Des prisonniers de guerre russes parlent de leur capture dans l'Oblast russe
de Kursk: "Nos commandants ont simplement disparu".
La plupart des PoW russes se sont rendus sans combattre après l'offensive
surprise ukrainienne, en Russie. La plupart de ces PoW russes étaient des
conscrits qui, selon les lois et la constitution russes, n'étaient pas censés
se battre sur le front de guerre.
https://kyivindependent.com/commanders-just-disappeared-russian-pows-speak-of-their-capture-in-kursk-oblast/[Article du Kyiv Independent, publié par Francis Farrell, 30/08/2024, 23:28]
A mi-chemin d'un étroit couloir tout de gris peint, le gardien se débat
avec une serrure volumineuse, pour pénétrer dans la cellule de la prison.
A l'intérieur, une vingtaine de jeunes hommes sont assis sur des lits
superposés en métal qui s'entrecroisent.
Dans un coin de la pièce, des gobelets en plastique et des livres sont
empilés de part et d'autre d'une vieille télévision.
Leurs visages indiquent qu'ils n'ont pas été détenus ici depuis longtemps,
même s'ils l'expriment de différentes manières.
Certains ont la tête enfouie dans les mains, d'autres regardent au loin,
mais la plupart d'entre eux regardent leurs visiteurs avec beaucoup
d'apitoiement et encore un peu de peur dans les yeux.
Il s'agit de prisonniers de guerre [Prisoners of War, ou PoW] russes, mais
pas du type de ceux qui peuplent généralement les camps de prisonniers
de guerre ukrainiens.
Contrairement aux soldats contractuels, aux mobilisés ou aux condamnés
qui constituent le gros des forces russes combattant sur le front de l'est
de l'Ukraine, la plupart de ces PoW ici sont des conscrits: des hommes
pour la plupart âgés d'une vingtaine d'années, ou moins, originaires
de toute la Fédération de Russie, qui effectuent leur service militaire
obligatoire traditionnel de 12 mois.
Lorsque l'Ukraine a lancé son offensive surprise dans l'Oblast russe
de Kursk, le 6 août 2024, ces conscrits ont été capturés par centaines,
n'opposant que (très) peu de résistance face à l'attaque ukrainienne
bien coordonnée.
Le Kyiv Independent a eu accès à une prison ukrainienne où les PoW,
capturés lors de l'offensive dans l'Oblast de Kursk sont détenus avant
d'être échangés ou de subir d'autres traitements.
Les témoignages recueillis, ceux de deux conscrits et d'un soldat sous
contrat, donnent un rare aperçu de l'état d'esprit des Russes ordinaires
qui acceptent de servir dans l'armée d'un Etat agresseur, deux ans et
demi après le début de la guerre d'invasion brutale à grande échelle
qu'il mène contre l'Ukraine.
Conformément au droit international et à une consultation juridique
indépendante sur l'interview de PoW, le Kyiv Independent n'a parlé qu'à
ceux qui se sont portés volontaires pour parler devant la caméra,
et a également demandé à chaque sujet individuellement s'il autorisait
l'enregistrement et la publication des interviews. Les deux soldats
conscrits russes ont refusé de donner leur nom de famille.
Bien qu'il soit originaire de l'Oblast voisin de Bryansk, qui borde
également l'Ukraine, Denis, 20 ans, affirme n'avoir prêté aucune
attention à la guerre avant le début de son service.
"Bien sûr, j'ai tout vu sur Internet, je suis tombé dessus. Mais d'une
certaine manière, je n'ai pas approfondi les raisons de cette guerre.
Alors comment puis-je y réfléchi?", a-t-il déclaré au Kyiv Independent.
"J'ai seulement entendu dire que notre armée avançait de plus en plus
en Ukraine. Et cela m'a laissé indifférent".
Après que certains conscrits russes se sont retrouvés impliqués dans
les combats, au début de l'invasion russe à grande échelle, le dictateur
russe Vladimir Poutine s'est empressé d'assurer publiquement au peuple
russe que "les conscrits ne seraient plus envoyés au combat à l'avenir".
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/08/francis-8.webpLorsqu'il a été convoqué pour effectuer son service militaire, Denis n'a
pas résisté, pensant qu'il resterait loin des combats.
"Je ne voulais en aucun cas participer à l'action militaire", explique-t-il.
"Je voulais juste servir pendant un an et rentrer chez moi pour retrouver
ma famille et mes proches.
Un autre appelé qui a accepté de parler au Kyiv Independent est Nikolai,
un ancien étudiant en ingénierie de 22 ans, originaire de la ville industrielle
de Chelyabinsk, dans les montagnes de l'Oural.
"J'ai été choqué lorsque la guerre, contre "une nation fraternelle",
a commencé, en février 2022, comme je le pensais à l'époque", a-t-il
déclaré à propos de sa compréhension de la guerre avant son service.
"C'est toujours ce que je pense. J'ai communiqué avec quelques soldats
ukrainiens avant la guerre, tout le monde était normal et amical."
De corpulence maigre et portant de grosses lunettes, Nikolai explique
qu'il a abandonné l'université pour des raisons financières, ce qui lui a valu
d'être rapidement appelé sous les drapeaux, puisqu'il n'était plus exempté
du service militaire, en vertu de la loi russe.
"Mes parents étaient contre, mais nous n'étions pas riches et il n'y avait
aucun moyen de payer pour s'en sortir", se souvient-il.
"La moitié de l'année 2024 s'est écoulée calmement, mais lorsque mes
parents ont appris que j'allais passer la frontière ukrainienne, ils étaient
plus inquiets que moi. Poutine leur avait dit et assuré que les conscrits
russes ne participeraient pas à l'"Opération militaire spéciale", je suis
donc resté relativement calme.
Des centaines de milliers de soldats professionnels ayant été pris dans
la vaste offensive russe menée dans l'est de l'Ukraine, les appelés ont
fini par être déployés à la frontière de l'Etat, dans le nord de l'Ukraine.
Ces postes étaient éloignés de la zone de combat et relativement
calmes, à l'exception de l'activité occasionnelle des drones des deux
côtés de la frontière.
Mais le 6 août 2024, tout a changé, lorsque des brigades ukrainiennes
expérimentées ont franchi la frontière russe.
Bien que Denis et Nikolai aient servi dans des unités différentes, leur
expérience des premiers jours de l'invasion ukrainienne a des points
communs: une communication chaotique, des commandants d'unités
qui disparaissent ou s'enfuient à la première occasion, et un manque
total de préparation, à ce qu'ils ont fini par affronter.
"Le 6 août 2024, vers 4h-4h20, notre avant-poste a été touché par trois
roquettes, dont nous avons appris plus tard qu'elles étaient des HIMARS",
raconte Nikolaï. "Deux roquettes ont touché le centre de commandement,
tuant deux conscrits et deux officiers. Une autre roquette est tombée
près de notre abri, l'effondrant partiellement et le rendant impropre
à la construction d'un autre abri."
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/08/francis-5.webp"Nous sommes restés sans communication, sans électricité non plus.
Nous n'avons pas vu nos commandants. Ils ont simplement disparu
après le déjeuner. Que faire? Nous avons décidé qu'il était temps
de nous rendre à Sudzha, puisqu'on nous avait dit qu'il y avait une
évacuation en cours".
Après deux jours de fuite à travers les champs, devenus la zone grise
du nouveau secteur du front de Kursk, le groupe de Nikolaï est
finalement fait prisonnier le 8 août 2024.
"Les soldats ukrainiens sont sortis en courant, nous ont encerclés et
nous ont dit de déposer nos armes et de nous rendre", se souvient-il.
"Ils ont promis de ne pas nous faire de mal. Nous les avons crus parce
qu'ils avaient la supériorité numérique. Personne ne voulait mourir pour
les commandants qui nous avaient abandonnés".
Dans le cas de Denis, le commandant de son unité est d'abord resté
avec les conscrits, alors qu'ils effectuaient leur propre fuite chaotique
à travers les marécages et la forêt, jusqu'au village de Goncharovka,
près de la ville de Sudzha.
"Nous nous sommes terrés dans une maison et, le lendemain matin,
la sentinelle a réveillé tout le monde en disant que des soldats ukrainiens
étaient à proximité", se souvient Denis, "mais lorsque nous les avons vus
par la fenêtre, nous avons réalisé que la moitié de notre groupe avait
disparu".
"La moitié du groupe s'était simplement échappée quelque part pendant
la nuit, et nous comprenions parfaitement que même si nous essayions
de nous battre, ils nous lanceraient des grenades ou nous tireraient dessus.
Aussi, lorsqu'un soldat ukrainien est entré dans la maison par la fenêtre,
nous avons crié que nous étions des conscrits et que nous nous rendions".
En fin de compte, dépassés par la rapidité de l'attaque ukrainienne et par
leur propre manque de coordination, des centaines de conscrits russes
ont été laissés à l'abandon par leur propre commandement.
"C'est la question que je me suis posée quand je me suis réveillé:
où était le commandant?", raconte Denis.
Dans une cellule voisine plus petite, les PoW ne sont pas seulement de
jeunes conscrits, mais aussi des personnes qui ont volontairement
signé un contrat pour servir dans l'Armée russe.
Bien que Moscou ait annoncé une "mobilisation partielle" en Russie,
à l'automne 2022, après avoir subi d'importants revers sur le champ
de bataille ukrainien, en 2023 et 2024, la majeure partie de l'Armée
régulière russe [sans compter les unités de bagnards et les mercenaires
étrangers] est constituée de soldats contractuels.
Visiblement plus âgés de plusieurs dizaines d'années que leurs
compagnons de cellule, les soldats sous contrat sont généralement
moins enclins à établir un contact visuel, et encore moins à engager
une conversation.
Malgré les informations disponibles sur la guerre et les pertes massives
subies par l'Armée russe en Ukraine, de nombreux Russes continuent de
s'enrôler chaque mois, tentés par des frais d'inscription lucratifs et des
salaires mirobolants, bien supérieurs aux revenus moyens de la plupart
des régions russes.
Vitaly Chugaevsky, 42 ans, originaire de l'Oblast de Novgorod, non loin
de Saint-Pétersbourg, est l'un de ces hommes.
Il porte une légère blessure au nez, tandis que sa main, également
légèrement blessée, est soigneusement pansée.
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/08/francis-12.webpMalgré son choix actif de s'enrôler dans une armée en guerre, Chugaevsky
insiste sur le fait que sa décision était purement financière.
"Je n'ai jamais voulu participer à ce conflit. Je ne me suis pas engagé pour
me battre, je voulais juste un travail", a-t-il déclaré. "J'ai regardé beaucoup
de vidéos sur YouTube, qui disaient que la guerre se terminerait à l'automne
(2022), ils disaient qu'elle serait terminée en novembre (2022).
En Russie, les nouvelles recrues comme Chugaevsky se sont vu offrir une
prime d'engagement de 200,000 roubles [environ 2,200 dollars] pour
le simple fait de s'engager, une somme qui a récemment été doublée
ensuite par le Kremlin, signe que la Russie a du mal à trouver davantage
de personnes prêtes à combattre en Ukraine de leur plein gré.
En outre, les gouvernements régionaux et municipaux, comme ceux de
Saint-Pétersbourg, où Chugaevsky s'est délibérément rendu pour s'engager,
offrent des paiements supplémentaires, tout comme les grandes industries.
Au total, en comptant sa première paie, il s'attendait à recevoir un total
de 1.3 million de roubles [environ 14,340 dollars] de la part de l'Etat russe.
[...]
Auteur de l'article: Francis Farrell. Journaliste.
Francis Farrell est journaliste au Kyiv Independent. Il a travaillé comme
rédacteur en chef du projet de média en ligne Lossi-36, ainsi que comme
journaliste indépendant et photographe documentaire. Il a précédemment
travaillé dans des missions de terrain de l'OSCE et du Conseil de l'Europe
en Albanie et en Ukraine. Il est un ancien élève de l'université de Leiden,
à La Haye, et de l'University College de Londres.
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https://www.pornhub.com/users/jadepornchannelCJ: "Parfois, pour faire triompher le bien, nous devons faire le mâle!"
CJ: "Je pense tout ce que je fais/dis, et donc je fais/dis tout ce que je pense!"