Re: Menuhin

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Sujet : Re: Menuhin
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Groupes : fr.rec.arts.musique.classique
Date : 14. May 2023, 10:45:21
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Le samedi 13 mai 2023 à 17:35:25 UTC+2, Alain CF a écrit :
Salut, forum.
 
Un service de vidéos en ligne, ayant flairé le bon client, m'a suggéré de
visionner un documentaire sur Yehudi Menuhin. Je l'ai trouvé consternant,
à la fois pour ce qu'il dit et pour ce qu'il ne dit pas. Bref.
 
Il est ici suggéré, sans que cela soit affirmé, que l'art du grand
violoniste fut en relatif déclin après la seconde guerre mondiale. Je ne
sais pas si c'est le cas (mais si ça l'était, chacun pourrait le
comprendre). Plus exactement, il faudrait entendre que le jeune génie
d'avant-guerre serait devenu un virtuose, hors du commun certes, mais ne
régnant plus sans partage sur la vie musicale, comme on avait pu
l'affirmer avant 1940. Encore une fois j'extrapole, peut-être à tort, et
c'est pourquoi je sollicite votre avis : placeriez-vous Yehudi Menuhin "de
la maturité" au même rang qu'un Oistrakh ou qu'un Heitfetz ?
 
(désolé si la question apparaît comme une provocation, ce n'est pas mon
but).
 
--
Alain CF
De mémoire, car cela fait longtemps...
Très rapidement des problèmes techniques sont apparus.
Le jeune Menuhin était un virtuose "intuitif". Le monde musical fut ébloui par une présence virtuose hors norme. Des tensions musculaires ont toutefois été rapidement générées. Curieusement, Menuhin n'avait pas de problème avec la main gauche (la diabolique justesse violonistique) mais avec la droite et la conduite de l'archet: une impossibilité de maîtriser la ligne, une crispation qui empêchait le contrôle. Il a alors tout essayé: "cours traditionnels", yoga. Rien n'a vraiment fonctionné car sa conduite de l'archet avait toujours reposé sur une intuition...et il l'avait perdue...
Remarque personnelle qui est me semble-t-il complètement ignorée:
Le grand moment de crise semble avoir été celui des années cinquante. La rencontre à Prades avec Pablo Casals est en ce sens merveilleuse et fascinante. Le jeune virtuose qui perdait le controle de l'archet venait se réfugier auprès du vieux sage  qui perdait également le même contrôle au violoncelle. Le dialogue dans Brahms (les trios) est très impressionnant et émouvant  en ce sens. On y perçoit que les deux musiciens acceptent le fait que la fragilité technique peut être acceptée et dépassée, qu'une intonation imparfaite ou acide peut également se charger de musicalité si elle exprime quelque chose de l'oeuvre. L'enregistrement du 1er sextuor de Brahms (à nouveau!) à Prades est là encore extraordinaire, malgré la piètre qualité sonore de la source actuellement rendue disponible. Je sais que le second sextuor a également été enregistré, mais il n'a jamais fait surface (du moins ce que je dois conclure après des recherches assidues et acharnée ces dix dernières années dans les sphères très hermétiques de l'enregistrement pirate!...).
Pour compléter les enregistrements sur le vif, il y a également de magnifiques photographies des deux musiciens au travail!

Date Sujet#  Auteur
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