Sujet : Re: Ukraine
De : pc (at) *nospam* ue.com (P Cormoran)
Groupes : fr.soc.politiqueDate : 12. May 2025, 20:04:58
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Lebref a utilisé son clavier pour écrire :
P Cormoran :
>
Lebref :
Si vous voulez agresser Poutine et lui fournir des prétextes pour
surenchérir, je n'y vois pas d'inconvénient, c'est un choix, mais ne
vous plaignez pas des conséquences dont vous chérissez les causes.
Donc, si un pays envahit, bombarde, annexe et déporte, la faute
reviendrait à ceux qui lui résistent ou le sanctionnent ? C’est
exactement le raisonnement que les dictatures adorent entendre : la
responsabilité des violences pèserait non sur l’agresseur, mais sur ceux
qui refusent de céder. Ce n’est pas du réalisme, c’est une abdication
morale. Poutine ne "surenchérit" pas parce qu’on le provoque, il le fait
parce que c’est le coeur de sa stratégie.
>
Oui, aussi, mais si vous tendez le bâton à Poutine, n'attendez pas qu'il
n'en use pas pour vous fustiger.
>
Notez cependant que là nous tournons en rond dans l'argumentation. >
Deux remarques d'ordre plus général relatives à notre échange, dont vous
ferez ce que bon vous semblera, ou pas :
>
- vous utilisez souvent le terme de dictature, dont je devine qu'il porte
un jugement négatif sur le régime concerné, mais il me semble que ce point
n'a qu'une importance assez secondaire, les démocraties bourgeoises ayant
très souvent fait la démonstration dans les relations internationales
d'une absence de scrupules qui n'a rien à envier aux régimes qualifiés
d'autoritaires ou dictatoriaux.
>
- vous vous placez régulièrement sur le terrain moral, intimement persuadé
de votre (devrais-je dire notre ?) supériorité sur ce plan, mais là encore
c'est extrêmemnt discutable et n'apporte qu'assez peu au débat dans un
rapport de force et une situation conflictuelle ouverte.
Vous avez raison sur un point : les démocraties ne sont pas exemptes de compromissions ou d’hypocrisie — la realpolitik n’est pas l’apanage des régimes autoritaires. Mais la forme d’un régime n’est pas un détail : dans une démocratie, il existe au moins des contre-pouvoirs, une presse libre, une société civile, des élections contestables — autant de choses impossibles en Russie. Cela ne garantit pas la vertu, mais cela permet la contestation, la sanction, le débat. Ce n’est pas secondaire, c’est structurant.
Quant à la morale, je n’ai pas besoin d’invoquer une supériorité abstraite. Mais si on renonce à toute boussole éthique sous prétexte que "tout se vaut" ou que "le monde est cynique", alors il ne reste que la loi du plus fort. Et dans ce cas, pourquoi blâmer Poutine ? Pourquoi même discuter ? Si on accepte que seul le rapport de force compte, alors il faut aussi accepter la guerre comme mode d’arbitrage permanent. Moi, je refuse cette résignation.