Re: Les 13 agressions de Poutine en France

Lebref a utilisé son clavier pour écrire :

P Cormoran :
>

Lebref :
 

Je vous accorde volontiers que l'hostilité française envers la Russie
remonte à plus loin que Macron ; j'ignore en fait si la France a cessé
d'être agressive à la fin de l'URSS ou s'il y a eu une continuité.

 C’est précisément le contraire : après la chute de l’URSS, la France —
comme l’ensemble des pays occidentaux — a fait le pari d’un
rapprochement avec la Russie. On a ouvert les marchés, soutenu son
adhésion au G8, créé des forums comme le Conseil OTAN-Russie, et signé
des partenariats. Même après la guerre en Tchétchénie, l’invasion de la
Géorgie ou l’annexion de la Crimée, le dialogue n’a jamais été rompu.  Ce n’est pas la France qui a été agressive : c’est le Kremlin qui a
progressivement glissé vers un régime autoritaire, nationaliste et
expansionniste, convaincu que l’Occident était un ennemi et qu’il
fallait l’affaiblir. C’est cette hostilité qui a ressurgi à partir de
2014, puis explosé en 2022 avec l’invasion totale de l’Ukraine.  Alors non, il n’y a pas eu continuité dans une soi-disant "agressivité
française". Il y a eu au contraire beaucoup de patience… parfois même
trop.

>
J'ai gardé le souvenir d'une OTAN avançant de plus en plus vers les
frontières russes et de révolutions colorées - fomentées et financées par
le département d'Etat US - dans tous les pays d'Europe orientale, mais je
vois mal comment vous pourriez le reconnaître alors que le seul but
poursuivi par l'anglosphère - dont Macron n'est que le valet fidèle -
depuis les années 90 est de faire main-basse sur les matières premières
russes et de dépecer l'empire.
>
Poutine n'est pas arrivé par hasard, c'est la réponse de l'Etat profond
soviétique à la tentative d'accaparement de toutes les richesses russes
après Gorbatchev sous l'ère Eltsine.
>
Je ne souhaite pas que Poutine écrase la France malgré ma détestation du
régime de Macron, mais j'espère pour la Russie qu'elle ne tombera pas dans
l'escarcelle de la bourgeoisie anglo-américaine.

Je comprends cette lecture géopolitique, mais elle repose sur une vision très orientée des faits. L’OTAN n’a jamais forcé un pays d’Europe de l’Est à l’intégrer — ce sont *ces pays eux-mêmes* qui ont demandé leur adhésion, après des décennies passées sous domination soviétique. Ils ont choisi l’OTAN et l’Union européenne par crainte de la Russie, pas sous la contrainte des États-Unis.
Quant aux "révolutions colorées", elles ont été avant tout des mouvements populaires contre des régimes corrompus ou autoritaires. Bien sûr, les puissances étrangères ont des intérêts, mais réduire ces soulèvements à des opérations de la CIA, c’est nier la volonté des peuples concernés.
Concernant la Russie, personne ne conteste que les années Eltsine ont été un chaos économique — mais la dérive autoritaire de Poutine, son culte de la force, son révisionnisme historique et son expansionnisme militaire ne sont pas une fatalité imposée de l’extérieur. *Ce sont des choix politiques faits au Kremlin*
Enfin, le discours du "dépècement de la Russie par l’Occident" relève plus de la rhétorique de guerre que d’un projet réel. Aucun pays de l’OTAN ne souhaite envahir la Russie. Par contre, la Russie, elle, a envahi un pays voisin souverain, et continue de bombarder ses villes.
Vouloir défendre la souveraineté russe est une chose. Mais justifier l’agression, l’annexion et la guerre totale au nom d’une vieille revanche historique, c’en est une autre.