L'incendie, autrefois essentiel au cycle de la forêt, menace désormais de la détruire

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Sujet : L'incendie, autrefois essentiel au cycle de la forêt, menace désormais de la détruire
De : serpan06 (at) *nospam* free.fr (Canta Galet)
Groupes : fr.soc.environnement
Date : 17. Jul 2023, 14:33:25
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Les troncs morts s'élancent vers le ciel. Ils se dressent comme des fantômes, créant d'immenses taches blanches dans le vert intense de la forêt. A leurs pieds, de petits arbustes et des herbes sont le symbole de la lutte de la nature pour reprendre ses droits. "Jamais de mon vivant, je ne reverrai un épicéa dans ces collines", dit tristement Harvey Sykes, 70 ans, ancien ouvrier de l'industrie pétrolière.

En pleine forêt boréale, la région de Fort McMurray en Alberta dans l'ouest du Canada, connue pour être le plus grand complexe industriel de sables bitumineux du monde, porte encore les stigmates du gigantesque incendie de mai 2016. "Cet incendie, c'était un monstre", raconte l'homme, chemise à carreaux rouges sur le dos, en montrant les collines alentours par lesquelles le feu est arrivé.

Un mur de flammes, des nuages de fumée, une visibilité réduite sur des kilomètres et, au milieu, près de 90.000 habitants qui tentent de fuir dans le chaos par l'unique route d'accès. "Un feu comme ça, vous ne l'affrontez pas. Vous vous levez, vous sortez de là", se souvient Harvey Sykes qui, comme beaucoup, a tout perdu à l'époque, sa maison, ses biens, les souvenirs d'une vie.

Cet incendie reste la plus grosse catastrophe de l'histoire du Canada avec plus de 2.500 bâtiments détruits et un coût de près de 10 milliards de dollars canadiens (7,30 milliards d'euros). Un traumatisme dans le pays qui a vu, pour la première fois, ses habitants être directement percutés par les conséquences du réchauffement climatique sur la forêt boréale.

Aujourd'hui, ces mégafeux se multiplient en Alaska, au Canada ou en Sibérie. Ils sont l'un des plus grands dangers pour la forêt du nord. Tout un paradoxe, car les feux font partie intégrante de son histoire. Au même titre que le soleil ou la pluie, ils sont essentiels à son évolution. Notamment parce qu'ils libèrent de précieux éléments nutritifs présents dans le parterre forestier et créent des percées de lumière dans la canopée qui stimulent la croissance de nouveaux arbres.

En forêt boréale, ce sont les feux de cime qui dominent, plus intenses et difficiles à combattre que les feux de surface. Les feux de tourbière peuvent résister tout l'hiver sous la neige, produisant d'importantes quantités de fumée et d'émissions de monoxyde de carbone.

Résistantes au grand froid, toutes les plantes se sont adaptées au feu, comme les peupliers tremble qui brûlent vite mais repoussent facilement grâce aux rejets souterrains. Certaines en sont même dépendantes, tels le pin gris ou l'épinette noire dont les cônes s'ouvrent et libèrent des graines au passage des flammes.

Mais les données recueillies au cours des dernières décennies indiquent que la fréquence des feux et leur intensité ont atteint un niveau anormal. "On se retrouve avec une saison des feux qui est plus longue, plus sévère. Ils sont plus intenses et couvrent de plus grandes superficies", constate Yan Boulanger, chercheur en écologie forestière pour le ministère canadien des Ressources naturelles.

Les incendies détruisent deux fois plus de couverture forestière dans le monde qu'au début du siècle et 70% des surfaces dévorées par les flammes en 20 ans concernent les forêts boréales, ont confirmé en août des données satellitaires compilées par le Global Forest Watch (GFW), le World Resources Institute (WRI) et l'université du Maryland.

Les vagues de chaleur extrême sont désormais cinq fois plus probables qu'il y a un siècle et demi, estiment ces experts. Et le réchauffement frappe particulièrement les régions septentrionales, dont la zone boréale, puisque les températures y augmentent deux à trois fois plus vite que sur l'ensemble de la planète.

L'excès de chaleur entraîne plus d'éclairs, qui déclenchent souvent les incendies les plus dévastateurs, poursuit Yan Boulanger, 42 ans, passionné de météo à la longue barbe brune. La destruction de la forêt par ces incendies entraîne des émissions massives de gaz à effet de serre, ce qui aggrave encore le changement climatique en l'auto-alimentant. Et si les incendies sont l'une des manifestations extrêmes de la hausse des températures, ses conséquences sont plus vastes encore.



Date Sujet#  Auteur
17 Jul 23 * L'incendie, autrefois essentiel au cycle de la forêt, menace désormais de la détruire2Canta Galet
17 Jul 23 `- Re: L'incendie, autrefois essentiel au cycle de la forêt, menace désormais de la détruire1PaulAubrin

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