldats qui ont parlé au Kyiv Independent, il a demandé à ne pas révéler
son identité pour des raisons de sécurité.
La Russie déploie de plus en plus d'agents chimiques dans le cadre de
sa grande offensive sur le front Est, visant à occuper les dernières villes
de la région du Donbas sous contrôle ukrainien [Pokrovsk, Sloviansk et
Kramatorsk]. La tactique d'asphyxie au gaz lacrymogène vise à éliminer
les combattants retranché et à saper le moral des soldats ukrainiens qui,
en infériorité numérique, se retirent village par village dans l'est du pays
depuis près d'un an.
L'attaque subie par Ihor s'est produite alors que la Russie a intensifié
son utilisation illégale d'agents chimiques au cours de son invasion
à grande échelle lancée il y a deux ans et demi. Selon l'Armée ukrainienne,
plus de 4,000 cas ont été officiellement enregistrés, ce qui représente une
forte augmentation par rapport aux quelque 600 cas recensés en janvier
2024.
Le soldat ukrainien a déclaré qu'il lui était presque impossible de respirer
à l'intérieur de la tranchée. Il avait l'impression que ses poumons brûlaient.
Quatre hommes se trouvaient avec lui dans la position, mais seul Ihor
n'avait pas de masque à gaz, car il avait donné le sien à un camarade plus
âgé. Le chef d'escouade se couvre la bouche avec des mouchoirs humides
qu'il change toutes les cinq minutes.
Selon Ihor, un autre drone russe survolait les lieux, attendant que
les Ukrainiens sortent. Environ 15 minutes se sont écoulées avant que
le drone ne s'envole, permettant à l'unité d'Ihor de se déplacer vers
un abri de secours.
"Cinq minutes de plus [dans la tranchée contaminée par le gaz russe]
et les poumons se seraient effondrés", a déclaré Ihor
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/08/GettyImages-2156596141.webp
L'ère de la guerre chimique moderne a commencé pendant la Première
Guerre mondiale, lorsque l'impasse de la guerre des tranchées
a encouragé l'utilisation de gaz toxiques. Cette pratique a été adoptée
dans les conflits qui ont suivi, de la Seconde Guerre mondiale à la guerre
civile syrienne, en passant par la guerre du Vietnam, la guerre d'invasion
de l'Afghanistan par l'Armée soviétique (1979-1988), la guerre Iran-Irak
(1980-1987), la Guerre du Golfe (1990-1991), et finalement la guerre
d'invasion de la Russie en Ukraine (2022-?).
Dans la guerre actuelle en Ukraine, souvent qualifiée de première guerre
des drones, la Russie a utilisé des drones pour larguer avec précision
des grenades à gaz lacrymogène dans les tranchées ukrainiennes.
Pour Ihor et ses soldats, l'attente dans la nouvelle tranchée n'était pas
moins décourageante. Les tirs incessants russes rendaient dangereuse
toute marche vers le point d'évacuation le plus proche. Ils ont attendu
un jour avant de chercher un soutien médical.
"Je savais que si je dormais, je ne me réveillerais pas", a déclaré Ihor.
Ihor a fini par arriver jusqu'aux médecins près de Chasiv Yar, porté par
ses camarades, puisqu'il n'était plus en mesure de marcher. L'attaque
russe au gaz a laissé une marque permanente sur sa santé. Il ne peut plus
courir sur plus de 10 mètres sans s'essouffler.
La Russie intensifie ses tactiques de "tueurs silencieux" en Ukraine -
Le témoignage du sergent subalterne du 214ème Bataillon spécial séparé,
de l'OPFOR, fait partie des plus de 4,000 cas officiellement enregistrés où
la Russie a violé la convention de 1993 sur les armes chimiques, un traité
de désarmement de l'après-guerre froide qui interdit l'utilisation d'armes
chimiques en temps de guerre, et oblige les pays à les éliminer.
L'Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques [Organisation for
the Prohibition of Chemical Weapons (OPCW), organe de surveillance des
Nations Unies, déclare que les gaz lacrymogènes sont "considérés comme
des armes chimiques s'ils sont utilisés comme méthode de guerre".
La Russie a de plus en plus recours aux attaques au gaz lachrymogène
en Ukraine. En janvier 2024, 229 cas ont été enregistrés, contre 639 en
juin 2024, et 358 en juillet 2024, selon les forces de soutien de l'Armée
ukrainienne, une branche de l'Armée ukrainienne chargée d'inspecter
les armes chimiques.
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/08/Russia-s-use-of-_chemical-agents_-on-the-battlefield--2-.webp
Les soldats et les officiers ukrainiens interrogés ont reconnu l'efficacité
de cette tactique d'armes chimiques, qui permet à Moscou de s'emparer
occasionnellement de positions ukrainiennes sans les détruire.
"La réaction naturelle est de sortir de là parce qu'on a l'impression de
suffoquer et de mourir", a déclaré Hamish de Bretton-Gordon, ancien
commandant du "Joint Chemical, Biological, Radiological and Nuclear
Regiment" [Régiment chimique, biologique, radiologique et nucléaire]
de l'Armée britannique.
"Les soldats suffoquants sortent des tranchées, et les Russes poursuivent
immédiatement avec des tirs et de l'artillerie pour les éliminer", a-t-il
ajouté, décrivant l'ère moderne où les armes illégales et traîtresses du
passé sont combinées à des machines tueuses ultramodernes qui volent.
On ne connaît pas le nombre exact de soldats blessés ou tués par des
armes conventionnelles, après une attaque au gaz, mais  Bretton-Gordon
a déclaré qu'il s'attendait à ce qu'il y en ait "beaucoup". Les concentrations
de gaz lachrymogènes, a-t-il ajouté, peuvent persister de quelques minutes
à une demi-heure.
L'Ukraine affirme qu'environ 2,000 de ses soldats ont cherché à se faire
soigner par la suite, et qu'au moins deux d'entre-eux sont morts
directement empoisonnés par les attaques au gaz russes, depuis le mois
de juillet 2024. Mais des dizaines d'autres pourraient ne pas avoir été
enregistrées, des soldats ayant été tués ou blessés parce qu'ils étaient
désorientés ou forcés de fuir la tranchée pour se mettre à l'abri.
Le colonel ukrainien Artem Vlasiuk, du commandement de la protection
"radiologique, chimique et biologique" des forces de soutien ukrainiennes,
a déclaré au Kyiv Independent que les troupes russes utilisaient des gaz
lacrymogènes CS et CN, interdites par l'OPCW de 1992.
Vlasiuk a également déclaré qu'il y avait "plusieurs cas" de troupes russes
utilisant de l'ammoniac et du gaz chloropicrine sur le champ de bataille,
ce dernier étant le plus dangereux. Les Etats-Unis ont accusé formellement
la Russie de déployer de la chloropicrine, souvent utilisée dans l'agriculture
et largement utilisée comme "agent vomitif" pendant la Première Guerre
mondiale.
"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est
probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces
ukrainiennes de leurs positions fortifiées et de réaliser des gains tactiques
sur le champ de bataille", a déclaré le Département d'Etat américain,
en mai 2024, affirmant que Moscou avait violé l'OPCW sur les armes
chimiques, en déployant des agents antiémeutes comme méthode
de guerre.
Cette déclaration a été faite alors que le Département d'Etat imposait
des sanctions à "trois entités gouvernementales russes associées aux
programmes d'armes chimiques et biologiques de la Russie et à quatre
entreprises russes qui ont contribué à ces entités".
Les soldats ukrainiens ont souvent du mal à identifier le gaz sur le champ
de bataille. Les symptômes couramment cités sont les suivants: nausées,
vomissements, irritations des yeux et de la peau, toux excessive,
oppression thoracique et suffocation.
"Tout brûle", a déclaré Vladyslav Piholenko, 42 ans, de la 79ème Brigade
d'assaut séparée ukrainienne, déployée dans l'Oblast de Donetsk,
en décrivant son expérience avec le gaz russe. "La peau et le nez brûle,
la gorge, les poumons aussi.
L'Ukraine déclare avoir présenté à l'OPCW, en juillet 2024, des "preuves
et informations détaillées et factuelles, sur les violations flagrantes par
la Russie des dispositions de l'OPCQ sur l'interdiction d'armes chimiques".
Dans une déclaration écrite, la délégation ukrainienne auprès de l'OPCW
a souligné que la Russie avait "considérablement accru l'utilisation d'armes
chimiques et d'agents antiémeutes chimiques" et qu'elle "s'appuyait
fortement" sur ces armes sur le champ de bataille. Selon les forces de
soutien de l'Armée ukrainienne, la Russie mène désormais trois fois plus
d'attaques au gaz par mois, qu'au début de l'année 2024.
"En combinaison avec d'autres types d'armes, ces agents chimiques
limitent les actions des unités ukrainiennes pendant les opérations
offensives et compromettent la défense, a déclaré l'Ukraine à l'OPCW.
Selon l'Armée ukrainienne, des grenades à gaz de l'ère soviétique, allant
de la K-51, couramment utilisée, à la RG-Vo et à la RGR, ont été trouvées
non explosées sur le champ de bataille.
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/08/gas.webp
L'OPCW a déclaré, en mai 2024, que la Russie et l'Ukraine s'accusaient
mutuellement d'avoir employé des armes chimiques sur le front ukrainien,
mais que "les informations fournies à l'OPCW jusqu'à présent par les deux
parties, ainsi que les informations dont dispose le Secrétariat, ne sont pas
suffisamment étayées".
Niant l'utilisation d'armes chimiques par l'Ukraine, Vlasiuk a déclaré que
les gaz lacrymogènes utilisés par la Russie sont des "substances chimiques
dangereuses qui affectent le corps humain et peuvent être utilisées par
l'ennemi à ses propres fins, pour obtenir un avantage sur le terrain".
"L'objectif est de mettre les soldats hors d'état de nuire pendant une
courte période afin, grosso modo, d'entrer dans ma position et de faire
des prisonniers de guerre ou, comme le font souvent les troupes russes
aujourd'hui, d'éliminer le personnel de la position", a ajouté Vlasiuk.
[...]
Auteure de l'article: Asami Terajima. Journaliste.
Asami Terajima est reporter au Kyiv Independent et couvre la guerre
d'invasion russe. Auparavant, elle a travaillé comme journaliste économique
pour le Kyiv Post, se concentrant sur le commerce international, l'énergie,
les infrastructures et les investissements et l'énergie. Originaire du Japon,
Asami a déménagé en Ukraine pendant son enfance et a obtenu sa licence en
administration des affaires aux Etats-Unis. Elle est lauréate du prix Kurt
Schork de la Fondation Thomson Reuters, en journalisme international 2023
[catégorie reporter local] et du prix George Weidenfeld, décerné dans
le cadre du prix Axel Springer 2023, en Allemagne. Elle a figuré sur
la liste "25 under 25: Young and Bold" 2023 de la Media Development
Foundation, qui répertorie les créateurs de médias émergents en Ukraine.
a.terajima@kyivindependent.com
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Date Sujet#  Auteur
21 Dec 24 o 

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