Sujet : Re: Démontre t-on en sciences ?
De : none (at) *nospam* no.invalid (Thomas Alexandre)
Groupes : fr.sci.zetetiqueDate : 22. Jan 2025, 17:15:47
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Le Fri, 17 Jan 2025 09:53:59 +0100, Paul Aubrin a écrit :
Contrairement à une croyance répandue, les sciences ne PROUVENT rien.
La méthode scientifique permet de prouver expérimentalement qu'une
hypothèse "réfutable" peut être fausse. Et vous le savez pertinemment.
Pourquoi un énoncé aussi provocateur que faux ?
Quiconque dit "la science prouve que..." s'illusionne ou ment.
NB : pour autant la position opposée, comme rien ne peut être prouvé les
sciences n'apporteraient rien est tout aussi incorrecte.
Donc plutôt que de dire que la science s'occupe d'énoncés falsifiables (au
sens de Popper) vous préférez dire une chose et son contraire tout en
affirmant que les deux propositions sont fausses.
Il est important de définir le terme "preuve" dès le départ. Lorsque
nous disons que la science ne peut rien prouver, nous voulons dire
qu'elle ne peut pas démontrer que quelque chose est absolument,
certainement et sans équivoque vrai.
Ce qui est une caricature d'autant plus grossière que nous savons depuis
l'antiquité qu'aucune connaissance propositionnelle *totalement justifiée*
n'est possible. C'est le fameux trilemme d'Agrippa.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Trilemme_de_M%C3%BCnchhausenSi vous devez justifiez chaque proposition vous avez trois options :
_ la régression à l'infini (pas cool)
_ le diallèle (pas cool non plus)
_ l'arrêt dogmatique (le seul tenable)
cf : LE SCEPTICISME - Le trilemme d'Agrippa | Grain de philo #14 (Ep.2)
https://www.youtube.com/watch?v=Gqu6Di353okPar exemple, nous sommes très, très
certains que la terre tourne autour du soleil (héliocentrisme), mais
plus précisément, pour être complètement exact, elle tourne autour du
barycentre terre-soleil.
Ou encore que la Terre suit une trajectoire rectiligne uniforme dans un
espace courbé par la masse du soleil.
Mais là vous entrez encore dans un autre champ, plutôt sémantique au fond
(pas que) qui touche non pas à la connaissance mais à la notion même d'un
énoncé *vrai*.
Ce n'est pas un hasard (ha! - inside joke) si Galilée écrivait que les lois
de la Nature sont écrites en langage mathématique et que ces mêmes
mathématiques sont au coeur de toute la science moderne.
Mais est-ce que ça veut dire que la Nature *est* mathématique (position
pythagoricienne - tombée en désuétude) ou bien que les mathématiques sont
le *langage* le plus précis dont nous disposons pour interroger la Nature ?
En revanche, les mathématiques peuvent fournir des preuves. Les
mathématiques sont constituées d'axiomes, d'où l'on tire des lois, des
règles et des théorèmes qui sont absolument vrais sous condition des
axiomes en question.
Voilà : "absolument" vrais **sous condition** des axiomes en question
(supposés vrais mais non démontrés - par définition) donc pas "absolument"
du tout mais bien **totalement relatifs** aux axiomes choisis.
Ben oui.
L'incertitude n'apparaît que lorsque l'on applique
les lois mathématiques aux observations de l'univers physique, ce qui
est l'objet principal des sciences.
Encore un autre sujet : celui de l'incertitude de la mesure (et
accessoirement celui du problème de l'interprétation de la mesure).
Vous évoquez beaucoup de concepts, certes liés mais distincts, plutôt en
pagaille de prime abord et visiblement dans le seul but de tenter de
justifier votre proposition inutilement provocatrice "les sciences ne
PROUVENT rien" qui se réfute pourtant facilement avec l'efficacité de la
science : si la science ne peut rien prouver comment se fait-il qu'elle
soit si efficace ?
-- "Ce qu'il faut au fond pour obtenir une espèce de paix avec les hommes,(...) c'est leur permettre en toutes circonstances, de s'étaler, de sevautrer parmi les vantardises niaises. Il n'y a pas de vanitéintelligente. C'est un instinct." - Céline