Le Plan de victoire de Zelensky a un "grand programme", mais les mesures
pratiques ne sont pas claires, selon les députés ukrainiens.
https://kyivindependent.com/ukrainian-mps-react-to-zelenskys-victory-plan-great-agenda-but-practical-steps-unclear/[Article du Kyiv Independent, publié par Martin Fornusek
et Katerina Denisova, 16/10/2024, 15:56]
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/10/Zelensky-Oct-16.webpLes députés ukrainiens ont exprimé leurs premières réactions face
à la présentation du "Plan de victoire" par Volodymyr Zelensky, devant
le parlement, le 16 octobre 2024, louant l'agenda général mais
dénonçant le manque supposé de mesures pratiques.
Certains députés de l'opposition ont reproché au plan d'être trop vague
et de s'appuyer trop sur les partenaires internationaux, tout en omettant
les questions intérieures, telles que les réformes en faveur de
la démocratie et de la lutte contre la corruption qui, selon eux,
sont essentielles à la réussite de l'Ukraine et importantes pour parvenir
à l'adhésion à l'OTAN.
Le plan de victoire comprend cinq points: une invitation à adhérer
à l'OTAN, un volet défense, une dissuasion non nucléaire contre
l'agression russe, un volet économique et une architecture de sécurité
pour l'après-guerre. Trois addenda sont restés confidentiels mais ont
été communiqués aux partenaires occidentaux.
Zelensky a présenté le plan aux dirigeants des Etats-Unis, du Royaume-Uni,
de l'Allemagne, de la France et de l'Italie, dans le but d'obtenir leur soutien
avant les élections présidentielles américaines, qui s'annoncent incertaines.
Jusqu'à présent, la proposition est restée pratiquement secrète.
Roman Lozynskyi, un député anciennement membre du parti d'opposition
Holos ("Voix"), a écrit sur Facebook que le plan avait un "grand programme",
mais que les mesures concrètes pour y parvenir restaient "floues".
"D'un côté, le Plan de victoire ressemble à une fantaisie. D'un autre côté,
les Patriot, Storm Shadow et F-16, le fait de couler une partie de la Flotte
russe de la Mer Noire et de contrôler une partie de l'Oblast russe de Kursk,
l'étaient aussi".
Lozynskyi a souligné que tout repose désormais "sur les décisions
des partenaires et le succès de notre diplomatie", ainsi que sur l'unité
des dirigeants ukrainiens et de l'opposition.
Zelensky's "victory plan" and Biden's long-range strike dilemma |
Ukraine This Week [The Kyiv Independent] (22/09/2024) -
https://www.youtube.com/watch?v=Ux6WYbT94KQ (8m38s)
En présentant le plan au parlement, Zelensky a déclaré qu'il s'agissait
"d'un plan visant à renforcer notre Etat et notre position. Pour être assez
forts pour mettre fin à la guerre. Pour s'assurer que l'Ukraine dispose
de tous ses muscles".
"Ce plan peut être mis en oeuvre. Cela dépend de nos partenaires. J'insiste:
de nos partenaires. Il ne dépend absolument pas de la Russie", a déclaré
Zelensky.
Lozynskyi a également déclaré que Zelensky n'avait toutefois pas expliqué
comment il comptait mettre en oeuvre les différents points de son plan,
ajoutant qu'il n'était peut-être pas judicieux de rendre ces mesures
publiques.
Yaroslav Yurchyshyn, du parti Holos, a souligné que le Plan de victoire
avait été convenu avec le commandement militaire ukrainien et
qu'il était coordonné avec les partenaires occidentaux.
"Je ne doute pas que de nombreuses personnes aient des idées et des
commentaires sur ce plan et sur la manière de l'améliorer. Cependant,
pour moi, la meilleure critique, c'est l'action".
Oleksii Honcharenko, un député ukrainien du parti d'opposition "Solidarité
Européenne", dirigé par l'ancien président Petro Porochenko, a critiqué
le plan pour avoir soi-disant trop compté sur l'aide extérieure, sans exiger
des mesures de la part des dirigeants ukrainiens.
"Où est la clause sur la lutte contre la corruption, sur le renforcement de
nos institutions démocratiques? a écrit Hocharenko sur Telegram.
Le député a qualifié le plan de "mots vides" qui sont "éloignés de la réalité".
La collègue d'Honcharenko, Iryna Herashchenko, a fait l'éloge des objectifs
généraux du plan, mais a également critiqué l'accent mis sur le soutien
international, notant que le mot "partenaires" a été utilisé plus souvent
que "Ukraine" et "Russie".
Elle a également souligné l'absence de "devoirs" que le pays doit accomplir
pour atteindre ces objectifs, tels que les réformes anti-corruption, qui sont
une étape nécessaire pour l'adhésion à l'OTAN.
"Je me demande pourquoi le président est venu au Parlement maintenant.
Pour moi, c'est un signal de la gravité de la situation sur le front, dans
l'économie, du changement sur la scène mondiale", a déclaré la députée.
"On n'entend plus parler du retour des frontières de 1991... On n'entend
pas non plus parler du fait que certains territoires pourraient devoir être
libérés par des mesures politiques et diplomatiques".
Un troisième législateur de Solidarité Européenne, Mykola Kniazhytskyi,
a présenté un commentaire moins cinglant.
"La chose la plus importante a été... que les troupes ukrainiennes
pourraient remplacer, en particulier, les troupes américaines en Europe,
les troupes des partenaires, parce qu'elles ont de l'expérience",
a déclaré le député ukrainien, au Kyiv Independent.
Selon Kniazhytskyi, la présentation du Plan de victoire de Zelensky pourrait
jouer un rôle dans les prochaines élections américaines.
"Les thèmes abordés par le président Zelensky seront évidemment utilisés
par les démocrates dans la campagne présidentielle. Il sera difficile pour
les Républicains américains de s'y opposer... En d'autres termes, ils peuvent
être utilisés par les deux partis aux Etats-Unis", a déclaré Kniazhytskyi.
"Si ce plan est approuvé par les alliés occidentaux, je le soutiendrai
pleinement. S'ils ne sont pas prêts et qu'il n'en parle que pour les relations
publiques, ce sera une grande déception".
Contrairement à certains députés de l'opposition, le chef parlementaire
du parti "Serviteur du peuple" de Zelensky a salué le plan comme
un "document très détaillé" offrant aux partenaires de l'Ukraine
une "stratégie de renforcement mutuel".
"Sans notre victoire, sans une paix honnête et juste pour l'Ukraine,
le monde ne pourra pas se sentir en sécurité", a déclaré David
Arakhamia, sur Telegram.
"Mais une Ukraine forte, indépendante et européenne pourra contribuer
à la sécurité collective de l'ensemble du continent", a commenté
Arakhamia, soulignant le rôle de Kyiv dans ce plan.
Le principal député du parti de Zelensky a également révélé qu'après
la présentation, le président avait tenu une réunion avec les dirigeants
parlementaires. Arakhamia a déclaré au Kyiv Independent, le 15 octobre
2024, que les parties classifiées du plan ne seraient communiquées
qu'aux dirigeants du Parlement.
Alors que les députés ukrainiens réagissent au Plan de victoire,
les partenaires occidentaux sont restés très discrets. Le Département
d'Etat [Ministères des Affaires étrangères] américain a déclaré
diplomatiquement que la proposition comprenait "un certain nombre
d'étapes productives", bien que certains partenaires aient été
"peu impressionnés" par le plan.
Plusieurs responsables occidentaux estiment qu'il s'appuie trop sur
des livraisons d'armes supplémentaires et sur la levée des restrictions
concernant leur utilisation, et qu'il n'apporte pas beaucoup d'idées
nouvelles sur la table, a rapporté le Wall Street Journal (WSJ)
en septembre 2024.
Auteure de l'article:
1/ Martin Fornusek. Rédacteur en chef.
Martin Fornusek est rédacteur en chef au Kyiv Independent. Auparavant,
il a travaillé comme rédacteur en chef du contenu de l'information à la société
de médias Newsmatics et a contribué à Euromaidan Press. Il a également
travaillé bénévolement comme rédacteur et traducteur pour la version tchèque
d'Ukraïner. Martin a étudié à l'université Masaryk de Brno, en République
tchèque, où il a obtenu une licence en études de sécurité et en histoire,
ainsi qu'une maîtrise en études des conflits et de la démocratie.
m.fornusek@kyivindependent.com2/ Kateryna Denisova. Rédactrice en chef.
Kateryna Denisova travaille comme rédactrice de presse au Kyiv Independent.
Auparavant, elle a travaillé pendant quatre ans comme rédactrice de presse
à l'organe de presse NV, où elle couvrait principalement la politique
ukrainienne et internationale. Kateryna est titulaire d'une licence en journalisme
international de l'université Taras Shevchenko de Kyiv. Elle a également été
boursière dans des écoles de journalisme en République tchèque et en
Allemagne.
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