Poutine soutient Harris, mais la propagande russe favorise Trump -
Que se passe-t-il?
https://kyivindependent.com/putin-endorses-harris-but-russian-propaganda-pushes-trump-whats-going-on/[Article du Kyiv Independent, publié par Chris York, 09/09/2024, 17:15]
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/09/GettyImages-2169947960.webpCe n'est pas la première fois que des messages contradictoires émanent
du Kremlin. Le dictateur russe a déclaré qu'il soutenait la candidate
démocrate à l'élection présidentielle, Kamala Harris, tandis que la vaste
machine de propagande du Kremlin est apparemment très favorable
à Donald Trump.
Le 5 septembre 2024, lors du Forum économique oriental de Vladivostok,
Vladimir Poutine a fait l'éloge du rire "contagieux" de Mme Harris,
ajoutant que cela "signifie que tout va bien pour elle".
"Trump a imposé à la Russie autant de sanctions qu'aucun président
n'en a jamais imposées auparavant, et si Mme Harris se porte bien,
elle s'abstiendra peut-être de prendre de telles mesures", a-t-il déclaré.
"Joe Biden a recommandé à tous ses partisans de soutenir Mme Harris.
Ici, nous allons le faire aussi, nous allons la soutenir", a-t-il ajouté.
Les commentaires de Poutine, prononcés avec un sourire en coin, sont en
contradiction avec de nombreux rapports et évaluations des services de
renseignement qui ont conclu que la machine de propagande russe
a soutenu Trump depuis l'élection présidentielle américaine de 2016,
et qu'elle s'efforce de l'aider à être réélu cet automne 2024.
"Je pense qu'il plaisante", a déclaré John Foreman CBE, ancien attaché
de défense du Royaume-Uni à Moscou, de 2019 à 2022, au Kyiv
Independent.
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/09/GettyImages-2167179983.webpSi l'intention qui sous-tendait les propos de Poutine et la manière dont
il les a prononcés étaient évidents pour certains, ils semblaient avoir été
perdus pour d'autres, et notamment pour Trump lui-même. A en juger par
l'évolution de ses commentaires au cours des deux derniers jours, Trump
semble avoir pris les remarques de Poutine au sérieux. "Je ne sais pas
exactement quoi dire à ce sujet. Je ne sais pas si je me sens insulté ou
s'il m'a fait une faveur", a-t-il déclaré à New York, le 6 septembre 2024.
Un jour plus tard, il a durci sa position, déclarant lors d'un rassemblement
dans le Wisconsin qu'il était "très offensé".
"Je connaissais Poutine. Je le connaissais bien. Je ne sais pas si vous avez
vu l'autre jour qu'il a soutenu Kamala", a-t-il déclaré. "Il a soutenu Kamala.
J'ai été très offensé par cela".
Plusieurs commentateurs éminents ont également semblé prendre
les commentaires au pied de la lettre. L'acteur américain James Wood,
une personnalité farouchement pro-Trump, qui compte plus de 4 millions
de followers sur X, a posté un extrait de la vidéo, affirmant que Poutine
avait soutenu Harris et qu'il était "à peine capable de cacher sa joie
à cette perspective".
Un autre compte pro-Trump, avec 285,000 followers, a affirmé que
le clip montrait que "si vous votez pour Kamala Harris, vous votez en
faveur de Vladimir Poutine".
Alors que Trump et ses partisans semblent "contrariés" par
les commentaires de Poutine, il y a de nombreuses preuves que, malgré
les remarques extérieures du dictateur russe, le Kremlin le préfèrerait
de loin à la Maison Blanche, plutôt que Harris.
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/09/GettyImages-2167290577.webpLa perspective de la réélection de Donald Trump suscite des inquiétudes
en Ukraine, car des signaux émanant de son entourage proche indiquent
qu'il pourrait chercher à faire pression sur Kyiv pour que l'Ukraine cède
des territoires et fasse d'autres concessions afin de parvenir à la paix.
Les inquiétudes n'ont fait que croître après que l'ex-président américain
a choisi comme colistier JD Vance, sénateur de l'Ohio, qui est un critique
virulent et un farouche opposant à l'aide américaine à l'Ukraine.
"Compte tenu des réalités politiques du conflit en cours en Ukraine,
il semble beaucoup plus logique que Trump favorise les objectifs futurs
de Poutine dans le conflit, ainsi que de saper les efforts de l'Amérique
pour répondre à l'agression russe, à la fois ouverte et secrète",
a déclaré Eliot Higgins, fondateur de l'agence de journalisme
d'investigation Bellingcat, au Kyiv Independent.
"Le soutien de Poutine est plus probablement une tentative de provoquer
un drame qu'un reflet de ses véritables opinions.
Pour mieux comprendre les espoirs du Kremlin quant à l'issue de
l'élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024, il est possible
de se faire une idée plus précise en examinant les opérations de
la propagande russe du Kremlin.
Citant un haut responsable du renseignement américain, Reuters
a rapporté, le 6 septembre 2024, que la chaîne de médias d'Etat russe
RT "a construit et utilisé des réseaux de personnalités américaines
et occidentales pour créer et diffuser des récits favorables à la Russie".
"Ces acteurs, entre autres, soutiennent les efforts de Moscou pour
influencer les préférences des électeurs en faveur de l'ancien président
[Trump] et affaiblir les perspectives de la Vice-présidente [Harris]."
D'autres détails de cette campagne d'influence et d'ingérence russe
ont été révélés lorsque le Département du Trésor américain a désigné
10 personnes et deux entités comme faisant partie d'une campagne
de propagande coordonnée par la Russie, surnommée "Doppelganger".
Le Département de la Justice a déclaré que cette campagne comprenait
le financement d'une société anonyme basée dans le Tennessee,
que les médias américains ont identifiée comme étant Tenet Media,
un média accueillant d'éminents commentateurs de droite et pro-Trump,
tels que Benny Johnson et Tim Pool.
La Russie a déjà été accusée d'utiliser la désinformation sur les réseaux
sociaux, les fermes à bots et d'autres moyens pour soutenir Trump contre
ses adversaires démocrates [Hillary Clinton et Joe Biden] lors des élections
de 2016 et 2020.
Les responsables du renseignement américain ont déclaré qu'ils "n'ont pas
observé de changement dans les préférences de la Russie pour la course
présidentielle, par rapport aux élections précédentes".
Auteur de l'article: Chris York. Rédacteur en chef.
Chris York est rédacteur en chef au Kyiv Independent. Avant de rejoindre
l'équipe, il était responsable de l'information au Kyiv Post. Auparavant,
de retour en Grande-Bretagne, il a travaillé pendant près de dix ans pour
le HuffPost UK. Il est titulaire d'une maîtrise en conflits, développement
et sécurité de l'université de Leeds, en Angleterre.
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