[Guerre Russie-Ukraine] Opinion: Le pari économique de Poutine est une bombe à retardement pour l'avenir de la Russie - 07/10/2024

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Sujet : [Guerre Russie-Ukraine] Opinion: Le pari économique de Poutine est une bombe à retardement pour l'avenir de la Russie - 07/10/2024
De : G1Male (at) *nospam* Q.com (Calamity Jade)
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Date : 08. Oct 2024, 08:40:22
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Opinion: Le pari économique de Poutine est une bombe à retardement
pour l'avenir de la Russie.
Malgré l'apparente résilience de l'économie russe, la guerre d'invasion de
Poutine a un coût économique élevé. Non seulement elle oblige les Russes
d'aujourd'hui à vivre plus mal qu'ils ne l'auraient fait autrement, mais elle
condamne également les générations russes futures à vivre la même chose.
https://kyivindependent.com/opinion-putins-economic-gamble-is-a-ticking-time-bomb-for-russias-future/
[Article du Kyiv Independent, publié par Konstantin Sonin, 07/10/2024, 21:05]
Plus de deux ans et demi après que le dictateur russe Vladimir Poutine
a ordonné l'invasion massive de l'Ukraine, l'économie russe semble être
une énigme entourée de récits contradictoires. Si vous voulez affirmer que
l'économie a été entravée par les sanctions occidentales, par la priorité
accordée par le Kremlin aux dépenses militaires et par les attaques
réussies de drones ukrainiens contre les raffineries de pétrole russes,
vous pouvez trouver de nombreuses preuves à l'appui de votre point
de vue.
Mais si vous souhaitez mettre en avant la résilience de l'économie russe,
en soulignant la capacité d'adaptation des entreprises nationales ou
la capacité des consommateurs russes à remplacer les produits importés
par des imitations nationales, votre argument ne peut pas être facilement
rejeté.
En fait, l'économie russe ne se porte pas bien. Les sanctions ont en effet
fait mal, et les frappes de drones ukrainiens ont réellement causé des
perturbations. Dans une perspective à long terme, l'économie russe recule
dans de nombreux secteurs, et l'augmentation spectaculaire des dépenses
de guerre du Kremlin annoncée récemment n'est manifestement pas viable
à long terme pour l'économie russe. Dans le même temps, la Russie est
loin de l'effondrement économique que de nombreux commentateurs
ont prédit et espéré, et si Poutine poursuit son effort de guerre, comme
cela semble probable, l'économie russe pourrait s'avérer être le cadet
de ses soucis.
Dynamisme Potemkine -
Une économie en grave difficulté se caractérise par un taux de chômage
et une inflation élevés. Pourtant, en termes d'emplois, l'économie russe
se porte bien, produisant des niveaux d'emploi inégalés depuis l'époque
soviétique, où le travail était obligatoire pour les adultes valides. Il y a
deux raisons à cela: La guerre d'invasion de Poutine a tué ou blessé des
centaines de milliers de travailleurs potentiels russes, et a poussé environ
un million de Russes supplémentaires à quitter le pays. Et le gouvernement
russe a décrété l'"économie de guerre" et dépense désormais presque
exclusivement et massivement dans la production militaire, au détriment
des industries civiles, dans les secteurs automobile, aéronautique, etc.
Pour sa part, Elvira Nabiullina, Directrice de la Banque centrale russe,
a récemment qualifié la situation économique actuelle de "surchauffe
importante". Mais cet usage n'est pas du tout conventionnel. Dans des
circonstances normales, la "surchauffe" ferait référence à un taux
d'emploi malsain dû à une croissance anormalement rapide de
la production, qui pourrait à son tour refléter une bulle du marché ou
une stimulation excessive de la part du gouvernement. Toutefois, dans
la Russie poutinienne d'aujourd'hui, les pertes de main-d'oeuvre dues
à la guerre d'invasion contre l'Ukraine, et à l'émigration massive russe
à l'étranger sont plus importantes que les nouveaux emplois, ce qui
indique que la principale raison de la "surchauffe" est la diminution de
l'offre de main-d'oeuvre, plutôt qu'une augmentation de la demande
de main-d'oeuvre.
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/10/GettyImages-2170623037.webp
C'est également la principale raison de l'accélération de la croissance
des salaires enregistrée au cours du premier semestre 2024, les salaires
réels ayant fait un bond de 8.1% en glissement annuel, en juillet 2024.
Les données apparemment excellentes du marché du travail russe sont
en fait une source d'inquiétude.
Entre-temps, l'inflation annuelle a approché les 10% cette année, ce qui
est plus élevé que dans n'importe quelle économie développée, mais pas
de façon remarquable. Ce qui est remarquable, c'est que le taux d'intérêt
directeur de la Banque centrale russe a récemment été porté à 19%.
Ces deux chiffres impliquent que toute personne empruntant de l'argent,
au taux du marché [qui est généralement supérieur de quelques points au
taux directeur de la Banque centrale] doit être extrêmement optimiste,
quant à sa marge bénéficiaire escomptée, ou que l'on peut s'attendre
à une forte augmentation de l'inflation russe, dans les mois à venir. Mais
même si la persistance d'attentes inflationnistes élevées ne permet pas
à la Banque centrale de réduire ses taux, ce n'est qu'une partie de
l'histoire.
Une autre raison de la divergence inhabituelle entre le taux directeur et
le taux d'inflation, est le volume croissant de crédits subventionnés que
le Kremlin utilise pour soutenir la production militaire. Ces subventions sont
en fait des transferts de la richesse des contribuables aux propriétaires
des entreprises industrielles militaires, c'est-à-dire aux "amis" de Poutine.
Ainsi, le taux d'intérêt du marché joue un rôle de plus en plus faible dans
l'activité économique, ce qui, associé à l'étroitesse du marché du travail,
limite la capacité de la Banque centrale à lutter contre les hausses de prix,
dues à des facteurs tels que les sanctions commerciales occidentales,
ou les augmentations des prix mondiaux du pétrole. Même si l'inflation
russe n'est pas encore très élevée, elle est déjà très persistante.
Anatomie de la résilience russe -
Néanmoins, ceux qui espèrent qu'un effondrement de l'économie russe
mettra fin à la guerre criminelle de Poutine contre l'Ukraine, ont à maintes
reprises sous-estimé la capacité d'adaptation d'une économie russe, face
à des circonstances défavorables. La production industrielle russe a été
considérablement stimulée par l'augmentation des dépenses militaires,
la production des industries liées à la guerre ayant augmenté d'environ 60%
au cours du premier semestre 2024, par rapport au second semestre 2022.
Mais l'élément critique de cette forme de soutien gouvernemental est
la volonté du public d'accepter une réduction des dépenses en matière
de santé, d'éducation et d'infrastructures civiles. Pour les pauvres, l'effet
de la diminution des dépenses publiques a été atténué par l'augmentation
des transferts budgétaires aux soldats et à leurs familles. Selon certaines
estimations, ces transferts ont dépassé 1.5% du PIB russe entre juillet 2023
et juin 2024 [7.5% à 8.2% des dépenses totales], la majeure partie prenant
la forme de "paiements post-mortem" aux familles des soldats.
La volonté des Russes ordinaires de sacrifier leur propre bien-être matériel
est particulièrement importante, si l'on considère que les sanctions
occidentales et le retrait des entreprises occidentales de Russie, ont
entraîné une perte d'accès spectaculaire aux produits importés. Certains
produits sont devenus inaccessibles, les véhicules fabriqués par les grandes
marques occidentales, telles que Mercedes et Ford, en sont un excellent
exemple, tandis que d'autres, comme les iPhones d'Apple, ont commencé
à se vendre à un prix nettement plus élevé.
https://assets.kyivindependent.com/content/images/2024/10/GettyImages-1239318472.webp
De nombreux biens qui étaient auparavant exportés de l'Occident sont
remplacés par des produits de moindre qualité en provenance d'autres
pays, la Chine en tête, et par le biais de la substitution des importations,
qui fait que les consommateurs russes paient des prix plus élevés pour
des biens de moindre qualité produits dans le pays. En d'autres termes,
le peuple russe contribue matériellement à la poursuite de la guerre de
Poutine, en acceptant de payer plus pour moins.
Il est important de noter que cette baisse du niveau de vie russe n'est pas
reflétée dans le chiffre global du PIB, car les importations ne font pas
partie du PIB, alors que la production remplaçant les importations en fait
partie. Lorsqu'une économie connaît un découplage aussi rapide du
commerce international, le PIB ne rend pas pleinement compte de ce que
les gens vivent sur le terrain.
Emprunter l'avenir de la Russie -
Les sanctions commerciales et financières introduites après l'invasion
russe de février 2022, et qui ont été progressivement renforcées depuis,
ont certainement réduit la capacité du Kremlin à alimenter sa guerre
d'invasion impérialiste contre l'Ukraine, tout comme les "sanctions
secondaires", de plus en plus sévères, imposées aux intermédiaires
chinois, indiens, turcs et autres. Ces mesures augmentent le prix des
composants nécessaires ou constituent une taxe supplémentaire sur
les transactions financières, réduisant ainsi les recettes du Kremlin.
Mais aucune de ces sanctions ne peut forcer l'arrêt complet des flux de
biens et d'argent, en raison des lois du marché: lorsqu'une transaction
devient plus coûteuse, la marge de profit sur chaque transaction réussie
augmente, ce qui encourage de nouveaux intermédiaires à trouver de
nouvelles solutions de contournement et de nouvelles failles. La gestion
de ces transactions est devenue une activité lucrative pour les "amis" de
Poutine, presque aussi lucrative que la production militaire. Pourtant,
ces solutions sont coûteuses, et ce sont les Russes ordinaires qui en paie
le prix et en supportent le coût. C'est leur volonté de supporter le fardeau
économique qui importe en fin de compte, et elle ne semble pas encore
avoir atteint sa limite.
Une autre source de financement de la guerre d'invasion russe est ce qui
revient à "emprunter sur l'avenir de la Russie". En fait, le gouvernement
russe ne peut pas emprunter sur les marchés internationaux du crédit et
il a du mal à emprunter dans son pays, même à des taux d'intérêt élevés.
Il s'agit plutôt d'une baisse spectaculaire des dépenses publiques russes
consacrées à l'éducation et aux soins de santé, dans les budgets les plus
récents du Kremlin. Plus important encore, l'emprunt de Poutine sur l'avenir
des Russes prend la forme d'un démantèlement progressif, mais généralisé,
des institutions de marché que le peuple russe a payé si cher pour acquérir
au cours des réformes des années 1990. Ces institutions ont jeté les bases
de la croissance spectaculaire du début des années 2000, et elles ont
renforcé la résistance de l'économie russe face aux sanctions occidentales
depuis 2014.
Toutefois, pour mener une guerre totale de haute intensité, de l'ampleur
de celle menée en Ukraine par le dictateur russe, son régime doit exercer
un contrôle sur l'économie, bien plus important que ne le permettent ces
institutions. Cependant, le Kremlin doit agir avec prudence pour ne pas trop
nuire à l'activité économique. C'est pourquoi il n'a pas formellement
introduit de contrôle des prix, même s'il oblige les entreprises russes à ne
pas augmenter leurs prix trop rapidement ou trop fortement. En réponse
à la hausse des prix de l'énergie en Russie, le Kremlin a introduit des
restrictions à l'exportation de l'essence, et d'autres produits pétroliers,
ce qui a eu pour effet d'étendre la nécessité de contrôler les prix à d'autres
marchés.
Un autre pays riche en pétrole, dirigé par un dictateur, a suivi une voie
similaire il y a vingt ans. Sous la présidence d'Hugo Chavez et de son
successeur, Nicolas Maduro, le Venezuela a mis en place un contrôle
des prix qui a fini par provoquer une catastrophe économique nationale.
L'effondrement actuel de l'économie vénézuélienne est peut-être l'une
des raisons pour lesquelles les économistes du gouvernement russe ont
discrètement résisté à la volonté de Poutine de renforcer le contrôle.
En juillet 2023, Poutine a ordonné la nationalisation des actifs des
deux grandes marques occidentales, le fabricant de yaourts Danone
et le brasseur Carlsberg, tandis que Heineken était forcé de vendre
ses activités à une entreprise locale russe pour un euro. Comme pour
le contrôle des prix, le gouvernement a procédé avec prudence dans
chaque cas. Initialement, la loi autorisant les nationalisations a été
adoptée pour empêcher les entreprises occidentales de fermer leurs
portes, après l'invasion de 2022. Si une entreprise occidentale souhaitait
quitter le marché russe, elle pouvait vendre ses actifs et ses activités,
mais en subissant une perte énorme par rapport aux prix du marché
d'avant-guerre et en étant soumise à une taxe supplémentaire
exorbitante.
Avant l'adoption de la loi de nationalisation de Poutine, cependant,
rien n'interdisait à une entreprise privée de mettre fin à ses activités en
Russie, au lieu de les vendre. Pourtant, même après l'adoption de la loi,
la nationalisation des activités de Danone et de Carlsberg a surpris,
étant donné qu'aucune des deux entreprises ne fermait ses portes.
au contraire, elles étaient occupées à négocier une vente. On peut
supposer que les expropriations ciblées étaient un signal pour d'autres
entreprises qui pourraient envisager de se retirer. Leur prix de vente
potentiel étant encore plus bas, elles sont davantage incitées à rester.
La capacité du gouvernement russe à exproprier des entreprises à volonté
résout un problème majeur en temps de guerre, en bloquant la sortie
d'entreprises de valeur. Or, comme l'expliquent les économistes Daron
Acemoglu et James A. Robinson, cette érosion institutionnelle est en fin
de compte la clé qui permet de comprendre pourquoi les nations
échouent. Investir presqu'exclusivement dans la production militaire,
tout en démantelant les institutions du marché peut renforcer la position
de Poutine à court terme, mais cela pose une bombe à retardement pour
le développement économique à plus long terme.
Aucun pays de l'ère moderne n'est parvenu à une croissance économique
soutenue, sans s'ouvrir de plus en plus au commerce international. Lorsque
la guerre d'invasion de Poutine en Ukraine prendra fin, et que la Russie
renouera avec le commerce international [au-delà des matières premières],
toutes les nationalisations de ces dernières années reviendront la hanter.
La guerre de Poutine n'impose pas seulement aux Russes d'aujourd'hui
une vie pire que celle qu'ils auraient eue autrement. Elle condamne
également les générations russes futures.
Note de l'éditeur: Copyright, Project Syndicate. Cet article a été publié par
Project Syndicate, le 4 octobre 2024, et a été republié avec sa permission
par le Kyiv Independent. Les opinions exprimées dans la section "Opinion"
sont celles des auteurs du Project Syndicate, et ne prétendent pas refléter
les opinions du Kyiv Independent.
Auteur de l'article: Konstantin Sonin.
Konstantin Sonin, économiste russe né à Moscou, est professeur à la Harris
School of Public Policy de l'université de Chicago, dans l'Illinois.
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Date Sujet#  Auteur
8 Oct 24 o [Guerre Russie-Ukraine] Opinion: Le pari économique de Poutine est une bombe à retardement pour l'avenir de la Russie - 07/10/20241Calamity Jade

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