Il se trouve que Laika (Fe Dhc Ph.D) a formulé :
Le 3/06/25 à 14:42, Buk a écrit :
https://youtu.be/pkXGtE8_cig
>
A bas les bourgeois.
L'œuvre du génial malentendant regorge de
pièces qui font la joie de n’importe quel maître
d’harmonie.
Alors que je quittais la tenue, avec dans l’oreille
l’Ode à la Joie de Ludwig van Beethoven, symphonie n°9,
un Frère m’interpelle : « Ah ! cette musique maçonnique, quelle beauté ! ». Encore un, pensai-je, qui prend
l’extraordinaire Ludwig pour un Maçon. Mais encore une
erreur historique. Non, trois fois non, contre toute apparence, Beethoven (1770-1827) ne fut jamais maçon.
Plusieurs commentateurs ont répandu ou accrédité la thèse de l’appartenance maçonnique de Beethoven, de façon péremptoire. Après de solides recherches
dans les archives maçonniques, tant en Allemagne
qu’en Autriche, rien ne prouve cette thèse. S’agissant
d’un compositeur d’une telle importance, son appropriation par les Maçons était plausible, et pour cela ils
avancent des hypothèses fondées sur le caractère de
certaines œuvres.
Ce n’est pas parce que Beethoven a côtoyé dans
sa vie des Francs-maçons que lui même le devint, comme Goethe ou Rodolphe Kreutzer (1766-1831), violoniste
de génie, membre de la loge La Concorde à l’Orient de la
Cour à Versailles. Ludwig l’entend à Vienne en 1803 et
lui dédie sa sonate pour violon n° 9, qui devient « sonate à Kreutzer ».
Trois preuves qui ne résistent
à aucun examen
Toujours pour accréditer cette thèse, certains
exégètes trouvent des « preuves » dans son œuvre,
au nombre de trois ! La mystérieuse suscription portée
par le compositeur sur le manuscrit de l’Adagio du
7ème Quatuor en fa majeur, op. 59, n° 1 : « Un saule
pleureur ou un acacia sur la tombe de mon frère ».
Le saule pleureur ne fait pas partie de la symbolique
maçonnique ; quant à l’acacia, ce n’est pas une
exclusivité de l’Ordre, la Bible cite cet arbre plusieurs
fois, car c’est un bois imputrescible. On attribue aussi
au compositeur deux lieder maçonniques : « A l’initiation
d’un Maçon » (Bei der Aufnahme eines Maurers), et
« Questions maçonniques » (Maurerfragen). Il s’agit de
deux textes qu’il avait mis en musique en 1790 et qui
n’avaient rien de franchement maçonnique.
C’est dans « l’Ode à la joie » de la 9ème
Symphonie qu’on a cru trouver la preuve ultime de
l’appartenance de Beethoven à notre Ordre. Un passage
du finale du second acte de son opéra Fidelio comporte
la phrase : « un frère qui cherche ici ses frères, heureux
de les aider s’il le peut », montre bien, d’après certains,
que Beethoven en est. La encore, l’antithèse est
commode : le lied de Schiller (1759-1805), écrit en 1785,
fut souvent dit et chanté dans les Loges allemandes,
et particulièrement en Rhénanie, mais ô désespoir !
Schiller lui-même ne fut jamais Franc-maçon !
Schiller et Beethoven partagent avec les Francsmaçons bien des convictions. Beethoven a exalté la
fraternité universelle des hommes de bonne volonté,
exprimé la certitude de l’existence d’un Dieu créateur.
Les idéaux humanistes de fraternité universelle, de
liberté et de justice étaient les siens. Mais on n’y peut
rien, Beethoven ne fut jamais un compagnon de route
de la Franc-maçonnerie. A propos de Beethoven, le regretté Philippe Autexier écrivait : « Il nous faut nous
méfier de ce qu’il nous ferait plaisir de croire ».
L’Ode à la joie exalte les cœurs
comme au premier jour
Malgré cette déconvenue (relative), continuons
d’écouter, lors des tenues, l’Ode à Joie et, pour ce,
je propose deux magnifiques enregistrements de la
Symphonie n° 9, par Wilhelm Furtwängler, enregistrée
le 22 août 1954 au Festival de Lucerne (Productions
Tahra, 1 allée Georges Bizet à Bezons 95850), avec
comme soprano Elisabeth Schwarzkopf ! Et, du même
génial chef, chez Deutsche Grammophon, pour le
150ème anniversaire du Wiener Philharmoniker, de 1953.
Enfin toute l’œuvre de Beethoven, en cinquante
compacts en un seul coffret, chez EMI Music France.
La 9ème est placée sous la direction d’André
Cluytens, enregistrement de 1960 avec l’orchestre
Philharmonique de Berlin. Ce coffret rassemble les
meilleurs enregistrements tant des symphonies que
des concertos pour violon et sonates pour violon et
piano. Largement de quoi trouver un accompagnement
musical de qualité pour une tenue.