Re: Physionomies de la bohème 4 par Jules Levallois

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Sujet : Re: Physionomies de la bohème 4 par Jules Levallois
De : monsieur.karamako (at) *nospam* orange.fr (karamako)
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Date : 30. Jun 2023, 11:37:06
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Le 30/06/2023 à 11:10, karamako a écrit :
BAUDELAIRE ET SON MONDE. — LA CRÉMERIE DE LA MÈRE JOLIVET ET LE CAFÉ LUCOT (21 mars 1887)
Ce portrait de Baudelaire vingt ans après sa mort montre que sa place parmi les plus grands poètes français n’était pas encore acquise pour tous. Les adjectifs qui le qualifient ne sont pas très élogieux et Levallois, comme d’autres contemporains, voient surtout en Baudelaire un poseur, faux, malade de ses nerfs, malgré un talent qu’il ne peut contester.
Auguste Poulet-Malassis (1825-1878), le célèbre éditeur et ami des poètes, notamment de Baudelaire qui le rendit fou par ses incessantes vétilleries lors de la publication des Fleurs du mal, coudoya bien des tablées de la bohème. Socialiste, lors de la Révolution de 1848, il publia L’Aimable faubourien, Journal de la canaille dont nous avons déjà dit quelques mots et qui lui valut plusieurs mois de prison. Poulet-Malassis est un érudit, raffiné, bibliophile et de manières exquises – un personnage tout à fait fréquentable qui avait le goût des belles éditions et de la littérature licencieuse. Firmin Maillard dit de lui que c’était, « au physique, l’air d’un gentilhomme huguenot au lendemain de la Saint-Barthélemy », comparaison relativement obscure mais belle. Il raconte aussi sa manie des ex-libris. L’un d’eux représentant un « poulet mal assis » sur une broche, Baudelaire surnomma son ami « coco mal perché ». Un autre de ces ex-libris resta dans les annales mais il est difficile de le reproduire ici.
Malheureusement, Poulet-Malassis n’avait pas le sens des affaires et en 1862, condamné à la prison pour dettes, aggravées par des magouilles (le système de la « navette » qui causa également bien des soucis à son ami Baudelaire), il dut s’exiler en Belgique. Là-bas, il retrouva le poète, exilé volontaire pour sa part et pour des motifs difficiles à définir, et publia de la littérature interdite en France.
Jules Sandeau (1811-1883), célèbre romancier en son temps, critique et auteur dramatique par ailleurs, appartint au cénacle romantique et fut un auteur prolifique, puis conservateur à la bibliothèque Mazarine et même Académicien (le premier romancier à entrer à l’Académie !) ce qui semble incompatible avec le statut de bohème. Mais plus que par ses œuvres aujourd’hui dédaignées, il est célèbre pour avoir été à l’âge de vingt ans l’amant et le compagnon d’écriture d’Aurore Dupin, baronne Dudevant, qui s’enfuit avec lui mener la vie d’étudiant à Paris. Il lui inspira son pseudonyme par apocope. Leur liaison dura deux ans mais le malheureux Sandeau, qui n’était à la hauteur ni de sa maîtresse ni de son successeur, Alfred de Musset, fut quitté et il voyagea en Italie pour se détourner de son chagrin. De retour en France, Sandeau alla trouver refuge chez Balzac, compère romantique, qui le prit sous son aile et l’hébergea durant quatre ans dans son appartement, rue Cassini, vers 1832. Mais Jules, minutieux et lent dans son travail, ne pouvait suivre la cadence de travail d’Honoré qui ne cessait de lui suggérer de sujets de romans et de l’encourager à travailler. Comme les deux amis ne partageaient pas non plus les mêmes idées politiques, ils se brouillèrent.
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A.

Date Sujet#  Auteur
30 Jun 23 * Physionomies de la bohème 4 par Jules Levallois2karamako
30 Jun 23 `- Re: Physionomies de la bohème 4 par Jules Levallois1karamako

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