Re: L'informatique "musicale" existe-t-elle encore ?

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Sujet : Re: L'informatique "musicale" existe-t-elle encore ?
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Date : 30. Oct 2021, 06:32:45
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Le 29 octobre 2021 à 20:29, HB a écrit :


D'abord merci pour cette réponse concrète, utile et non polémique qui
anime sympathiquement ce forum moribond.

Nous sommes, en gros, d'accord sur l'essentiel. Je souhaite seulement te
contredire sur deux points :

Si la nécessité s'imposait, il me semble que les constructeurs
pourraient facilement faire évoluer les interfaces...

Comme je le disais : *aucune chance*, quelle que soit la nécessité ! Le
MIDI est un accident historique dû à des ingénieurs à qui on avait
laissé la bride sur le cou, sans contrôle, avec juste mission de sortir
"le meilleur" des connaissances théoriques d'alors.

Chez les constructeur pour qui je travaillais, les instruments
électroniques étaient jusque-là (jusqu'en 1983) tous analogiques. Et
parmi eux, le chiffre d'affaire des synthés n'était même pas de 1% du
reste (orgues électroniques essentiellement). Quand le premier synthé
numérique grand public a été dans les tuyaux, il a été décidé,
logiquement, de lui permettre de communiquer avec les instruments
d'autres marques via ce nouveau protocole issu des contacts avec les
centres de recherche musicale d'alors *dont* l'IRCAM.

Quand ce synthé s'est mis à avoir un succès sans précédent
(principalement à cause de son prix, plus de 5 fois inférieur aux
concurrents d'alors), la direction financière s'y est intéressée,
également à cause de l'échec commercial de certain autres appareils
également numériques et MIDI.

Là ils ont fait des bonds d'un mètre quand ils ont compris que le MIDI
permettait au consommateur de *choisir* dans chaque marque la "brique"
qu'il préférait, et donc d'oublier tranquillement toutes celles qui ne
lui plaisaient pas et leur restaient sur les bras.

Ils n'ont eu de cesse que de rendre à nouveau leurs consommateurs
captifs. Ça s'est fait en dix ans, le concept de workstation était né,
et l'idée d'une "chaîne à éléments séparés" façon chaîne hifi d'alors a
été oubliée.

Cette histoire des financiers "à la barre" et contrôlant désormais toute
décision "technique" s'est d'ailleurs étendue à toute la "lutherie"
électronique et a été à l'origine de l'échec ou de l'enterrement de
projets qui auraient pu être musicalement très significatifs.

En retour, les créateurs ont été touchés par la peur de voir leurs
œuvres devenir impossibles à exécuter faute d'outils "du commerce" mais
éphémères sur lesquelles elles reposaient. C'est le syndrome du NIH (Not
Invented Here) qui a touché, entre autres, l'IRCAM, et auquel ils sont
désormais très "attachés".
>
Enfin, en ce qui concerne des outils comme PD ou autres
je constate, non sans déception, que leur logique est très éloignée
d'une démarche compositionnelle "de base" et me semble plus proche
du travail d'un "ingénieur/programmateur"...

Nous différons très probablement "radicalement" sur la nature d'une
"démarche compositionnelle de base". Pas grave. Pour moi (et quelques
autres, y compris dans l'histoire !), la musique n'est pas constituée de
sons mais de *notes*. C'est même en cela qu'elle se distingue du bruit.

Par nature, ces notes peuvent avoir une représentation physique et
"chiffrée", et cette représentation, au fil du temps et en occident, par
la simple nécessité (amplifiée par l'émergence de la polyphonie), s'est
inscrite sur le papier dans un langage codé "quantifié". Le MIDI n'a
fait qu'en reprendre la logique en incluant (et c'est très important)
d'abord *l'interprétation* puis, plus tardivement et de manière
imparfaite, le positionnement dans le temps.

Le lien entre la physique et la musique ne date pas d'hier : les sources
disponibles le font au moins remonter à l'antiquité grecque et à
Pythagore, mais également aux philosophes, ...tant musique, philosophie
et mathématiques étaient considérées par eux comme intimement liées.

Max Patcher (nom original du logiciel) de Miller Puckette, devenu Pure
Data en version open source est, depuis le début, extrêmement
polyvalent, et peut se prêter à un grand nombre de démarches
compositionnelles. Pas toutes, on est d'accord, mais vraiment beaucoup.
Le travail avec ce logiciel se passe en deux temps : la création de
l'outil qui te convient (programmation) et son utilisation
(composition). Ces deux parties peuvent être disjointes, et pourraient
être conduites par des personnes différentes (métiers différents). La
version commerciale de Max 8, avec ses options de compilation, de
stand-alone et de "skins" permet d'ailleurs de créer sans difficulté des
outils dont les rouages peuvent rester à la fois inaccessibles et
opaques aux utilisateurs.

Mais, et c'est l'aspect auquel tu fais référence, il est souvent
considéré comme intéressant d'adopter la double casquette, et d'adapter
au fur et à mesure l'outil à l'utilisation musicale qu'on veut en faire.
C'est très voisin d'un luthier qui serait aussi instrumentiste et
compositeur, et qui créerait un nouvel instrument dont les
caractéristiques seraient prévues en fonction d'un projet musical précis.

--
Gerald


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