[Guerre Russie-Ukraine] La contre-offensive: Pourquoi l'Ukraine n'a-t-elle pas de cimetière militaire national? - 01/10/2024

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Sujet : [Guerre Russie-Ukraine] La contre-offensive: Pourquoi l'Ukraine n'a-t-elle pas de cimetière militaire national? - 01/10/2024
De : G1Male (at) *nospam* Q.com (Calamity Jade)
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Date : 01. Oct 2024, 23:44:15
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La contre-offensive: Pourquoi l'Ukraine n'a-t-elle pas de cimetière militaire
national?
https://kyivindependent.com/the-counteroffensive-why-doesnt-ukraine-have-a-national-military-cemetery/
[Article du Kyiv Independent, publié par Tim Mak et Oleh Tymoshenko,
01/10/2024, 12:30]
Note de l'éditeur: Cet article a été publié par le bulletin bihebdomadaire
"The Counteroffensive with Tim Mak", le 28 septembre 2024, et a été
republié par le Kyiv Independent avec sa permission.
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/10/Screenshot-2024-10-01-at-10_10_51-AM.webp
Vira Lytvynenko n'a pas pu enterrer son fils depuis mars 2022, date
à laquelle il a été tué en défendant l'Ukraine contre une offensive russe
près du théâtre dramatique de Mariupol. Elle conserve ses cendres
à la maison.
Même dans la troisième année de l'invasion russe, et plus de dix ans
après le début de la guerre russe de 2014, l'Ukraine n'a toujours pas de
cimetière militaire national. De nombreux anciens combattants et leurs
familles craignent que cette négligence ne témoigne d'un manque de
respect pour ceux qui ont sacrifié leur vie. C'est comme si le cimetière
national d'Arlington n'existait pas aux Etats-Unis, un espace sacré de
commémoration et un puissant symbole de la gratitude nationale.
Les Ukrainiens aspirent à un espace similaire pour honorer leurs soldats.
"L'Etat aurait dû assurer le meilleur hommage possible à ses soldats
tombés au champ d'honneur... Il y a certaines choses sacrées et infaillibles
dans la société. Les cimetières civils manquent déjà de place", a déclaré
Taras Ishchyk, qui sert dans l'Armée ukrainienne.
Au lieu de construire de manière transparente un cimetière militaire
national, les autorités ont fait traîner la sélection d'un site, proposant
des emplacements éloignés de Kyiv. Le processus de conception et
d'appel d'offres est entaché de scandales et de corruption, ce qui, selon
les critiques, diminue encore l'importance des sacrifices des soldats.
Vladyslav Lytvynenko, le fils de Vira, était un soldat de la Brigade Azov
 de la Garde nationale ukrainienne. Originaire de l'Oblast de Donetsk,
il a vécu à Mariupol jusqu'en 2014, date à laquelle la (première) guerre
d'invasion russe dans la région ukrainienne du Donbass et l'annexion de
la Crimée ont contraint sa famille à déménager à Kyiv. En 2015, Vladyslav
est retourné à Mariupol et a rejoint Azov, où il a participé à plusieurs
batailles dans le Donbass, entre 2014 et 2022.
"En 2022, Vladyslav était censé quitter l'armée et commencer une vie
civile, parce qu'il ne l'avait pas connue en tant qu'adulte, ayant combattu
depuis l'âge de 20 ans", a déclaré Vira, ses yeux se remplissant lentement
de larmes. Vira n'est qu'une des nombreuses familles qui attendent de
rendre hommage à leurs disparus.
Selon Olena Tolkachova, présidente du service de patronage d'Azov,
qui s'occupe des soldats et des familles de la Brigade, le service plaide
en faveur d'un cimetière militaire national depuis 2014.
"Nous avons une famille qui espère tellement ce cimetière militaire,
qu'elle n'a pas sorti le corps [de la morgue]", a déclaré Tolkachova.
"Et ils sont déjà dans un état très déprimé parce que le cimetière n'a pas
été construit depuis deux ans".
Malgré l'urgence, peu de progrès ont été réalisés. Les régions locales ont
dû enterrer leurs soldats dans les cimetières civils existants, où les tombes
se confondent souvent avec celles des civils. Ce n'est qu'en mai 2022,
qu'une loi a été adoptée pour simplifier les procédures relatives au terrain
et à la construction du cimetière militaire national. L'administration de
Kyiv a désigné un site près de la forêt de Bykivnia, un lieu de sépulture
pour les victimes des répressions de l'ancien dictateur soviétique Joseph
Staline.
En août 2023, cependant, le gouvernement a brusquement changé de
site. Le nouvel emplacement se trouve à plus de 20km du centre de Kyiv,
ce qui frustre les familles comme celle de Vira, qui doivent désormais
faire deux heures de trajet pour rendre visite à leurs proches. Le cimetière,
initialement conçu comme un lieu facilement accessible au public pour
honorer les sacrifices de l'Ukraine, risque désormais de tomber dans
l'oubli en raison de son éloignement.
Certaines familles ont déjà enterré leurs proches sur place, lassées
d'attendre. D'autres, comme Vira, gardent espoir.
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/09/GettyImages-2153450598.webp
Au cours de l'été 2023, Serhii Derbin a été choisi comme architecte
du projet, bien qu'il n'y ait pas eu de concours ouvert pour ce projet
national de grande envergure. Un appel d'offres a été publié dans
le système électronique de passation des marchés publics,
mais une seule personne aurait postulé.
"Personne n'était au courant de l'appel d'offres", a déclaré Dartsia
Verytiuk, la créatrice du concept du Panthéon des héros à Ternopil.
Derbin a répondu à "The Counteroffensive" que l'appel d'offres avait
été officiellement annoncé sur le site web, à la disposition de tous
ceux qui souhaitaient y participer.
A la fin de 2023, les familles ne pouvaient toujours pas enterrer leurs
soldats morts au combat. Le projet de cimetière n'a été présenté qu'en
décembre 2023, en même temps que la nouvelle législation relative
à la création du site.
Le projet actuel a été critiqué parce qu'il combine des éléments
architecturaux mal assortis, ressemblant à la fois à un supermarché
et à un temple antique. Verytiuk, qui avait fait des suggestions pour
le mémorial, a déclaré: "Aucun de nos commentaires n'a été accepté,
et le projet n'a pas été modifié du tout. Il est apparu clairement que
tout avait été décidé depuis longtemps".
Toutefois, Derbin a affirmé que la plupart des commentaires des
professionnels avaient été pris en compte et que toutes les décisions
étaient équilibrées et mûrement réfléchies.
En juillet 2024, un appel d'offres pour la construction du cimetière
a été annoncé. Un seul consortium, Building UA, créé le lendemain de
l'appel d'offres, s'est porté candidat pour ce projet de 44 millions de
dollars [1.8 milliard de hryvnias].
Les critiques ont été déconcertés par la préférence du gouvernement
pour le granit plutôt que pour des matériaux plus légers pour les pierres
tombales. Comme l'a expliqué la journaliste Dariia Hirna, le grès clair
évoque la paix et la tranquillité, tandis que le granit gris ou noir peut
créer une atmosphère de tristesse.
L'une des entreprises qui a remporté l'appel d'offres est Akam,
un producteur de granit de Dnipro. Akam appartient à un groupe de
sociétés détenues par Vadym Yermolaiev, qui a été sanctionné par
le président Zelensky en 2023 pour avoir fait des affaires dans
les territoires occupés par la Russie. On ne sait pas où se trouve
Yermolaiev, et The Counteroffensive n'a pas pu le joindre pour obtenir
un commentaire.
La construction du cimetière a été interrompue depuis. En septembre
2024, le Bureau de sécurité de l'Ukraine (SBU) a confirmé qu'Akam faisait
partie du groupe d'entreprises sanctionné par Yermolaiev.
"Il s'agit d'un crime contre les familles des soldats tombés au combat
et de ceux qui sont encore en service. Les deux appels d'offres devraient
être annulés et remplacés par une compétition internationale ouverte",
a déclaré le soldat Ishchyk.
Cela signifie que, même cette année, les défenseurs ukrainiens tombés
au combat ne trouveront pas la paix dans un cimetière national et que
leurs familles n'auront toujours pas d'endroit pour les honorer. C'est
le cas de Vira Lytvynenko, dont le fils a donné sa vie pour la liberté
et l'indépendance de l'Ukraine.
Note de la rédaction: Les opinions exprimées dans la section d'opinion
sont celles des auteurs et ne reflètent pas le point de vue du Kyiv
Independent.
Auteurs de l'article:
1/ Tim Mak. Journaliste.
Tim Mak est un journaliste américain et le fondateur de la publication
"The Counteroffensive", basée à Kyiv, qui se concentre sur la guerre
d'invasion russe contre l'Ukraine.
2/ Oleh Tymoshenko. Chercheur.
Oleh Tymoshenko est chercheur à The Counteroffensive, une publication
basée à Kyiv, qui se concentre sur la guerre d'invasion russe contre
l'Ukraine.
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CJ: "Parfois, pour faire triompher le bien, nous devons faire le mâle!"
CJ: "Je pense tout ce que je fais/dis, et donc je fais/dis tout ce que je pense!"
 
Date Sujet#  Auteur
21 Dec 24 o 

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