Des soldats nord-coréens présents en Ukraine - Voici ce que nous en savons.
https://kyivindependent.com/north-korean-soldiers-are-reportedly-in-ukraine-heres-what-we-know/[Article du Kyiv Independent, publié par Chris York, 14/10/2024, 16:49]
Note de l'éditeur: Cet article a été mis à jour pour inclure la déclaration
du président Volodymyr Zelensky du 14 octobre 2024, concernant
la présence militaire de la Corée du Nord en Ukraine.
Le 14 octobre 2024, le président Volodymyr Zelensky a déclaré que
la Russie prévoyait d'impliquer directement la Corée du Nord dans
la guerre à grande échelle contre l'Ukraine, au cours des prochains
mois.
Les plans russes pour l'automne 2024 et l'hiver 2025 comprennent
"l'implication réelle de la Corée du Nord dans la guerre", a déclaré
Zelensky, citant des rapports des services de renseignements militaires
ukrainiens (HUR) et occidentaux.
La veille, Zelensky a mis en garde contre "l'alliance croissante" de
la Russie avec la Corée du Nord, soulignant qu'elle ne se limitait plus
à la fourniture d'armes, mais qu'elle consistait désormais "à transférer
des effectifs militaires de la Corée du Nord vers les zones d'occupation
en Ukraine".
La mise en garde du président ukrainien fait suite à des informations
selon lesquelles plusieurs officiers nord-coréens ont été tués lors d'un
tir de missile ukrainien, contre une cible russe dans la partie occupée
de l'Oblast de Donetsk, ce qui suscite des spéculations sur le degré
d'implication de Pyongyang, dans l'invasion russe totale en Ukraine.
"Nous constatons une alliance croissante entre la Russie et des régimes
dictatoriaux comme la Corée du Nord", a déclaré Zelensky, qui a déjà
souligné le rôle de plus en plus important de la Russie au sein d'un axe
de "régimes voyous", dont l'Iran, qui sont alliés contre l'Ukraine et ses
alliés occidentaux.
"Il ne s'agit plus seulement de transférer des armes nord-coréennes vers
la Russie. Il s'agit en fait de transférer maintenant des effectifs militaires
nord-coréens vers la ligne de front, dans les régions occupées d'Ukraine".
Que savons-nous avec certitude? -
Très peu de choses, hormis les intentions déclarées de Moscou et de
Pyongyang.
Le 19 juin 2024, les dictateurs russe Vladimir Poutine et nord-coréen
Kim Jong Un ont signé un accord de défense stratégique, entre Moscou
et Pyongyang.
Dans le cadre de cette alliance, l'Armée nord-coréenne a annoncé
qu'une unité de génie rejoindrait les forces russes sur le terrain,
dans l'Oblast ukrainien de Donetsk, le mois suivant.
A ce jour, aucune photo ou vidéo ne prouve que cela s'est produit,
et on ne sait pas si les six officiers nord-coréens qui auraient été tués
faisaient partie de cette unité.
Le 4 octobre 2024, des blogueurs militaires russes ont rapporté que
des soldats nord-coréens visitaient les lignes de front, dans le cadre
d'un programme d'"échange d'expériences" et qu'on leur montrait
comment les forces russes préparaient les positions défensives
et des techniques d'opérations d'assaut.
Lors d'une conférence de presse, tenue le 25 juin 2024, le porte-parole
du Pentagone, Pat Ryder, a déclaré que les troupes nord-coréennes
deviendraient de la "chair à canon" si elles rejoignaient les forces
russes sur le champ de bataille en Ukraine.
Quels sont les points sur lesquels nous sommes moins sûrs? -
L'information selon laquelle six officiers nord-coréens auraient été
tués en Ukraine n'a pas été confirmée, au-delà d'une seule source
de renseignements, bien que le Ministre sud-coréen de la défense,
Kim Yong-Hyun, ait déclaré au début du mois qu'il s'agissait
probablement d'une information vraie.
Le 13 octobre 2024, Zelensky n'a fourni aucune autre preuve et le Kyiv
Independent n'a pas été en mesure de vérifier ces informations.
The Guardian a rapporté, le 10 octobre 2024, citant une source anonyme
en Ukraine, qu'il y avait "des dizaines de Nord-Coréens derrière les lignes
russes" pour aider au lancement des missiles balistiques Kn-23, fournis
par Pyongyang à la Russie.
Lim Eul-chul, professeur à l'"Institut d'Etudes de l'Extrême-Orient" à Séoul,
a déclaré à l'AFP que le déploiement de soldats nord-coréens en Ukraine
pourrait être considéré par Pyongyang comme une opportunité pour ses
militaires d'apprendre "à manier différentes armes et d'acquérir une
expérience de combat réelle".
"Il pourrait même s'agir d'un facteur déterminant pour l'envoi de soldats
nord-coréens en Ukraine, afin de leur fournir des expériences diverses
et un entraînement en temps de guerre.
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/10/GettyImages-1734340621.webpLe 10 octobre 2024, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié
ces informations de "fake news".
Le 11 octobre 2024, un article du Washington Post (WP) citait
un responsable du renseignement militaire ukrainien (HUR) qui affirmait
que "plusieurs milliers" de soldats nord-coréens suivaient un entraînement
en Russie, et pourraient être déployés en Ukraine, d'ici la fin de 2024.
L'article du WP ajoute que des officiers nord-coréens sont déjà présents
sur le terrain en Ukraine, en tant qu'"observateurs", mais qu'aucune unité
de troupes régulières n'a encore été signalée.
Le 11 octobre 2024, l'Institute for the Study of War (ISW) a déclaré que
le déploiement de troupes nord-coréennes en Ukraine pourrait permettre
aux forces russes de "se concentrer sur les zones prioritaires de la ligne
de front".
Mais il a également ajouté que si elles sont généralement de mauvaise
qualité, les troupes nord-coréennes "pourraient également créer
des opportunités pour l'exploitation ukrainienne".
Il a également été signalé que des militaires ou des policiers nord-coréens
se rendraient sur place pour participer aux "efforts de reconstruction"
dans le Donbass occupé, au début de l'année 2023.
Qu'en est-il des autres domaines de coopération russo-nord-coréenne? -
Que des troupes nord-coréennes se trouvent physiquement en Ukraine
ou non, de nombreuses autres preuves attestent des liens militaires
de plus en plus étroits entre Moscou et Pyongyang.
Isolée sur la scène internationale après l'invasion massive de l'Ukraine,
et avec des stocks de munitions qui s'épuisent après plus de deux ans
et demi de guerre, la Russie est devenue de plus en plus dépendante
de l'armement fourni par la Corée du Nord et l'Iran.
Cette relation s'est consolidée à la fin du mois de juin 2024, lorsque
le président russe Vladimir Poutine s'est rendu à Pyongyang, où il a signé
un accord de partenariat avec le dictateur nord-coréen Kim Jong Un,
s'engageant à s'entraider en cas d'"attaque contre l'un ou l'autre".
En août 2024, l'agence de presse sud-coréenne Yonhap a rapporté que
la Corée du Nord avait envoyé à la Russie des conteneurs susceptibles
de contenir plus de 6 millions d'obus d'artillerie.
En échange de ces munitions, la Russie aurait fourni à la Corée du Nord
des technologies lui permettant de déployer des satellites d'espionnage,
ainsi que des chars et des avions.
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/10/GettyImages-1661838316.webpThe Times a rapporté, au début d'octobre 2024, que la moitié des obus
d'artillerie utilisés par l'Armée russe en Ukraine sont fournis par la Corée
du Nord.
Bien qu'un grand nombre de ces obus soient considérés comme
"défectueux", le nombre d'obus expédiés aux forces russes aurait joué
un rôle crucial dans la progression russe dans l'est de l'Ukraine, et plus
récemment, dans la prise de Vuhledar, dans l'Oblast de Donetsk au début
de ce mois.
Shin Won-sik, Ministre sud-coréen de la Défense, a déclaré en juin 2024,
que Pyongyang avait également envoyé des dizaines de missiles balistiques
que les Russes tirent sur les villes et les infrastructures civiles ukrainiennes.
Mais la fiabilité de ces missiles a également été mise en doute. Environ
la moitié des missiles nord-coréens tirés en Ukraine par la Russie ont mal
fonctionné et ont explosé en plein vol, a rapporté Reuters le 7 mai 2024,
citant le Bureau du procureur général ukrainien.
Auteur de l'article: Chris York. Rédacteur en chef.
Chris York est rédacteur en chef au Kyiv Independent. Avant de rejoindre
l'équipe, il était responsable de l'information au Kyiv Post. Auparavant,
de retour en Grande-Bretagne, il a travaillé pendant près de dix ans pour
le HuffPost UK. Il est titulaire d'une maîtrise en conflits, développement
et sécurité de l'université de Leeds, en Angleterre.
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