La militarisation d'abord, le nationalisme ensuite...

Dans le narratif que les autorités ruSSes enseignent aujourd'hui aux jeunes élèves,
il  n'est bien sûr fait mentions nulle part de la complicité du régime soviétique avec l'Allemagne et le nazisme.
En commençant par le traité de Rappalo en 1922 où les soviétiques autoriseront les allemands à fabriquer des armes et des chars sur le sol russe, de former des militaires et des aviateurs permettant aux autorités allemandes d'échapper au contrôle des vainqueurs de 14/18.
Puis le célèbre traité de Moscou, le fameux pacte de non agression, voulu et négocié par Staline, qui donnera un blanc seing aux nazis sur leurs ambitions hégémoniques en échange du partage de la Pologne et quelques autres territoires.
Et donc le principal responsable de la mort de millions de jeunes soldats russes c'est d'abord Staline.
Il s'est servi d'eux pour masquer sa complicité coupable avec Hitler.
D'ailleurs quand Hitler lancera ses troupes sur le sol russe, Staline a dans un premier temps refusé de le croire tant il était persuadé que ses accords avec le dictateur allemand le protégerait de toute agression.
Le nationalisme est arrivé plus tard, à partir de 2014, et encore… Même après l’annexion de la Crimée et le début de la guerre dans le Donbass, ce n’était pas les Russes contre les Ukrainiens, mais « nous » contre « eux », les méchants.
Le nationalisme s’est imposé en 2022, avec la résistance des Ukrainiens. Les discours sont devenus de plus en plus anti-Ukrainiens, soutenus par des séquences de haine quotidiennes à la télévision. Et cela a produit un révisionnisme total de la seconde guerre mondiale. Au début de l’invasion de l’Ukraine, des deux côtés du front, les combattants russes et ukrainiens disaient la même chose : « Les Nemtsy [Allemands] arrivent ! Les Nemtsy bombardent ! »
Cela a été rapporté à la fois par des journalistes russes et ukrainiens, mais, à la différence de Moscou, Kiev n’a jamais exploité la face sombre de l’histoire côté russe, notamment le rôle joué par Andreï Vlassov [général de l’Armée rouge chargé de briser le blocus de Léningrad, qui finira par rejoindre et combattre avec les troupes d’Hitler avant d’être arrêté et pendu le 1er août 1946 à Moscou].
En Russie, c’est tout le contraire. Alors qu’hier Russes et Ukrainiens étaient ensemble, c’est devenu « pendant que les Russes prenaient Berlin, les Ukrainiens massacraient des juifs avec les Allemands ». Maria Zakharova [porte-parole du ministère des affaires étrangères russe] insiste toujours sur la division « Galitchina » [14e division SS de Galicie composée d’Ukrainiens]. Fini, le temps des films soviétiques héroïques qui se passaient en Ukraine, comme Seuls les vieux vont au combat [réalisé par Leonid Bykov, et sorti en 1974, il raconte la bataille farouche d’une escadrille de chasseurs ukrainiens contre les troupes d’Hitler pour le contrôle du Dniepr à l’été 1943]. Il fallait détruire tout ça.
Ces discours ne concernent d’ailleurs pas seulement les Ukrainiens, mais également les Polonais, les Lituaniens…