Re: « Les pôles comme les glaciers sont devenus de véritables bombes climatiques »

Le vendredi 2 février 2024 à 09:21:04 UTC+1, Paul Aubrin a écrit :

Le 02/02/2024 à 08:56, Canta Galet a écrit :

 
"Le fléau n'est pas à la mesure de l'homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c'est un mauvais rêve, ça va passer."
 
"On croit difficilement aux fléaux lorsqu'ils vous tombent sur la tête."
 
A. Camus.
La Peste.
 
A méditer.
 
 
Je reviens d’une mission en Antarctique organisée par l’Institut polaire français Paul-Emile-Victor sur nos bases scientifiques Dumont-d’Urville et Concordia. Leurs chercheurs nous ont confirmé que, à la fin de l’hiver austral de 2023, la banquise antarctique avait connu sa plus faible surface de toute l’histoire des relevés. C’est ici également que, le 22 mars 2022, dans la station franco-italienne Concordia, nous avions constaté une température de plus de 40 °C par rapport aux normales saisonnières.
 
https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/02/olivier-poivre-d-arvor-les-poles-comme-les-glaciers-sont-devenus-de-veritables-bombes-climatiques_6214359_3232.html

Ce ne sont pas les températures "globales" qui jouent le rôle le plus
important pour la masse de glace du continent antarctique puisqu'elles
sont presque partout et presque tout le temps négatives.
Côté gains de masse, ce sont les précipitations (très faible
l'Antarctique est un désert) qui comptent, côté pertes, c'est le lent
flux des glaciers qui coulent vers l'océan qui jouent le rôle principal.
 
Wei Wang et al 2023 Environ. Res. Lett. 18 124012DOI
10.1088/1748-9326/ad0863
 
Résumé :
 
La calotte glaciaire de l'Antarctique (AIS) est sensible au changement
climatique mondial, et sa perte de masse a été de 92 ± 18 Gt an -1 entre
1992 et 2020. Compte tenu du réchauffement climatique intensif actuel,
nous étudions les changements de masse de l'inlandsis antarctique de
janvier 2003 à décembre 2022, en utilisant les ensembles de données
gravimétriques et atmosphériques récemment publiés. Les résultats
montrent que la perte de masse continue de l'EAE entre 2003 et 2020
était de 141,8 ± 55,6 Gt an-1 . Cependant, l'EAE a enregistré un gain de
masse record de 129,7 ± 69,6 Gt an -1 entre 2021 et 2022. Au cours de
cette période, le gain de masse sur l'EAE Est et la péninsule
antarctique a été sans précédent au cours des deux dernières décennies,
et il a dépassé la perte de masse dans le secteur Amundsen de l'EAE
Ouest entre 2003 et 2022. L'analyse à l'échelle du bassin montre que le
gain de masse s'est principalement produit sur les terres Wilhelm II,
Queen Mary, Wilkes et la péninsule antarctique en raison de
précipitations anormalement élevées. Un examen plus approfondi révèle
qu'au cours de la période 2021-2022, une paire de systèmes de haute et
basse pression symétriquement distribués, situés à environ 120°W et 60°E
dans l'océan Austral, a été à l'origine des précipitations et de
l'accumulation de masse anormales observées.

La fonte de 200 gigatonnes (~ 200 km³ d'eau de fonte) de calotte glaciaire antarctique provoque une élévation du niveau des océans(~350 millions de km²) de 200/350e6 = 0.6 millimètres.

Sejam