Diversité dans les manières d'apprécier la musique

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Sujet : Diversité dans les manières d'apprécier la musique
De : voir_le_reply_to (at) *nospam* car_ici.invalid (Gerald)
Groupes : fr.rec.arts.musique.classique
Date : 10. Dec 2021, 17:40:47
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Je reprends, avec un titre approprié, ce qui pourrait être un fil utile
et collaboratif : sur les manières qu'ont les participants à ce forum,
de "vivre" leur goût pour la musique (classique, mais peut-être pas
seulement ?).

Je vous invite à vous décrire.

Il y a des univers connus : les audiophiles par exemple, qui
privilégient le "son", les spécialistes d'un compositeur ou d'une
époque, ceux qui suivent les concerts "vivants"... tous également
respectables et différents.

Le monde actuel (occidental) vit dans un bruit perpétuel qui se prétend
musique (que j'appelle music-business). Certains, dont je suis, ont le
privilège de vivre dans une vraie bulle de silence naturel. D'autres
composent avec le réel et le possible pour ménager des conditions
d'écoute convenables (pour la musique enregistrée principalement).

Dans tous les cas, il y a "le moment" où on *choisit* d'écouter une
œuvre. De "crever le silence" (merci Goldman), "silence éternel des
espaces infinis" (merci Pascal (Pensées) et la citation qu'en fait A.
Astier dans l'Exoconférence). Quel est-il pour vous ? Comment s'opère
votre choix ? Pouvez-vous décrire votre état d'esprit ? Antérieur,
contemporain, et postérieur à l'écoute ? (le déroulé du temps est
vraiment partie intégrante de la musique !)

--------

Mon cas est spécifique, mais il ne sera pas dit que je me défile :

J'écoute peu de musique en fond sonore. Quand je le fais, c'est pour
"meubler", par exemple un trajet auto, pour le faire dans une certaine
sérénité. Pour l'essentiel de mes journées, le tic tac de la pendule
représente les "crêtes" du bargraphe ! :-)

Souvent, quand j'écoute de la musique enregistrée, c'est avec
l'accompagnement de supports écrits. Parfois (rarement) la partition,
plutôt le livret (œuvres vocales), les commentaires accompagnant le CD,
ou ceux liés à l'œuvre (une page wikipédia, par exemple), mais aussi des
livres permettant de "plonger" dans l'œuvre : Cantagrel ou Schweitzer
pour J.S. Bach, par exemple. Il y a souvent un projet de "découverte" à
l'origine de l'écoute, soit initiale soit d'investigation plus poussée
Un exemple : l'album qui vient de sortir chez Harmonia Mundi de William
Christie (et les Arts Florissants) et Théotime Langlois de Swarte,
consacré à Jean-Marie Leclair et Jean-Baptiste Senaillé. Bon, le premier
est pour moi un "régional de l'étape", c'est un lyonnais injustement
méconnu pour cause de "provincialisme", mais je découvre l'existence du
second, et je suis donc intéressé à tenter d'en savoir plus. Vidéo de
présentation sur Fessebouc
<https://www.facebook.com/harmoniamundiinternational/videos/928394568115314>.
Je recommande. Dispo sur Apple Music et autres.

Mais il y a aussi les moments où je me mets à un instrument. De passif
(relativement) je deviens pleinement actif. Chaque note "troue" le
silence, prend sa place dans le temps, la durée mais aussi... le temps
qu'il fait de l'autre côté de la porte-fenêtre : étendue neigeuse depuis
ce matin, ciel plombé, arbres nus, temps d'hiver... qui me tire vers
Beethoven, Schubert ou Chopin sur un de mes pianos XVIIIe favoris, le
J.B. Streicher de 1852, ou le Sebastien Erard de 1849 ces temps...
Tenter d'assurer une certaine justesse, donc se battre avec les doigtés
et un peu de rigueur temporelle, tenter de comprendre le sens d'une
mélodie ou d'une cadence, d'une indication, confronter les sources
(merci IMSLP !), privilégier les "Urtext" (à ce sujet, ne pas rater cet
épisode de "Musica Enchiriadis"
<https://www.dailymotion.com/video/x84xvz9>), essayer d'imaginer comment
le ressentirait un auditeur potentiel... se faire humble en permanence
et sur tous les plans... toujours descendre, réduire, simplifier,
épurer... Mon modèle, dans ce domaine : Pierre Hantaï
<https://www.youtube.com/watch?v=C-cKoprJVtE> avec juste un reproche sur
cette version : le non respect des reprises, qui sont pleinement
justifiées au clavecin à deux claviers par la possibilité de changement
de "timbre" (comme le fait Edith Picht-Axenfeld dans son excellente
version des mêmes)

Je témoigne juste (des fois que ça inspire) du côté très magique que
représente le feedback entre la création du son et son retour à
l'oreille : dans certains cas, c'est véritablement extatique.

hth,

--
Gerald


Date Sujet#  Auteur
10 Dec 21 o Diversité dans les manières d'apprécier la musique1Gerald

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