Re: Rachel Blanquet ??

Merci.
Il y a une troublante et tragique étrangeté à tenir tout à la fois tant et si peu.
S'il n'était la conservation et la numérisation du fascicule offert par Gallica, et la référence, neutre et coupante de son décès "issu du fichier des personnes décédées de l’INSEE", ou une dédicace de partition oubliée, que resterait-il?
Beaucoup: Une sonate de Dukas que je ne cesse de réécouter à présent. Car sous les doigts de Rachel Blanquer parait quelque chose que je n'avais perçu dans aucun enregistrement de cette sonate, tout en souhaitant pouvoir l'entendre un jour: cette subtilité et cette pudeur du "tragique français". Entendre cette oeuvre dans le style du piano de l'école française. Dès la première mesure du premier mouvement nous y sommes. Cette inéluctable scansion et ces appels à fleur de peau. La main gauche qui marque et perce, se lève, passe par dessus la droite dans le balancier de part et d'autre... Le glas et son martèlement inexorable, dissimulés dans la pudeur de battements intérieurs. Et tout cela dans le flottement des motifs de l'accompagnement au centre. Voilà le véritable esprit français enfin rendu. Tous les autres pianistes ne font qu'un insupportable whawha de vagues là-dedans, semblant ne se concentrer que sur le motif d'accompagnement en syncope -du pleurage- avec de vulgaires et affectés rubatos là où Dukas ne demande rien que rigueur et subtilité.
Tout l'équilibre de la sonate de Dukas, flottante, mystérieuse et simple enfin rendu. Hamelin, Duchable, Heisser, Hubeau, Ogdon et Fingerhut ruinent littéralement cette  sonate par un surinvestissement affecté: cette manière de souligner chaque intention qui fait perdre la seule intention d'ensemble: la sanction du temps qui palpite dans une sonorité de rêve, ne se fait oublier que furtivement pour mieux vous ramener à la réalité. Il n'y a que Vladimir Pleshakov qui fait également sentir cela, mais " à la slave"… sans les effets irisés qu'obtient Rachel Blanquer.
Tout ceci naïvement et pauvrement écrit ( ah les mots...et ce que l'on capable d'en faire...), je retourne écouter Dukas et Rachel Blanquer.

NB: Dans le maigre Obituarium de Mademoiselle (Madame?) Blanquer, il convient désormais d'ajouter que les registres numériques de Chat GPT conservent la trace d'une requête à son nom effectuée en date du 10 aout 2023 par un Paul&Miker qui se distingue par sa propension à questionner l'intelligence artificielle sur des sujets qui n'existent pas.