La France, pays de la paix et des Droits de l’homme, est le 3ème exportateur mondial d’armes. Des armes pudiquement nommées « matériel de défense ». Une industrie capable d’assurer la quasi-totalité des équipements nécessaire à un conflit armé qui regroupe quelques 2000 entreprises tels Airbus Group, Dassault Aviation, Naval Group, Thales, Nexter, Arquus, Safran et MBDA, pour un chiffre d’affaires de 30 milliards d’euros. Pas de doute la mariée est belle ! Au cœur de cette stratégie de la mort MBDA, qui se veut désormais LE missilier de référence mondial.
En décembre 2024 la Direction générale de l’armement (DGA) a commandé à MBDA, 1 300 missiles Akeron MP et 329 missiles Mistral 3 destinés à la remise à niveau des stocks de l’armée de Terre et de la Marine nationale, pour un montant total supérieur à 300 M€. Livraison des 200 premiers exemplaires… 2025 !
Sans compter de la part de la Belgique, de Chypre, de l’Estonie, de la Hongrie et de la France la commande géante de 1000 missiles Mistral. Commande qui faisait suite à celles de mars 2024, avec quelques 22,3 milliards d’euros à venir.
Missiles air-air, air-sol, anti-navires et antichars, défense antiaérienne, système anti-aéronautique sans pilote… En toute modestie, MBDA se veut désormais LE missilier de référence en France, en Europe et dans le monde. Rien qu’en 2023, la prise de commandes atteignait 9,9 Md€, soit +10%. Le chiffre d’affaires de 4,2 milliards d’euros pour 2024 a fait un véritable bond en avant. Un succès qu’MBDA doit aux demandes qui affluent de toutes parts pour des « besoins opérationnels urgents » relevant en grande majorité du domaine de la défense anti-aérienne, générateur de 70% des commandes engrangées.
Pari réussi pour l’entreprise qui mise sur une manne quasi inépuisable… celle de la mort ! Tout comme les Pompes Funèbres, les marchands d’arme ont une clientèle illimitée et ils le savent.
La corne d’abondance absolue de MBDA depuis trois ans… la guerre en Ukraine ! Ils en rêvaient, la Russie l’a fait !
Grâce à « l’effet Ukraine » dont on pouvait déjà deviner les prémices en 2014 lors du mandat de François Hollande, en 2017 le missilier avait déjà investi 15 millions d’euros pour rationaliser la production de ses Scalp et Exocet.
En 2024 c’est un plan d’investissement de 1 Md€ pour la France avec le doublement de la surface du site d’intégration du site de Selles-Saint-Denis dans le Loiret, répondant au besoin d’augmentation des capacités de production et à l’accueil d’activités supplémentaires. Stéphane Reb, directeur général, ne s’en cache pas « ce vaste projet d’agrandissement du site permet une augmentation des cadences de production notamment pour faire face aux besoins ukrainiens ». Sans oublier l’acquisition de nouvelles machines d’usinage, soudage, fraisage et ponçage pour le centre de production de Bourges, afin de répondre au plus vite aux enjeux d’accélération de la production. Car l’Ukraine est un fabuleux marché. Une corne d’abondance inépuisable que nul ne veut voir tarir !
MBDA a également autofinancé à hauteur de plusieurs centaines de M€ l’acquisition de sous-ensembles, de matériaux et de composants électroniques destinés à sécuriser ses approvisionnements dont 80 tonnes d’aciers spéciaux – pour un besoin annuel de 4 à 5 tonnes – et un stock de titane nécessaire pour la production de 3000 missiles, sans parler des réserves de composants électroniques conservés « très soigneusement ».
Résultats de cette politique, l’accélération de la fabrication du missile sol-air Mistral devrait voir multiplier par quatre sa production mensuelle tout en divisant par deux le cycle. Côté Camm, MBDA est en passe de tripler le volume cette année et de diminuer de 50 % le cycle de production afin de produire en moins de 18 mois d’ici à la fin de l’année. De même, courant 2025, le volume d’Akeron MP produits par mois aura été multiplié par 2,5 et son cycle réduit de près de moitié pour obtenir un volume à quatre chiffres.
Toujours grâce à la guerre en Ukraine, le carnet de commandes atteint des niveaux records de 17 milliards d’euros et le missilier a un programme d’investissement de 1,3 milliard d’euros d’ici 2028. Parmi les projets en cours, en 2024 MBDA dévoilait déjà aux côtés de Safran, un concept de roquette guidée à longue portée, la Thundart. Une version terrestre de l’armement air sol modulaire, une bombe guidée actuellement proposée par Safran et embarquée par les avions de combat. Dans sa version « sol » la Thundart sera adaptée à un lanceur terrestre capable d’envoyer 12 roquettes faisant fi des brouillage GPS à la fois, avec une portée de 150 km. L’idée n’étant pas de frapper des cibles mobiles, ce qui demanderait un système de guidage plus complexe et bien plus coûteux, mais bien de pouvoir assurer une certaine forme de saturation aussi bien contre des infrastructures fixes que contre des cibles d’opportunités qu’on aurait alors le temps de frapper avec qu’elles ne changent de position, grâce à la vitesse de déploiement et de déplacement de la roquette. Un FLP-T, qui pourrait par la suite donner lieu au développement d’un missile pouvant porter jusqu’à 500 km environ. L’autre nouveauté de MBDA France en matière de frappe à longue portée : l’adaptation du missile de croisière terrestre (MdCT), qui pourra désormais être intégré dans un lanceur mobile placé sur un camion. Et les projets ne s’arrêtent pas là !
Pour sortir de sa seule étiquette de « missilier » MBDA se lance dans l’innovation et les nouvelles technologies dans les domaines de l’intelligence artificielle, du cyber, et de l’espace. L’hypersonique, principalement drainé par HYDIS, un projet européen rassemblant une cinquantaine d’acteurs de 14 pays au sein du consortium AQUILA vise à conceptualiser des solutions d’intercepteurs hypersoniques. La gestion de cette phase de définition, créditée de 14 pour 2024-2027, sera bientôt confiée à l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement (OCCAR).
Le groupe a également franchit de nombreux jalons dans le domaine des armes à énergie dirigée. Résultat d’un investissement de plus de 100 M€, l’arme laser DragonFire conçue par la branche britannique avec Leonardo et QinetiQ a réalisé un premier tir d’essai haute puissance contre des cibles aériennes. De même CILAS, codétenue avec Safran dont le système anti drones HELMA-P testé lors des Jeux olympiques de Paris, a donné lieu à une réflexion qui nécessite non seulement de caractériser les effets du laser sur certains matériaux mais aussi d’avancer sur les matériaux résistants aux systèmes adverses et susceptibles d’être utilisés sur les missiles de demain. Dans un autre registre, les munitions téléopérées (MTO) relèvent d’un segment que MBDA qualifie d’en « croissance » et pour lequel « il y a des besoins très importants ». Mais s’il est aisé de travailler sur les drones, transformer ceux-ci en système d’arme, intégrer un effet militaire et s’assurer que cet effet agira exactement comme attendu au bon moment n’est pas aussi évident. Néanmoins MBDA maîtrise parfaitement ce volet pyrotechnique. Une compétence mise à profit pour les projets de MTO Larinae et Colobri lancé l’an dernier par la DGA et l’Agence de l’innovation de défense (AID).
Enfin et surtout, MBDA mise sur l’intelligence artificielle pour « augmenter » les offres de son catalogue.
Rien d’étonnant par conséquent à ce qu’Emmanuel Macron refuse tout idée de paix. Quoi de plus intéressant en effet que de jouer à la guerre avec la vie des autres. Et puis il faut bien que MBDA puisse tester ses nouveautés grandeur nature pour que la France continue à demeurer dans le trio de tête des ventes d’armes. Après tout, c’est tout ce qu’il lui reste !
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MBDA, la mort leur va si bien !